L'empire néo-assyrien (934-610 avant J.-C.)

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Déportation de la population après la prise d'une ville. Episode de la campagne d'Elam. Mis au jour dans le palais Nord d'Assurbanipal, à Ninive. Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». 2,35 m de haut. Epoque néo-assyrienne, règne d'Assurbanipal (669-627 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19906).

A chaque salle correspond un thème unique emprunté au répertoire traditionnel célébrant soit les exploits militaires, soit les exploits cynégétiques du souverain. Pour rappel, la chasse était non seulement un sport royal, mais aussi l'une des attributions du roi, symbolisant la lutte contre les forces du mal.

Palais de Sargon II à Khorsabad

A la fin du VIIIème siècle avant J.-C., Sargon II décide d'installer la capitale de l'empire assyrien sur le site de Khorsabad. A partir de 717 avant J.-C., il commence donc la construction d'une ville nouvelle, nommée Dûr- Sharrukîn (= la « Forteresse de Sargon »). Plan de la ville de Khorsabad. La ville est entourée d'un rempart rectangulaire construit en briques crues sur un soubassement de pierre. Ce mur de la ville est percé de sept portes dédiées aux principaux dieux du panthéon assyrien. A l'intérieur, les quartiers d'habitation n'ont pas été explorés. On a seulement dégagé, dans la partie septentrionale, plusieurs palais et grandes résidences, ainsi qu'une ziggurat. Le palais de Sargon II était situé à l'intérieur de la ville et chevauchait le rempart nord de la ville. Plan du palais de Sargon II à Khorsabad. Le palais était protégé lui-même par une enceinte intérieure. Il était construit sur une terrasse qui domine la ville de plus de 10 m. Une large rampe, au sud-est, permettait d'y accéder. Il comportait près de 200 cours et salles et sa superficie avoisinait 10 hectares. Le triple portail d'entrée était décoré de taureaux androcéphales parallèles et perpendiculaires qui encadraient un héros maîtrisant un lion, symbole des forces du mal. Ce triple portail ouvrait sur une grande cour presque carrée, la cour XV. Celle-ci jouait le rôle de plaque-tournante car elle desservait aussi bien la zone officielle du palais, ou bâbânu, que la zone privée, bîtanu. Le bâbânu regroupait la cour d'honneur, ou cour VIII, et les espaces disposés autour d'elle. Sur les murs de la cour d'honneur, les orthostates étaient sculptés de défilés de dignitaires ou de tributaires, à l'instar des Phéniciens acheminant par flottage les poutres de cèdre du Liban, dans la frise du Transport du bois (cf. infra). Sur le côté sud-ouest, un triple portail, au même décor de taureaux et de héros maîtrisant un lion que celui de l'entrée, donnait sur la salle du trône ou salle VII. En forme de rectangle allongé, celle-ci comportait sur le petit côté gauche, une estrade pour recevoir le trône. Depuis la cour d'honneur, il était possible de gagner au nord une autre cour, la cour III, par le couloir 10, ornée sur deux registres de défilés de tributaires, dont celui des tributaires mèdes. L'accès au bîtanu se faisait par la salle du trône et par l'étroite annexe située juste derrière, donnant sur la cour VI, qui était entourée sur trois côtés par les appartements privés du roi. A l'ouest du palais, six temples ont été construits, dédiés à Sîn, Adad, Ea, Shamash, Ninurta et Nergal. Ce quartier était dominé par une ziggurat. Elle fut appelée « Observatoire » par les premiers fouilleurs. En contrebas se dressent le temple de Nabu (H) et trois résidences. On distingue ainsi les résidences M, K et L, habitées probablement par de hauts dignitaires ou des membres de la famille royale. La résidence L était occupée par le frère de Sargon II. Dans la résidence K, une peinture a été retrouvée. Le palais de Sargon II a été inauguré en 706 avant J.-C. Mais la ville reste inachevée car Sargon meurt l'année suivante, en 705 avant J.-C., au cours d'une campagne militaire, et son corps, demeuré introuvable, n'a jamais pu recevoir de sépulture. La ville de Khorsabad est alors considérée comme frappée de la même malédiction divine que son commanditaire et elle est abandonnée. Le fils de Sargon, Sennachérib, transfère alors la capitale en un nouveau lieu, Ninive. Dans un palais assyrien, l'image du roi l'emporte de très loin sur celle des dieux. Néanmoins, le recours aux puissances religieuses reste toutefois indispensable dans les endroits particulièrement sensibles que sont l'entrée du palais et l'entrée de la salle du trône.

Palais "Sans rival" d'Assurbanipal à Ninive

A la mort de Sargon II, dont le corps n'a jamais été retrouvé et se trouve resté sans sépulture, Khorsabad a été considérée comme maudite, et elle fut désertée. Le fils de Sargon II, le roi Sennachérib, décide alors de s'installer dans la ville de Ninive, où sont érigés deux palais : - le palais du Sud-Ouest, dit « Palais sans rival », construit par Sennachérib et occupé par son fils Assarhaddon et par son petit-fils Assurbanipal ; - et le palais Nord, édifié par Assurbanipal. C'est dans ce palais Nord qu'a été mise au jour l'exceptionnelle bibliothèque qu'Assurbanipal avait fait aménager dans le palais de son grand-père Sennachérib, puis dans son propre palais. Celle-ci réunissait tout l'héritage de la culture babylonienne. C'est notamment de cette bibliothèque que nous est parvenue, entre autres, la version la plus complète de l'Epopée de Gilgamesh, qui se trouve aujourd'hui conservée au British Museum. Comme les bas-reliefs provenant de Nimrud, ceux de Ninive exposés au musée du Louvre ne proviennent pas de fouilles françaises. Ils ont, pour l'essentiel, été offerts par les Anglais, à la suite de l'accord mentionné à propos de Nimrud. Pourtant, il est à noter que c'est sur l'emplacement de Ninive que Paul-Emile Botta avait entrepris ses toutes premières recherches, qui se révélèrent infructueuses. Par la suite, la France n'a pas su malheureusement faire respecter ses droits sur ce site. C'est Sennachérib, le fils et successeur de Sargon, qui installe sa capitale à Ninive. Il y fait construire un palais qui devait surpasser par son étendue et sa splendeur tout ce qui avait existé auparavant et qui reçoit le nom évocateur de « Palais sans rival ». Assurbanipal occupera ce palais pendant la construction de son palais personnel, le « palais Nord » (appelé ainsi car il est situé au nord du site ; cf. le plan du site). Les reliefs qui décoraient le palais Nord marquent l'apogée de l'art du bas-relief en Assyrie. Ils se caractérisent par des décors très détaillés et une représentation aboutie du mouvement et du paysage. A noter : le principe d'organisation du décor en registres superposés s'assouplit parfois pour laisser place à de vastes tableaux et à des compositions denses qui traduisent l'intensité de l'action. Le seul relief qui nous donne une échelle de ce décor est le relief AO 19906 , qui est conservé sur toute sa hauteur.

Taureaux androcéphales ailés. Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». Ronde-bosse et haut relief. 4,20 m de haut. Khorsabad, palais du roi Sargon II. Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19858).

Afin de protéger des divers dangers ce palais où réside le souverain, il existait deux types de figures protectrices : - des animaux gardiens de porte intégrés à l'architecture et dénommés lamassu ou shêdu. - Et, directement liés aux lamassu, des créatures anthropomorphes ou anthropozoomorphes ailées, appelées apkallu. Ces sculptures sont connues sous le nom de shêdu ou lamassu. Il s'agit de sculptures monumentales (4,20 mètres de haut), réalisées dans du « marbre de Mossoul », ie de l'albâtre gypseux. Elles représentent des créatures hybrides qui associent la tête d'un homme barbu coiffé d'une tiare cylindrique, le corps d'un taureau et les ailes d'un oiseau. Ces taureaux androcéphales ailés avaient deux fonctions : - une fonction symbolique : garder les passages de porte. - une fonction architecturale : supporter la voûte de ces passages. Ils sont, par leur taille et leur disposition symétrique, la manifestation la plus impressionnante de la sculpture assyrienne. Ils adoptaient le plus souvent la forme de lions ou de taureaux androcéphales ailés. A Khorsabad, Sargon II n'a voulu que des taureaux. Ainsi, près d'une trentaine de paires ont été dénombrées aux différentes portes de la ville et du palais. Chaque taureau pèse 28 tonnes. Le corps des taureaux est représenté de manière très réaliste, avec une musculature très puissante et de grandes ailes très détaillées. Leur barbe se dégage en ronde bosse du relief. Ils portent une tiare ornée de deux ou trois rangs de cornes, qui indique leur nature divine. Souligner la précision dans le souci décoratif : pelage, tiare à cornes... A noter : mélange de réalisme dans la représentation du visage humain et d'idéalisation. Aspect du visage à la fois serein et menaçant. Par ailleurs, les taureaux présentent la caractéristique, peu perceptible au premier abord mais qui frappe dans la vision de trois-quarts, d'avoir cinq pattes : si on voit l'animal de face, on voit deux pattes ; sur le côté, on en voit quatre et de trois-quarts, on en voit cinq. Effet produit : de face ils sont vus au repos ; de profil ils avancent au pas. Entre les pattes des taureaux sont gravées des inscriptions en cunéiforme qui rappellent la titulature du roi, ses exploits, le récit de la construction du palais et des malédictions contre quiconque détruirait les oeuvres du roi. D'autres textes sont inscrits au revers des taureaux ainsi qu'au dos de la plupart des reliefs. Ils ont été conçus pour ne pas être visibles car ils sont réservés au dieu. A l'origine, ces sculptures étaient peintes. Traits caractéristiques de l'art assyrien : - le traitement du corps en grandes masses - un visage dur et puissant - le traitement de la pilosité en petites boucles - un foisonnement de détails Dans leur mission de repousser les forces hostiles qui pourraient menacer le souverain et sa demeure, les lamassu bénéficiaient de l'aide d'autres forces protectrices, notamment les génies porteurs de situle, appelés les apkallu.

Troisième souverain : Assarhaddon (680-669 avant J.-C.) ; capitale : Ninive

Assarhaddon était le fils d'une princesse babylonienne, ce qui explique qu'il ait adopté à l'égard de Babylone une attitude plus conciliatrice que celle de son père, notamment en entreprenant la reconstruction de la ville. Par ailleurs, il poursuit la politique d'expansion des Sargonides, en s'attaquant à l'Egypte, gouvernée par Taharqa, roi de la XXVème dynastie, d'origine nubienne, qui entretenait en Syrie-Palestine un climat d'agitation. A la fin de sa vie, Assarhaddon désigne comme successeur son fils cadet, Assurbanipal, et donne en dédommagement le royaume de Babylone à son aîné, Shamash-shum-ukin.

Quatrième souverain : Assurbanipal (669-627 avant J.-C.) ; capitale : Ninive.

Assurbanipal va résider dans un premier temps dans le « Palais sans rival » édifié par son père, Sennachérib. Puis, il se fait construire son propre palais, le « Palais nord ». Assurbanipal est considéré comme l'un des plus grands rois assyriens. Parmi les campagnes militaires les plus célèbres figure celle menée contre un ennemi de longue date, l'Elam. Une des batailles les plus connues est celle que le roi assyrien a mené contre le roi Teuman, en 653 avant J.-C., à Til Tuba, en bordure du fleuve Ulaï, à proximité de la ville de Madaktu, à l'ouest de Suse. Elle est mentionnée sur un prisme d'argile conservée au musée du Louvre, qui fait état des différentes campagnes d'Assurbanipal et qui porte son nom.

Plaque de conjuration contre Lamashtu, dite « plaque des enfers ». Bronze. Environ 14 cm de haut. Epoque néo-assyrienne. Musée du Louvre (AO 22205)

Bien qu'appartenant au monde des démons, Lamashtu est considérée par les Mésopotamiens comme une déesse. Elle est attestée dès la fin du IIIème millénaire avant J.-C., mais surtout connue par trois tablettes d'époque néo-assyrienne. Lamashtu est la fille du dieu du ciel Anu. C'est la soeur d'Ishtar. Elle est par conséquent une déesse de haut rang qui possède une mythologie et une iconographie personnelles. Quelle est son histoire ? Au départ, elle appartient au monde divin établi dans les cieux. Mais elle en est définitivement chassée par son père, le dieu du ciel Anu, pour avoir exigé à son déjeuner de la chair de nourrisson. Elle est alors rejetée sur la terre, où elle devient la soeur des sept démons Utukku. Comme eux, elle doit désormais vivre avec les animaux sauvages, dans la steppe, les marécages et les montagnes. Contrairement aux dieux qui reçoivent leur nourriture des humains, elle doit, comme les démons, prendre de force ce dont elle a besoin. Et ce qu'elle préfère étant la chair de nourrisson, Lamushtu se fait passer pour une sage-femme et provoque les fausses couches ou bien étrangle ou empoisonne les nouveau-nés. Les humains font donc appel aux dieux, mais également au démon Pazuzu, pour contrecarrer les méfaits de cette démone. Un grand nombre d'incantations et d'amulettes destinées à la chasser ont été retrouvées. La représentation la plus détaillée de son aspect se trouve sur cette plaque, qui est une amulette en bronze qui devait être accrochée dans la maison d'un riche patient. La face est divisée en cinq registres proposant un thème différent. Au registre supérieur, des symboles figurent les grands dieux cosmiques qui sont invoqués pour la guérison. On reconnaît ainsi le disque solaire de Shamash, le croissant lunaire de Sîn, le foudre du dieu de l'orage Adad et le disque ailé d'Assur, divinité suprême de l'empire assyrien. Au deuxième registre, on distingue sept génies, avec pour chacun, une tête d'animal différent. Ces génies ont vraisemblablement une fonction bénéfique : ils semblent être postés symboliquement devant la porte de la chambre du malade afin d'en garder l'accès. Au troisième registre, est représenté le malade, couché sur un lit et entouré de deux personnages, vêtus de dépouilles de poisson comme les génies associés à Ea, dieu des eaux douces souterraines et de la sagesse. Ce sont sans doute deux prêtres exorcistes qui conduisent le rituel, assistés de trois autres génies zoocéphales. Les causes de la maladie apparaissent au registre inférieur. Lamashtu est représentée deux fois plus grande que tous les autres personnages. Elle se tient debout sur un âne placé dans une barque. A noter : l'âne lui sert à parcourir la steppe, et le bateau à traverser la steppe. Son aspect physique est en relation avec la peur qu'elle inspire aux humains : elle est dotée d'un corps velu, d'une tête de lionne et de serres de rapace. Elle est représentée tenant des serpents dans les mains et allaitant deux lionceaux. Une inscription la décrit comme "furieuse et cruelle, déesse et éblouissante d'éclat ; elle est une louve ; elle saisit le jeune homme sur le passage, la jeune fille dans ses jeux, l'enfant dans les bras de sa nourrice". A noter : les offrandes qui se trouvent à droite de la scène et qui sont disposées là pour l'inciter à quitter le malade et à retourner dans le monde souterrain. Derrière Lamashtu, Pazuzu se tient debout, un bras levé. Même si son geste peut sembler menaçant et si son apparence n'est guère plus avenante que celle de son épouse, avec son corps ailé recouvert d'écailles, sa tête semblable à celle d'un dragon, sa queue de scorpion et ses pattes de rapace, il est néanmoins là pour protéger le malade en amadouant son épouse. Enfin, au cinquième registre, la barque évolue sur une rivière remplie de poissons qui symbolise la ligne de communication avec le monde souterrain. A noter : c'est également Pazuzu que l'on voit en partie supérieure et à l'arrière de la plaque pour inciter sa compagne à fuir et favoriser ainsi la guérison du malade. Les documents et objets qui visent à se protéger contre les méfaits de Lamashtu sont très répandus au Ier millénaire avant J.-C. en Mésopotamie, période au cours de laquelle ce type de croyance semble avoir été particulièrement développée. Ainsi, quand Lamashtu avait sévi, un rituel devait avoir lieu. L'exorciste se rendait alors dans la maison et trois effigies de la démone étaient placées près de la parturiente : l'une était brûlée, la deuxième était envoyée, grâce aux incantations, à travers la steppe rejoindre son lieu d'habitation et la troisième était percée d'une épine. Le tout s'effectuait au milieu de fumigations et d'incantations.

Orthostate représentant le roi Assurnazirpal II en archer suivi de son écuyer. Mis au jour dans le palais d'Assurnazirpal II à Nimrud (palais du Nord-Ouest). Albâtre gypseux. 1,74 m de haut. Epoque néo-assyrienne, règne d'Assurnazirpal II (883-859 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19851).

Ce bas-relief provient de la façade de la salle du trône. A noter : l'inscription en cunéiforme est apparente au milieu de l'orthostate. On trouve également dans ce palais des génies bénisseurs, qui étaient placés à proximité des portes ou encadraient un arbre de vie rendu de façon très stylisée.

Peinture dite de « la chèvre bleue ». Mise au jour dans le palais de Til Barsip. Peinture à la détrempe. 51 cm de haut pour 63 cm de large. Epoque néo-assyrienne, première moitié du VIIIème siècle avant J.-C. Musée du Louvre (AO 23010).

Ce fragment de peinture, connue sous le nom de « Chèvre bleue », provient du palais provincial syrien de Til Barsip, décoré de peintures murales dans le courant du VIIIème siècle avant J.-C., sous le règne d'un roi de l'empire néo-assyrien dont le nom n'est pas assuré, mais dont on pense qu'il pourrait s'agir de Salmanazar III. Il mesure entre 50 et 60 cm et constitue un des rares originaux de peinture murale déposés. En effet, peu de peintures murales orientales antiques nous sont parvenues. L'animal, qui est plus vraisemblablement un bouc sauvage qu'une chèvre, est représenté en position demi-agenouillée. Il appartenait à une frise composée de groupes répétés de deux bouquetins affrontés de part et d'autre d'un motif décoratif, selon un thème proprement oriental. La frise décorait à l'origine la partie supérieure d'un couloir donnant sur la salle d'audience du palais. Il s'agit d'un élément décoratif, tant dans la couleur fantaisiste retenue pour le corps que dans le motif représenté. En effet, les thèmes préférés des Assyriens sont plus souvent narratifs et font référence soit à la chasse, soit à la guerre. Le palais provincial de Til Barsip a révélé un grand nombre de décors peints, qui témoigne à la fois de l'usage par les Assyriens de la peinture murale et de leur goût pour la couleur. En effet, faute de pierres disponibles localement, ce parti décoratif a été adopté dans les palais provinciaux, alors que les murs des grands palais des principales capitales (Nimrud, Khorsabad et Ninive) étaient en grande majorité ornés de panneaux en albâtre gypseux, sculptés en bas-relief. Les trois peintures exposées au musée du Louvre ont fait l'objet d'une restauration en 1986- 1987. Les études menées à cette occasion ont permis d'en connaître la composition. Ainsi, la couleur bleue utilisée ici est un "bleu égyptien" fait de pigments fabriqués à partir d'un silicate double de calcium et de cuivre, destiné à imiter le lapis-lazuli. Les contours sont tracés en noir de charbon d'origine animale ou végétale ; le rouge est une ocre naturelle à base d'oxyde de fer. Les couleurs avaient été posées sur de la terre crue simplement préparée à la chaux. Il s'agit donc d'un ensemble exceptionnel de peintures murales datées de l'époque néoassyrienne. Malheureusement, à l'époque de cette découverte, les archéologues ne disposaient pas des moyens techniques pour sauvegarder ces fragiles vestiges peints. Par conséquent, en les détachant du mur, seuls quelques fragments ont pu être sauvés et partagés entre le musée d'Alep et le musée du Louvre. Toutefois, avant cette opération, un relevé complet en couleur de ces peintures a été effectué par l'architecte Lucien Cavro sur des rouleaux de papier aujourd'hui conservés au Louvre. Ces derniers nous offrent une précieuse documentation sur le décor peint des palais assyriens et font désormais office d'originaux.

Relief du banquet sous la treille. Mis au jour dans le « Palais nord » à Ninive. Albâtre gypseux. Epoque néo-assyrienne, règne d'Assurbanipal (669-627 avant J.-C.). British Museum + Prisme F des expéditions du roi Assurbanipal. Terre cuite. Epoque néo-assyrienne, règne d'Assurbanipal, 646 ou 645 avant J.-C. Musée du Louvre (AO 19939)

Ce prisme relate les victoires remportées par Assurbanipal sur l'Egypte et sur Tyr, puis les campagnes menées contre l'Elam qui aboutirent au sac de Suse en 646 avant J.-C. Le texte se termine par le récit de la construction du palais de Ninive dans lequel les fouilleurs anglais ont retrouvé la célèbre bibliothèque constituée par le roi (cf. infra). La bataille de Til Tuba fait aussi l'objet d'une représentation minutieuse dans le palais de Sennachérib, à l'époque où Assurbanipal y a séjourné. Enfin, dans le « Palais nord » qu'il se fait construire, le roi revient également sur cette bataille dans le célèbre relief du Banquet sous la treille où figure la tête de Teuman accrochée par un anneau aux branches d'un arbre, tandis qu'Assurbanipal et sa femme sont étendus sur des banquettes.

Le roi Sargon II et un haut dignitaire. Mis au jour dans le palais de Khorsabad, façade L. Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». 3 m de hauteur. Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19873, AO 19874).

Cet orthostate s'insérait dans une composition plus vaste. Il représente à droite un personnage masculin debout, chaussé de sandales et vêtu d'une longue robe et d'un châle, tous deux bordés de franges et brodés de rosettes. Il porte une tiare tronconique ornée d'un ruban qui retombe au niveau de ses épaules. Ses poignets et ses biceps sont parés de bijoux. Sa main gauche repose sur une épée dont le fourreau se termine par deux lionceaux tandis que sa main droite tient une grande canne. La canne et la tiare tronconique permettent d'identifier le souverain Sargon II. A noter : le traitement de la pilosité en petites boucles ; les pommettes saillantes ; le visage dur. Le roi Sargon II fait face à un autre personnage représenté à gauche, vêtu lui aussi d'un long manteau, plus simple. Sa main droite est tendue vers le bas en signe de respect. Il porte un diadème avec un ruban retombant sur ses épaules. Il s'agit certainement du prince héritier, Sennachérib. A noter : l'absence d'inscription centrale. Les inscriptions sont désormais gravées au revers des reliefs. L'important est qu'elles soient écrites quelque part. Le modelé est plus marqué, alternant entre le bas-relief et le haut-relief. A noter : les traces de polychromie (présence de rouge sur la tiare de Sargon et le bandeau de Sennachérib). Le souci décoratif est très important.

Til Barsip, Syrie du Nord, une vingtaine de kms au sud de la frontière turque. Le site a été fouillé par François Thureau-Dangin et Maurice Dunand, en 1929-1931.

En 855 avant J.-C., Salmanazar III s'empare de la ville de Til Barsip (capitale d'un royaume araméen, le Bît Adini) et la rebaptise Kar-Salmanazar, ie « la forteresse de Salmanazar ». Un palais y est construit, dont on ignore la date de construction. Au siècle suivant, au VIIIème siècle avant J.-C., ce palais est décoré de peintures murales qui remplaçaient ou complétaient le décor sculpté. De rares fragments ont été conservés et partagés entre le musée de Damas et le Louvre : - la chèvre bleue (AO 23010) , qui constitue un élément appartenant à une frise décorative composée de bouquetins affrontés de part et d'autre d'une rosette. - deux fonctionnaires debout derrière le trône royal , qui faisaient partie d'une scène d'audience (AO 23011) . - un génie ailé agenouillé (AO 23009) , qui est un élément appartenant à une frise décorative qui se superposait à celle des capridés.

Statuette du démon Pazuzu. Découverte en Assyrie. Bronze. 15 cm de haut. Début du Ier millénaire avant J.-C. Musée du Louvre (MNB 467). Pazuzu est un dieu démoniaque assyrien et néo-babylonien, attesté à partir du Ier millénaire avant J.-C.

Il est originaire du monde souterrain. Son statut d'autorité démoniaque lui vaut un double aspect, maléfique et bénéfique. Il est à la fois le chef des démons, responsable notamment de la propagation des épidémies, mais il peut être également invoqué contre les démons et jouer un rôle bénéfique. Il est associé à la démone Lamashtu, qui s'attaquait aux hommes pour leur apporter des maladies. Mais, conformément à sa double nature, malfaisante et bienfaisante, Pazuzu pouvait également être invoqué contre elle, lui imposant de se retirer des malades et de réintégrer le monde souterrain qui est le sien. Pour ce faire, de nombreuses amulettes représentant Pazuzu étaient placées dans les fondations des maisons ou pendues aux murs des pièces. Celles-ci étaient réalisées dans des matériaux variés : modestes comme la terre cuite ou plus précieux comme la stéatite ou le jaspe. Cette statuetteest réalisée en bronze. Pazuzu présente un aspect physique hybride : il s'agit d'une créature à corps d'homme et à tête de "dragon-serpent" grimaçant qui tient à la fois du chien et du félin. Il est représenté ici sous la forme d'un génie tétraptère, avec deux paires d'ailes qui sont, comme ses pattes, empruntées aux rapaces. Il possède une queue de scorpion, et son corps est le plus souvent recouvert d'écailles. Une inscription couvre le dos de ses ailes, et définit sa personnalité : "Je suis Pazuzu, fils de Hanpa. Le roi des mauvais esprits de l'air qui sort violemment des montagnes en faisant rage, c'est moi !" La bélière au sommet de la statuette laisse supposer que ce type d'objets était suspendu dans les habitations, plus précisément dans la chambre des malades. Pazuzu est largement représenté dans l'art assyrien du Ier millénaire avant J.-C. À cette époque, les croyances et les pratiques magiques liées à la personnalité de ce démon prolifèrent. A noter : la figure de Pazuzu a été reprise par la littérature et le cinéma contemporains (notamment le célèbre film d'épouvante L'Exorciste de William Friedkin en 1973, adapté du roman de William Peter Blatty).

Génie tétraptère tenant une situle et une pomme de pin. Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». 4,50 m de haut pour 2,36 m de large. Khorsabad, palais du roi Sargon II, porte de la ville n°3. Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (A0 19863).

Il s'agit d'une créature anthropomorphe ailée qui avait pour fonction, elle aussi, de protéger le palais en repoussant les mauvais esprits. Là encore, il s'agit d'un génie bienfaisant qui tient deux attributs particuliers : une situle (= un petit seau) dans la main gauche et une pomme de pin dans la main droite. Le génie trempait la pomme de pin dans l'eau contenue dans la situle et il en aspergeait les visiteurs afin de les purifier et éloigner d'eux les forces hostiles. Les origines de ce geste magique sont inconnues. A noter : le génie est coiffé d'une tiare à deux paires de cornes, qui nous indique clairement sa nature divine. A noter également : les apkallu pouvaient être antropozoomorphes. Tel est le cas dans le palais d'Assurnazirpal II, à Nimrud.

Statue acéphale représentant un dieu portant un coffret. Mise au jour à Arslan Tash. Basalte. 1,45 m de haut. Epoque néo-assyrienne, règne de Teglath-Phalazar III (744-727 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 7538).

Il s'agit du seul exemple conservé au Louvre d'une statue assyrienne en ronde-bosse, dont fort peu nous sont parvenues : une seule statue pour le roi Assurnazirpal II (conservée au British Museum) et quatre statues de Salmanazar III (conservées au musée d'Istanbul). Par comparaison avec une statue complète conservée au musée d'Alep, nous savons que cette statue représentait une divinité mineure dont la tiare n'était ornée que d'une seule paire de cornes et qui portait un coffret à offrandes.

Reconstitution d'une des portes du palais de Balawat, construit par le roi Salmanazar III. Balawat (nord de l'Irak). Bronze à 10% d'étain. Hauteur estimée des portes : 7 m. Largeur de chaque vantail : environ 1,40 m. Epoque néo-assyrienne, règne de Salmanazar III (858-824 avant J.-C.). British Museum

Il s'agit évidemment de transcriptions à échelle réduite des reliefs narratifs représentés sur les orthostates des grands palais assyriens. Cf. Infra. A noter : le musée du Louvre possède quelques plaques de bronze de ces portes, qui proviennent de deux collections, Schlumberger et De Clercq et qui illustrent les campagnes de Salmanazar III en Syrie et en Phénicie. En 856 avant J.-C., Salmanazar III conquiert définitivement le royaume araméen du Bît Adini et s'empare de sa capitale, Til Barsip, qu'il rebaptise Kar-Salmanazar. Ce faisant, l'Assyrie établit solidement sa position sur l'Euphrate. En 853 avant J.-C. a lieu une bataille importante à Qarqar, dans la vallée de l'Oronte, qui oppose le roi assyrien à une coalition formée par les principaux royaumes levantins et conduite par le plus puissant d'entre eux, le royaume de Damas. Le déploiement des forces est considérable ; l'action tourne au désavantage des Assyriens. Toutefois, à la fin de son règne, on observe un certain ralentissement de la conquête, et une importante révolte éclate en 827 avant J.-C., Salmanazar III n'ayant pas su partager les fruits de ses conquêtes avec ceux qui ont contribué à sa puissance : les grandes maisons de la noblesse terrienne. Il sera tué au cours de cette révolte. A sa mort, Salmanazar III laisse un pays en crise.

Stèle représentant la déesse Ishtar d'Arbèles. Mise au jour dans le palais de Til Barsip. Brèche. Epoque néo-assyrienne, VIIIème siècle avant J.-C. Musée du Louvre (AO 11503).

Ishtar est la déesse de l'amour et de la guerre. Elle est représentée ici sous sa forme virile et guerrière, connue surtout par l'iconographie des sceaux-cylindres. La déesse se tient debout sur un lion, son animal-attribut qu'elle tient en laisse de la main gauche. Elle porte une longue épée passée à la taille, ainsi que deux carquois croisés dans le dos. Elle porte également le couvre-chef caractéristique des divinités dans l'iconographie procheorientale, la tiare à cornes, qui est ici de forme cylindrique et surmontée d'un disque radié qui rappelle le caractère astral de la déesse. Pour rappel, Ishtar incarne également la planète Vénus. Son costume est asymétrique. Il est constitué d'une tunique courte et d'un châle frangé oblique dégageant une jambe. Il s'agit d'un costume masculin, qui ressemble à celui que portent les génies ou les héros dompteurs de lion sur les reliefs des palais assyriens. L'inscription gravée dans le champ nous apprend que cette Ishtar guerrière est celle que les rois d'Assyrie vénéraient tout particulièrement dans le sanctuaire d'Arbèles.

Téglath-Phalazar III (744-727 avant J.-C.)

L'Assyrie retrouve sa grandeur sous la conduite d'un roi énergique, Téglath-Phalazar III, avec lequel s'opère un changement spectaculaire. C'est lui qui donne à l'empire la structure qui lui permettra de durer sur plus d'un siècle en transformant les régions soumises en véritables provinces de l'empire et en pratiquant systématiquement des déportations de populations. C'est lui qui va écraser une vaste coalition regroupant l'Urartu et les Etats araméens de Syrie, avant de soumettre tous les royaumes de la côte méditerranéenne. En 728 avant J.-C., pour en finir avec l'instabilité du pouvoir babylonien, dont les souverains se succèdent de façon erratique, il se proclame « roi de Babylone », préférant adopter une double monarchie que d'annexer complètement le royaume. Lui succède son fils Salmanazar V, qui va être démis par l'un de ses frères (?) qui monte sur le trône en 721 avant J.-C., en prenant le nom de Sargon

Décoration du palais de Khorsabad

L'ornementation essentielle d'un palais assyrien est constitué par des dalles de pierre ornées d'un décor en bas-relief ; ces dalles sont appelées des orthostates. Comme les taureaux, elles avaient deux fonctions : - une fonction décorative - et une fonction architecturale : elles servaient à renforcer les murs de brique crue puisqu'elles étaient posées au niveau du sol et s'élevaient à plus de deux mètres de haut. A l'origine, comme les taureaux, ces dalles étaient partiellement peintes, comme l'attestent encore les quelques traces rouges, noires ou blanches visibles sur les visages et les bandeaux des personnages du palais de Khorsabad. Si la peinture permettait de compenser l'aspect grisâtre et terne de l'albâtre gypseux, il est impossible cependant de définir l'importance de la couleur qui, vraisemblablement, ne recouvrait pas toute la sculpture et n'était utilisée qu'à titre de rehauts. A noter : ce type de décor, à base d'orthostates, était déjà en usage chez les Hittites, notamment sur le site d'Hattusha en Anatolie. Toutefois, les Hittites réservaient un motif pour chaque plaque. A contrario, les Assyriens vont décorer ces orthostates de reliefs continus, qui constituent de vastes compositions qui se déroulent en frise sur une suite de dalles. Le premier palais à être ainsi orné de ces orthostates sculptés en bas-reliefs de scènes narratives est le palais d'Assurnazirpal II à Nimrud. Ces frises vont servir de support à un art narratif qui se veut avant tout pédagogique. Il s'agit en effet de montrer la victoire du roi, ses conquêtes, la défaite des vaincus, les remises de tribus, les châtiments infligés aux rebelles. Ainsi, les reliefs assyriens sont ornés de scènes cruelles qui donnent à voir tantôt des hommes empalés sur des pieux, tantôt des têtes coupées disposées en tas, des corps écorchés vifs ou encore des langues arrachées. Le détail des atrocités infligées aux vaincus est très précis. Il s'agit donc d'une pédagogie qui se voulait principalement menaçante et dissuasive. Et dans le même temps, il s'agit d'un art tellement précis, tellement bien documenté, dont le réalisme est tellement abouti que cette volonté de propagande est transcendée en quelque sorte par la beauté et la vivacité des représentations sculptées. Cette minutie narrative est l'une des grandes caractéristiques de l'art assyrien, que l'on retrouve sur toutes les scènes représentées dans les palais assyriens, que ce soit à Nimrud, à Khorsabad ou à Ninive. Les deux thèmes essentiels de l'art assyrien sont la guerre et la chasse. Pour la guerre, il s'agit bien évidemment de la guerre victorieuse menée par le roi, avec tous les corollaires que nous venons d'évoquer. En ce qui concerne la chasse, il s'agit principalement de la chasse au lion, la chasse royale par excellence. Cf. Les orthostates du palais d'Assurbanipal à Ninive conservés au British Museum. Voir infra. Dans le palais de Sargon II à Khorsabad, le décor sculpté couvrait une longueur de mur de 2 kms.

La dynastie des Sargonides (721-610 avant J.-C.)

La dynastie des Sargonides, dont Sargon II (721-705 avant J.-C.) est le fondateur, est la plus brillante de l'empire assyrien. Elle se compose de quatre souverains : - Sargon II (721-705 avant J.-C.) - Sennacherib (704-681 avant J.-C.) - Asarhaddon (680-669 avant J.-C.) - Assurbanipal (669-627 avant J.-C.) Deux cités feront office tour à tour de capitale de l'empire assyrien : Khorsabad et Ninive. Premier souverain : Sargon II (721-705 avant J.-C.) ; capitale : Khorsabad (Dûr-Sharrukîn) A la fin du VIIIème siècle avant J.-C., Sargon II décide d'installer la capitale de l'empire assyrien sur le site de Khorsabad, au nord de l'Irak actuel (voir carte supra). A partir de 717 avant J.-C., il commence donc la construction d'une ville nouvelle, nommée Dûr- Sharrukîn (= la « Forteresse de Sargon »), au sein de laquelle il fait édifier l'un des palais néoassyriens les plus grandioses. Sur le plan politique, un des problèmes les plus délicats auquel ont à faire face les rois de cette dynastie est celui de Babylone, qui résiste violemment à son intégration dans l'empire assyrien. A la faveur du changement dynastique, des rébellions éclatent ; Sargon II les écrase. C'est lui qui transforme définitivement le royaume d'Israël en province assyrienne en 721 avant J.-C. Il mate le soulèvement de Damas, d'Arpad et de Hamath, et déporte toutes les populations. Un même traitement est infligé à Karkémish. En revanche, le royaume de Babylone redevient indépendant, sous la conduite du Chaldéen Mérodachbaladan II, qui reçoit le soutien de l'Elam. Sargon ne les soumettra qu'en 710-709 avant J.-C., et se fera alors reconnaître comme roi de Babylone. Au nord-est, le souverain assyrien intervient chez les Mannéens, établis dans la région du lac d'Urmiah, et surtout contre l'Urartu, auquel il porte un coup violent en 714 avant J.-C., au cours de sa huitième campagne. L'épisode est mis en images dans son palais de Khorsabad. Seul en subsiste le bas-relief de la prise de la ville sainte de Musasir, petit Etat tampon de l'Urartu, au sud-ouest du lac d'Urmiah. Cette huitième campagne de Sargon II est relatée sur une très grande tablette d'argile (AO 5372) composée de 430 lignes. Elle est rédigée sous la forme d'une lettre au dieu Assur et raconte comment le roi est déterminé à anéantir le royaume d'Urartu et, pour ce faire, prend en personne la tête des opérations pour s'emparer de la ville sainte de Musasir. Ainsi, Sargon II a bataillé sur des fronts très éloignés, aussi bien en Elam qu'au nord-ouest de l'empire, notamment lorsque la Phrygie a fait alliance avec les petits royaumes néo-hittites. Et c'est dans le Tabal, une région néo-hittite située au sud-est de l'Anatolie, qu'il va trouver la mort en 705 avant J.-C., et sa dépouille n'a jamais été retrouvée. Demeuré sans sépulture, Sargon est alors considéré comme abandonné des dieux et sa capitale, considérée comme maudite, est désertée.

Démons en Mésopotamie

La magie occupait une place importante dans la mentalité mésopotamienne (cf. les lamassu, les apkallu, etc.). De fait, il existe en Mésopotamie une variété presque infinie de démons, souvent créés par les dieux, voire issus d'eux, pour exécuter les châtiments qu'ils ont décrétés par les dieux. Au Ier millénaire avant J.-C., les démons deviennent des entités maléfiques pratiquement autonomes, émanant du monde infernal où ils cherchent à entraîner leurs victimes. Bon nombre d'entre eux ne sont pas individualisés, mais certains gagnent en autonomie, surtout au Ier millénaire avant J.-C., et font l'objet d'une ferveur croissante qui les place à michemin entre les génies malfaisants et de véritables divinités. C'est notamment le cas de Pazuzu et de sa compagne Lamashtu.

Arslan Tash

La ville correspond à l'ancienne Hadatu. Comme Til Barsip, la ville a été soumise par la puissance assyrienne au IXème siècle avant J.- C., mais elle ne prend véritablement toute son importance que sous le règne de Teglath- Phalazar III (744-727 avant J.-C.). La sculpture en provenance de ce site est taillée dans du basalte (une pierre dure et difficile à travailler), ce qui explique son caractère fruste et massif. Deux taureaux en basalte (AO 11500 et AO 11501) gardaient l'entrée du temple d'Ishtar construit par Teglath-Phalazar III. Ce sont les équivalents, plus simples, des lamassu de Khorsabad. Le site d'Arslan Tash est particulièrement réputé pour les ivoires qui ont été découverts dans un bâtiment voisin du palais. Il s'agit de plaquettes d'ivoire qui servaient d'éléments décoratifs à des meubles d'apparat en bois. Ils sont de facture syro-phénicienne et ont été emportés comme butin de guerre par les Assyriens lors de leurs conquêtes au Levant. Certains de ces ivoires pourraient provenir de Damas, capitale d'un Etat araméen qui fut prise par Teglath-Phalazar III en 732 avant J.-C. Pourquoi peut-on supposer cela ? Parce qu'une plaquette inscrite (AO 11489) mentionne le nom d'Hazaël, roi de Damas. Certains thèmes sont nettement d'inspiration égyptienne, comme les sphinx à tête humaine (AO 11475) ou animale (AO 11492) . D'autres montrent un sujet d'origine égyptienne revu à la manière levantine, comme la naissance d'Horus (AO 11465 à AO 11472) : les déesses Isis et Nephtys sont remplacées par deux génies ailés coiffés du pschent pharaonique déployant symétriquement leurs ailes de part et d'autre d'un enfant sortant d'une fleur de lotus. D'autres sujets, en revanche, sont proprement syriens, à l'instar du motif de la femme regardant à sa fenêtre décorée de balustres (AO 11459 à AO 11461) , thème très fréquent qui représente sans doute la déesse Astarté interpellant les passants.

Deuxième souverain : son fils Sennacherib (704-681 avant J.-C.) ; capitale : Ninive (actuelle Mossoul) où il se fait construire un palais au sud-ouest de la ville, connu sous le nom de « palais du Sud-Ouest » ou « Palais sans rival ».

Le fils de Sargon II, le roi Sennachérib, décide alors d'installer la capitale de l'empire dans la ville de Ninive, au nord de l'Irak actuel (voir carte supra). Sur le plan politique, sa grande préoccupation fut, une fois encore, la Babylonie, en proie à de nombreuses insurrections. Son palais de Ninive est orné de scènes de combat dans les marais, où l'on voit des soldats assyriens, debout dans des barques en joncs, débusquer leurs adversaires réfugiés derrière des rideaux de roseaux et les massacrer sans pitié. A l'ouest, en 701 avant J.-C., Sennachérib mate une révolte dans le royaume de Juda et assiège Jérusalem. Cette campagne contre Juda est également évoquée sur les murs de son palais, dans l'épisode de la prise de Lakish. La fin du règne de Sennachérib est marquée par des conflits avec Babylone. Après un long siège, il détruit la ville en 689 avant J.-C., avec une volonté d'anéantissement total. Il meurt assassiné par l'un de ses enfants car il avait choisi pour successeur le plus jeune de ses fils, Assarhaddon.

Le défilé des tributaires mèdes. Mis au jour dans le palais de Khorsabad, couloir 10. Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». 1,52 m de haut pour 3 m de large. Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19887).

Le passage entre la cour d'honneur du palais de Khorsabad (ou cour VIII) et la cour III, située plus au nord, porte le nom de couloir 10. Ce passage était revêtu, sur les deux côtés, d'un décor de 16 orthostates, hauts d'environ 3 m, représentant sur deux registres des défilés de peuples tributaires se dirigeant vers la droite. Chaque défilé était séparé par une bande d'inscriptions horizontales sur douze lignes, relatant les hauts faits du roi. Ces tributaires faisaient suite à ceux des murs de la cour d'honneur, dont les plus connus sont les Phéniciens de la frise du transport du bois de cèdre. Dans le couloir 10, les tributs apportés sont d'un autre type. Les personnages du registre supérieur (non exposés dans les salles du musée du Louvre) sont vêtus de robes longues frangées ou d'une tunique à manches courtes. Ils apportent des sacs, des bols, des maquettes de ville fortifiée et des dromadaires. Au registre inférieur (celui que vous avez sous les yeux), ce sont des chevaux qui sont amenés en présent. Des deux côtés, un dignitaire assyrien ouvre la marche pour conduire les tributaires devant le roi. Le chef de chacun de ces groupes se distingue des autres membres par une barbe plus longue. Sur le relief présenté ici, dont la première dalle est incomplète, figuraient deux délégations. Les cinq personnages représentés ici sont des Mèdes, reconnaissables à leurs grandes bottes lacées et à leur costume en peau tachetée ou couvert d'une toison laineuse. Ils se distinguent des Assyriens par leurs cheveux bouclés coupés courts et ceints d'un bandeau fin ; la plupart portent une barbe courte. La caractérisation des différents peuples par leur coiffure et leurs vêtements est constante dans l'art assyrien et permet de les identifier. Deux hommes tiennent à la main une maquette de ville fortifiée, signe d'allégeance à Sargon. Le geste du poing droit levé est une marque de salutation et de respect. Deux des hommes amènent des chevaux. Il s'agit du tribut offert par les Mèdes au roi assyrien. Les Mèdes étaient un peuple de cavaliers établi en Iran vers le VIIème siècle av. J.-C. Les chevaux sont richement harnachés, avec des filets ornés de motifs floraux et de pompons. Ils ont la queue soigneusement peignée. Ils représentaient un cadeau caractéristique de leur pays. A noter : le cheval devient très important au Ier millénaire avant J.-C. ; c'est à cette époque que le matériel d'équitation se développe avec, par exemple, la mise au point du mors. Les Assyriens utilisaient beaucoup les chevaux à la guerre, pour la charrerie et la cavalerie. A noter : des traces de polychromie sont encore visibles sur les harnachements. A ces orthostates partiellement peints s'ajoutaient d'autres éléments décoratifs : - des panneaux de briques cuites à glaçure colorée qui surmontaient les orthostates. Ils étaient fixés au mur par un pommeau.

Palais d'Assurnazirpal II à Nimrud

Le premier souverain à renoncer à Assur est Assurnazirpal II (883-859 avant J.-C.), qui va choisir d'établir la capitale de l'empire assyrien à Nimrud (ancienne Kalkhu). A noter : Nimrud restera la capitale de l'empire assyrien jusqu'au règne de Sargon II. Il y fait construire le premier palais assyrien du Ier millénaire avant J.-C., le plus important du IXème siècle, connu sous le nom de « palais du Nord-Ouest ». Nimrud est situé au sud de Ninive, dans le nord de l'Irak. C'est un site qui n'a pas été fouillé par les Français. Les reliefs exposés au musée du Louvre ont été offerts en 1855 par les fouilleurs anglais, puis en 1865 par le consul de France à Bagdad, Pacifique Delaporte. Plan du palais d'Assurnazirpal II à Nimrud, dit « palais du Nord-Ouest ». Deux cours (les cours 1 et 4) desservaient les deux espaces caractéristiques d'un palais assyrien : le bâbânu (l'espace public) et le bîtanu (l'espace privé). En effet, ces divers palais, plus magnifiques les uns que les autres, représentent le coeur administratif, économique et politique de l'empire et obéissent tous à une structure commune. On distingue notamment deux grands espaces, organisés chacun autour d'une cour centrale : - le bâbânu, ou « secteur de la porte », qui correspond à l'espace public ; - le bîtanu, ou « secteur de la maison », qui correspond à l'espace privé et abrite les appartements du roi et ceux des femmes. Ces deux espaces sont reliés par une salle rectangulaire allongée, disposée dans le sens de la longueur, la salle du trône (salle 2). A Nimrud, le décor de la salle du trône répondait aux deux exigences qui allaient commander l'architecture d'un palais assyrien : - A l'extérieur, l'espace était protégé par des figures symboliques colossales, placées à l'entrée des portes. - A l'intérieur, se déployait le récit des hauts-faits accomplis par le roi. Ces récits se déroulaient en bas-relief sur de grandes dalles sculptées, en albâtre gypseux, connues sous le nom d'orthostates et employées pour la première fois dans le palais d'Assurnazirpal II. Ces orthostates ornaient les grands côtés de la salle et illustraient sur deux registres les chasses et surtout les campagnes militaires du souverain, thème de prédilection d'une salle du trône assyrienne. Au milieu de ces orthostates figuraient une inscription médiane, qui était la même sur presque toutes les dalles du palais et qui mentionne les qualités du roi Assurnazirpal II, le nombre de terres conquises, les animaux chassés, etc. Stylistiquement, ce bandeau d'inscription médian est caractéristique du premier style assyrien ; il disparaîtra par la suite.

Statue d'Assurnazirpal II. Magnésite. 1,13 m de haut. Epoque néo-assyrienne, règne d'Assurnazirpal II (883-859 avant J.-C.). British Museum

Le roi Assurnazirpal II n'est représenté que par une seule ronde-bosse conservée au British Musuem. Il y apparaît nu-tête, vêtu de la tenue royale habituelle : une robe galonnée à manches courtes qui descend jusqu'aux chevilles. Autour de la robe s'enroule un châle frangé, qui enveloppe le bras gauche du souverain et revient sur son épaule droite, avant de se fixer dans la ceinture qui maintient en place l'ensemble. Le souverain tient dans ses mains des insignes qui font de lui le shangû d'Assur, ie l'« ombre du dieu Assur ». Ces insignes sont la masse d'armes et la faucille. A noter : le roi porte des boucles d'oreilles et des bracelets à rosette centrale qui allaient par paires. Sa chevelure est ondulée, rejetée vers l'arrière. Sa barbe est bouclée et s'étage en trois rangées de bouclettes. Point étonnant : comparée à de nombreuses représentations royales sur stèle ou sur bas-relief, la statue d'Assurnazirpal II se distingue par ses manques. Ainsi, le roi n'a pas ses traditionnels poignards glissés dans la ceinture ; il ne porte pas le collier rituel auquel étaient suspendus les emblèmes divins chargés d'éloigner de lui les forces mauvaises (tels que le croissant de Sîn, le foudre d'Adad, la tiare d'Enlil, l'étoile d'Ishtar, le disque solaire de Shamash, etc.) et il n'est pas coiffé de la tiare tronconique à pointe. L'absence de tous ces détails liés à la fonction royale surprend. Reste la brutalité de la représentation, cette masse compacte, peu expressive, caractérisés par des traits personnels peu marqués, qui exprime avant tout la volonté d'impressionner et d'exalter la fonction plus que l'individu. Sous Assurnazirpal II, le royaume s'accroît spectaculairement. C'est sous son règne que sont soumis notamment les royaumes néo-hittites de Karkémish, de Kummuh et de Gurgum, situés entre la Syrie et l'Anatolie. En 876 avant J.-C., il atteint la Méditerranée où il lave ses armes, selon un geste symbolique habituel, mais sans vraiment parvenir à s'emparer de la région occidentale. Ses Annales font état des énormes richesses acquises lors de ses campagnes, grâce auxquelles le roi se fait construire un palais dans la capitale, nouvellement choisie, de l'empire : Kalkhu (actuelle Nimrud), située au nord de l'Irak actuel (voir carte supra).

De 826 à 744 avant J.-C. : une phase de repli

Les territoires de la boucle syrienne sont perdus. Les vassaux de l'ouest cessent de verser tribut. La frontière revient au Khabur et à Guzana (actuelle Tell Halaf). Le roi Shamshi-Adad V (823-811 avant J.-C.) va essayer de consolider la frontière septentrionale de l'empire. Mais, au cours d'une incursion dans les environs des lacs de Van et d'Urmiah pour se procurer des chevaux, il se trouve confronté aux tribus mèdes, qui commencent à s'installer dans la région.

Statue de Salmanazar III. Basalte. Epoque néo-assyrienne, règne de Salmanazar III (858- 824 avant J.-C.). Musée archéologique d'Istanbul.

Nous possédons quatre statues de Salmanazar III, conservées au musée archéologique d'Istanbul. A noter : le roi est représenté ici avec ses poignards à la ceinture + on a le croissant de Sîn, le foudre d'Adad, l'étoile d'Ishtar, etc. Salmanazar III cherche notamment à réaliser le rêve méditerranéen de son père. L'essentiel des combats qu'il mène est dirigé contre les territoires de l'Ouest : Syrie du Nord, Arménie, le royaume araméen du Bît Adini... Les campagnes des dix premières années sont évoquées sur les plaques en bronze qui décoraient les portes du palais de Balawat.

L'empire néo-assyrien (934-610 avant J.-C.)

On peut considérer que le IIème millénaire oriental se termine à la fin du XIIème siècle avant J.-C., dans un climat de crise généralisée. S'ensuivent deux siècles d'obscurité presque totale sur le plan historique, qui précèdent le Ier millénaire avant J.-C. Lorsque la situation se stabilise, de nombreux changements ont eu lieu, et on est frappé par la diversité des systèmes politiques coexistants. Le Levant, très malmené par la crise, s'est ouvert à des peuples nouveaux : les Hébreux et les Araméens notamment, qui s'organisent en une multitude de petits royaumes. La Babylonie et l'Assyrie, quant à elles, ont réussi, plus ou moins, à rejeter à la périphérie les envahisseurs de la fin du IIème millénaire avant J.-C. La première puissance à se ressaisir et à sortir de l'obscurité est l'Assyrie, où, à partir de 934 avant J.-C., les rois se lancent dans une politique de conquête territoriale qui va les conduire à absorber peu à peu toutes ces petits royaumes dans un immense empire. Ce Ier millénaire avant J.-C. correspond à ce qu'on appelle l'âge du Fer. En effet, la métallurgie du fer se développe surtout au début du Ier millénaire avant J.-C., bien que les techniques de l'aciérage sont déjà connues à Chypre et en Palestine au XIIe et XIe siècles avant J.-C. A partir de 900 avant J.-C., le fer se répand dans l'ensemble du Proche-Orient Le coeur du pays assyrien se trouve dans le triangle que forment le Tigre et ses deux affluents, le Petit Zab et le Grand Zab. Cette situation géographique n'est guère confortable : le pays n'a aucun accès à la mer et se trouve exposé de toutes parts. Notamment à la fin du IIe millénaire avant J.-C., les Assyriens subissent les assauts répétés des Araméens qui viennent de l'ouest. Pour ne pas être réduits à merci, ils vont donc déployer une politique conquérante, aux dépens de leurs voisins syrien (à l'ouest), babylonien (au sud), iranien (à l'est) et urartéen (au nord). Le royaume d'Urartu est l'une des puissances importantes du début du Ier millénaire avant J.-C. Entre le IXe et le VIIe siècle avant J.-C., il regroupe, aux alentours du lac de Van, des territoires situés sur le haut plateau arménien, entre les trois Etats actuels de Turquie, d'Arménie et d'Iran

Figurine de fondation représentant un héros chevelu tenant une hampe. Mise au jour dans le palais de Khorsabad, dans un dépôt situé sous le dallage de la cour en avant des portes de la façade L. Terre crue modelée. 23,60 cm de haut. Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (N 8283).

Par ailleurs, des documents de fondation, composés de figurines en terre crue, de tablettes en or, en argent, en bronze, de perles, d'amulettes ou de cylindres, jouaient également un rôle protecteur. Les figurines en terre crue devaient assurer la protection du palais. Elles étaient enfouies dans de petits dépôts ménagés sous le sol des cours en avant des portes. Celle-ci représente un héros, souvent assimilé à Gilgamesh, qui rappelle les héros maîtrisant un lion qui protégeaient les façades du palais.

De 934 à 827 avant J.-C. : la reconquête des territoires perdus

Pendant cette première période, les différents souverains assyriens se sont efforcés de rétablir leur autorité sur les territoires que le royaume possédait au IIème millénaire avant J.-C. Etant pris dans l'étau du « triangle assyrien », ils ont pour premier objectif d'assurer leur domination sur la Haute Mésopotamie et de s'étendre jusqu'à la boucle de l'Euphrate, considérant qu'elle était la frontière occidentale naturelle de leur royaume. Les deux plus grands rois conquérants du IXème siècle avant J.-C. sont Assurnazirpal II (883-859 avant J.-C.) et Salmanazar III (858-824 avant J.-C.). De tous les souverains assyriens ce sont les seuls à avoir fait l'objet d'une représentation en ronde bosse.

Frise du transport du bois de cèdre du Liban : quatre orthostates. Mis au jour dans le palais de Khorsabad, façade nord de la cour d'honneur (cour VIII). Albâtre gypseux ou « marbre de Mossoul ». Epoque néo-assyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (AO 19889).

Sur l'orthostate n°1, on voit des personnages, des Phéniciens, qui tirent sur leur dos des troncs d'arbres. A noter : les monticules écaillés représentent les monts du Liban. Convention iconographique : petites écailles = milieu montagneux. Sur l'orthostate n°2, les hommes chargent ces troncs sur des bateaux. A noter : la représentation des bateaux phéniciens. Ces bateaux naviguent (orthostates n°2 et 3). Elément aquatique = vagues gravées. Ce milieu aquatique est peuplé de nombreux animaux marins (poissons, tortues, etc.) et de créatures mythiques protectrices (taureaux androcéphales ailés, tritons, etc.). Durant ce parcours, les rameurs croisent des forteresses, identifiées sur le cours de l'Euphrate. A la fin de ce parcours (orthostate n°4), les troncs d'arbres sont déchargés. Ils vont servir de matériau de construction pour édifier le palais de Khorsabad. Nous sommes donc ici dans un épisode en relation avec la construction du palais. Pour rappel, le bois de qualité faisait défaut en Mésopotamie. L'objectif de cette représentation est évidemment un objectif de propagande visant à montrer le pouvoir et les richesses de l'empire assyrien, notamment que le roi peut tout mettre en oeuvre pour aller chercher et se procurer les meilleurs matériaux.

Génies ailés bénisseurs. Mis au jour dans le palais d'Assurnazirpal II à Nimrud (palais du Nord-Ouest). Albâtre gypseux.

l s'agit de bas-reliefs monumentaux, qui mesurent en moyenne 2 m de haut. Sur deux panneaux de la salle du trône, ces génies bénissaient le souverain représenté, dédoublé, en prière devant l'arbre sacré surmonté du disque ailé symbolisant le dieu Assur. Ces génies bénisseurs peuvent avoir deux ailes (AO 19846) ou quatre ailes (AO 19845) . Pour exécuter leur geste de protection magique, ils tiennent invariablement une pomme de pin dans la main droite et une situle dans la main gauche. Ils pouvaient parfois prendre l'aspect de créatures monstrueuses, tel le génie à pattes de rapace et queue de scorpion (AO 19850) ou celui à tête de rapace (AO 19868) . Nimrud restera le grand lieu de résidence des souverains néo-assyriens jusqu'à Sargon II, qui décide d'établir la capitale de l'empire dans une ville entièrement neuve à laquelle il donne son nom, Dûr-Sharrukîn, la « Ville de Sargon », connue sous le nom de Khorsabad.

Fin Empire assyrien

la mort d'Assurbanipal en 627 avant J.-C., l'empire assyrien commence à s'affaiblir, tandis qu'émerge une nouvelle puissance, l'empire néo-babylonien, sous l'égide du roi Nabopolassar. Dans son offensive contre les Assyriens, le souverain babylonien reçoit l'appui du Mède Cyaxare, qui, depuis 625 avant J.-C. environ, avait unifié l'Iran du nord-ouest sous son autorité. A partir de 615 avant J.-C., l'empire des Sargonides est pris en tenaille entre les Babyloniens au sud et les Mèdes à l'est. Assur tombe en 614 avant J.-C., Ninive en 612 avant J.-C. En 610 avant J.-C., c'est la fin de l'empire assyrien.

Placage en bronze. Palais de Sargon II à Khorsabad (cours XXX). Epoque néoassyrienne, règne de Sargon II (721-705 avant J.-C.). Musée du Louvre (N III 3100).

placages de bronze travaillé au repoussé qui décoraient les vantaux des portes en bois. L'exemple le plus spectaculaire de ce genre de décor a été retrouvé dans le palais de Balawat, près de Nimrud. Cf. Supra. Ce décor est aujourd'hui conservé au British Museum Le musée du Louvre présente, pour sa part, un placage de bronze à motif d'écailles, recouvert d'une mince feuille d'or. Ce placage recouvrait à l'origine un tronc de cèdre et avait pour but de donner l'illusion d'un palmier. Il a été mis au jour dans la cour XXX, dans le secteur des temples du palais de Sargon, à l'entrée du temple dédié au dieu Sîn. Une inscription mentionne ici le nom du dieu Marduk, le dieu tutélaire de la ville de Babylone.


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