Nietzsche

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FP 1885-89 cahier XIV - Volonté de puissance. Quanta de puissance. Critique du mécanisme. Contre notions "populaires" de nécessité et de lois. - Essence de l'être = vdp = éprouver plaisir et déplaisir (affects sans sujet). - Volonté de puissance dans son principe. Critique de la notion de « cause ». - Vdp contre utilitarisme : plaisir = phénomène collatéral. - "A quoi je reconnais mes pairs" : historie cachée de la philo

"- XIV 14[79] : anthropomorphisme, transposition ds le langage des sens de l'homme. Projection d'une unité issue de la croyance en le moi ds les choses + d'une volonté et d'une régularité qui rend le mvmt calculable. "il ne reste alors pas de «choses », mais des quanta dynamiques, dans un rapport de tension avec tous les autres quanta dynamiques : dont l'essence réside dans leur relation avec tous les autres quanta, dans leur « action » sur ceux-ci - la volonté de puissance, non un être, non un devenir, mais un pathos est le fait le plus élémentaire, d'où ne fera que résulter un devenir, un « agir sur »..." - XIV 14 [80] : « Si l'essence la plus intime de l'être est volonté de puissance, si le plaisir est toute croissance de la puissance, déplaisir tout sentiment de ne pouvoir résister et maîtriser : ne pouvons-nous pas alors poser plaisir et déplaisir comme des faits cardinaux? La volonté est-elle possible sans ces deux oscillations du oui et du non? Mais qui éprouve du plaisir ?... Mais qui « veut la puissance »? Absurde question : si l'être est déjà « vouloir-de-puissance », et, par conséquent, « éprouver-plaisir-et-déplaisir ». » - XIV 14 [98] : notion de cause pas empirique mais projection ds les choses du mécanisme de la volonté ds laquelle nous séparons agent et action. "La cause est un pouvoir de produire des effets, inventé après coup pour ce qui s'est passé..." Naît de peur de l'inhabituel et quête de connu. ". La prévisibilité d'un événement ne consiste pas en ce qu'une règle a été suivie ou qu'on a obéi à une nécessité ou qu'une loi de causalité a été projetée par nous dans tout événement : elle consiste dans le retour de cas identiques." - XIV 14[174] : "L'homme ne recherche pas le plaisir, et n'évite pas le déplaisir : on comprend à quel fameux préjugé je m'oppose en cela. Plaisir et déplaisir ne sont qu'une csqce, un simple phénomène collatéral - ce que l'homme veut, ce que veut la plus infime parcelle d'un organisme vivant, c'est un surcroît de puissance." - XIV 16 (32) : critère d'évaluation d'un philosophe = quelle dose de vérité peut-il supporter ? Qualifie sa propre philo d'expérimentale, qui anticipe sur la possibilité d'un nihilisme radical tt en cherchant un acquiescement dionysiaque au monde (amor fati). "J'ai ainsi deviné à quel point une autre espèce d'homme plus forte devrait nécessairement s'imaginer l'élévation et l'exaltation de l'homme d'une tout autre manière : des êtres supérieurs en tant qu'au-delà de bien et mal, en tant qu'au-delà de ces valeurs qui ne peuvent nier qu'elles viennent de la sphère de la souffrance, du troupeau ou de la majorité - j'ai cherché dans l'Histoire les prémisses de cette formation idéale inversée (redécouvert et présenté les notions de « païen », « classique », « aristocratique » -)"

Humain trop Humain I

"Préface de 86 sur l'auto-illusion de N par rapport à Schop et Wagner, et aux esprits libres + le perspectivisme et le pb de la hiérarchie (§6-7). 1876-78 : Tournant stylistique (aphorisme), paradigmatique (Lumières, dédicace à Voltaire), thématique (critique de l'idéal ds ttes ses formes et tous les domaines où il est présent). I. Des choses premières et dernières (congélation des idées métaphysiques). 1-34 - 1 : La métaphysique comme incapacité à penser les contraires : les évaluations métaphysiques sont de fausses oppositions. - 2 « Le manque de sens historique est le péché originel des philosophes » - 9 « Le monde métaphysique ». Il ne s'agit pas de résoudre le pb mais d'en montrer l'inanité : objet historique, qui a perdu la puissance d'imposer à un philosophe sa perspective. - 16 : "Phénomène et chose en soi". Philosophes tiennent le monde phénoménal pour un spectacle dt ils affirment le devenir immuable et régulier. - 18 « Questions fondamentales de la métaphysique » : philo historique propose des contre-réponses qui évacuent tte réf à la métaphysique pr expliquer l'essence/substance et la liberté. - 34 : la science semble empêcher toute illusion, tout dépassement. Tt choix de vie suppose un bénéfice vital : le savant ne choisit la connaissance que parce qu'il y trouve un bénéfice. Science = épreuve, défi lancé à la vie. II. Pour servir à l'histoire des sentiments moraux (morale). 35-107 - 35 : apport de La Rochefoucauld et des observations psychologiques MAIS objection 36 : tendance, chrétienne en son fond, à tjrs rabaisser l'homme. - 39 « La fable de la liberté intelligible » : les actions ont d'abord été dites bonnes ou mauvaises en R de leurs conséquences utiles ou nuisibles ; puis prenant l'effet pour la cause, on en vient à qualifier l'action même de bonne ou mauvaise → Passage des actions aux personnes. + Oubli des origines du processus + Erreur du libre-arbitre et de la responsabilité qui est à l'origine de l'histoire des sentiments moraux. - 45 « Double préhistoire du bien et du mal". On ne comprend rien au bien et au mal si on en produit une genèse unique, de l'utilité (comme Rée). Chez les dominants, celui qui est capable d'être reconnaissant et vindicatif est appelé « bon » ; ils appellent « mauvais » les impuissants. // Chez les dominés : tout homme est tenu pour mauvais ; tt acte de bonté est considéré comme une perfidie. - 50 : "Vouloir exciter la pitié" III. La vie religieuse (religion). 108-144 - 136-137 : "De l'ascétisme et de la sainteté chrétiens" : résultat d'un désir intense de dominer et d'exercer sa puissance, qui par incapacité de se satisfaire en dominant les autres, se retourne contre certaines parties de son propre corps. Il jouit dc de se faire violence par d'excessives violences, pr « déifier ensuite ce je ne sais quoi de son âme aux prétentions tyranniques ». IV. De l'âme des artistes et des écrivains (art). 145-223 - 155 : l'activité du génie n'est pas distincte de celle de l'artisan : "Tous les grands hommes sont de grands travailleurs, infatigables non seulement à inventer, mais encore à rejeter, passer au crible, modifier, arranger." - 164 « Danger et avantage du culte du génie » : illusion vient de la croyance en la capacité de la chose en soi à expliquer l'œuvre du génie. V. Caractères de haute et de basse civilisation (pensée de l'Histoire). 224-292 - §39 critique liberté intelligible, mais il existe une autre forme de liberté qui distingue au sein de l'Humanité 2 types d'esprit : 225 l'esprit libre (celui qui ne pense pas comme on s'attend à le voir penser, selon les déterminations historiques, sociales, héréditaires de son milieu - une exception) // 226 l'esprit asservi (n'a pas besoin de raisons pour croire, l'habitude suffit). VI. L'homme dans la société (relations sociales). 293-376 VII. La femme et l'enfant (affects). 377-437 VIII. Coup d'œil sur l'État (politique). 438-482 - 439 : "CIVILISATION ET CASTE. - Une civilisation supérieure ne peut naître que là où il y a deux castes distinctes de la société ; celle des travailleurs et celle des oisifs, capables d'un loisir véritable ; ou en termes plus forts, la caste du travail forcé et la caste du travail libre." IX. L'homme avec lui-même. 483-638 - 635 : valorisation des méthodes scientifiques qui permettent de se déprendre des convictions =/= gens d'esprit se contentent des résultats

Esprit libre (Freier Geist)

"celui qui pense autrement qu'on ne s'y attend de sa part en raison de son origine, de son milieu, de son état et de sa fonction, ou en raison des opinions régnantes de son temps" (HtH I §225) -> capacité à se dégager de l'autorité des valeurs en vigueur et à les interroger - donc la capacité à vivre avec des valeurs différentes, voire inversées

Volonté

(=/= faculté.) Nom unique, trompeusement synthétique, que l'on donne à une multiplicité extrêmement complexe de processus ( sentiments, pensées et affects ...). "l'affect du commandement" (§347 GS)

Spiritualisation

(=/= négation du sensible ou élévation au suprasensible) un mode spécifique de traitement des pulsions : elle est à opposer d'une part à la manifestation brute, immédiate, tyrannique de la pulsion; d'autre part à la volonté d'éradiquer ou d'étouffer les pulsions qui caractérise l'ascétisme ; « mariage avec l'esprit » d'une pulsion ; une obtention déplacée de la visée de la pulsion, l'invention de voies détournées, ingénieuses, lui permettant de se satisfaire sur un mode plus subtil.

Apparence (Schein)

(=/= phénomène qui présuppose un partage dualiste) L'apparence désigne la réalité sensible et son jeu changeant en exprimant la disqualification de tout monde de la vérité.

Généalogie

(apparaît tardivement ds GdM) 1) enquête régressive visant à identifier les sources productrices d'une valeur ou d'une interprétation (morale, religieuse, philosophique ou autre), les pulsions qui lui ont donné naissance 2) enquête sur la valeur des valeurs ainsi détectées - le premier moment n'étant pas le but de l'investigation, mais la condition qui rend possible le second.

Culture (cultur, kultur)

- "question fondamentale" (CId, "Ce qui abandonne les Allemands", §4) qui révèle le sens du questionnement philo tq N le redéfinit et sa structure originale : a- Placer l'homme au cœur de l'entreprise philo : investigation sur la forme spécifique des activités humaines ds le cadre d'une communauté donnée pr mettre en évidence les valeurs qui guident son activité -> Typologie des cultures : culture supérieure (axiologie qui produit intensification de la vie, favorise apparition d'un type d'homme plus sain) Grèce tragique, Italie Renaissance =/= Civilisation (culture de faible valeur, favorise conditions d'existence qui s'opposent aux déterminations fondamentales de la vie) Europe contemporaine b- Faire de l'élévation de l'homme la tâche propre de la philo : mise en place d'une culture supérieure destinée à contrer la dégradation de la vie et à favoriser l'apparition de types humains affirmateurs. PBM §211 : philosophe établit diagnostic puis thérapie en créant et en imposant des valeurs. - Concept englobant la totalité des activités humaines tq s'exercent ds un cadre sociohistorique donné (savoir, moralité, art, politique, économie, religion, mœurs et usages sociaux). - Dimension collective =/= Bildung (svr d'un individu, son degré d'instruction, d'érudition ou d'éducation). - Associée à la notion de valeurs : préférences infra-conscientes fixant les conditions d'existence d'un type de vivant qui constituent les sources productrices de sa manière d'interpréter la réalité, de la comprendre et d'y organiser sa manière d'agir.

FP 1882-1885 - VP, hasard et ER - Réflexion sur instrument pr faire de l'homme ce qu'on veut : morale grégaire vs philosophie de Dionysos - Connaissance comme appareil de falsification qui rend possible la vie - Surgissement et interprétation non volontaire de la pensée - "Vérité" = erreur irréfutable parce que nécessaire à la vie (vs optimisme des logiciens) - Description du monde de la vdp = monde de forces. - Vérité des choses = apparence = vdp

- 1884, 24 [28]: « J'ai reconnu la force active, j'ai discerné ce qui est créateur au sein du hasard [la vdp], le hasard n'est lui-même que le heurt des impulsions créatrices. À la sensation paralysante de dissolution générale et d'imperfection, j'opposais l'éternel retour. » - XI 34 [176] : " Les morales et les religions sont le principal instrument qui permet de faire de l'homme ce qu'on veut : à condition qu'on ait d'abord une surabondance de forces créatrices et qu'on puisse affirmer sa volonté créatrice sur de longs espaces de temps, sous forme d'institutions juridiques et de mœurs." Morale de troupeau cherche à supprimer souffrance (« égalité des droits » et « compassion pour tous ceux qui souffrent ») // "la philosophie de Dionysos : une réflexion qui reconnaît dans la création et la transformation de l'homme aussi bien que des choses la jouissance suprême de l'existence et dans la « morale » seulement un moyen pour donner à la volonté dominatrice une force et une souplesse capables de s'imposer à l'humanité." (intérêt pour lois du dressage) - XI 34[252] : "La connaissance : ce qui rend possible l'expérience, par l'extraordinaire simplification des événements effectifs, tant du côté des forces qui y contribuent que de notre côté, de nous qui les façonnons : de telle sorte qu'il paraît y avoir des choses analogues et identiques. La connaissance est falsification de ce qui est polymorphe et non dénombrable en le réduisant à l'identique, à l'analogue, au dénombrable. Donc la vie n'est possible que grâce à un tel appareil de falsification." - XI 38 [1] : "Sous la forme où elle se présente, une pensée est un signe dont le sens est multiple, et qui réclame d'être interprété ; plus exactement, qu'une volonté la réduise et lui impose sa limite jusqu'à ce qu'enfin sa signification soit univoque. Elle surgit en moi - d'où provient-elle ? à travers quoi ? je l'ignore." Comparaison tribunal où on ne peut entendre qu'une partie des témoins. Pensée symptôme de qqchose de plus complexe, expression de l'état général ; mais la plupart des hommes cherchent une cause psychique. - XI 38 (4) « Vérité » : pour la démarche de pensée qui est la mienne, cela ne signifie pas nécessairement le contraire d'une erreur mais seulement, et dans tous les cas les plus décisifs, la position occupée par différentes erreurs les unes par rapport aux autres : l'une est, par exemple, plus ancienne, plus profonde que l'autre ; peut-être même indéracinable, si un être organique de notre espèce ne savait se passer d'elle pour vivre ; mais d'autres erreurs n'exercent pas sur nous une tyrannie semblable puisqu'elles ne sont pas nécessités vitales, et qu'elles peuvent, au contraire de ces tyrans-là, être réparées et « réfutées ». Pour quelle raison une hypothèse devrait-elle être vraie du seul faire qu'elle est irréfutable ? Cette phrase fera sans doute bondir les logiciens qui supposent que leurs limites sont aussi celles des choses : mais j'ai depuis longtemps déjà déclaré la guerre à cet optimisme de logicien. - XI 38(12) : "voilà mon univers dionysiaque qui se crée et se détruit éternellement lui-même, ce monde mystérieux des voluptés doubles, voilà par-delà bien et mal, sans but, à moins que le bonheur d'avoir accompli le cycle ne soit un but, sans vouloir, à moins qu'un anneau n'ait la bonne volonté de tourner éternellement sur soi-même -- voulez-vous un nom pour cet univers ? Une solution pour toutes ses énigmes ? Une lumière même pour vous, les plus ténébreux, les plus secrets, les plus forts, les plus intrépides de tous les esprits ? -- Ce monde, c'est le monde de la volonté de puissance -- et nul autre ! Et vous-même, vous êtes aussi cette volonté de puissance -- et rien d'autre!" - XI 40 [53] : "L'apparence (Schein) au sens où je l'entends, est la vérité et l'unique vérité des choses (...) je ne pose donc pas "l'apparence" en opposition à la « réalité » au contraire, je considère que l'apparence c'est la réalité, celle qui résiste à toute transformation en un imaginaire "monde vrai". Un nom précis pour cette réalité serait "la volonté de puissance", ainsi désignée d'après sa réalité interne, et non à partir de sa nature protéiforme, insaisissable et fuyante."

FP 1879-82 - Perspectivisme - 1ère formulation de l'ER - Incorporation de la pensée des pensées - Contre la croyance au tout comme organisme - Tâche de Nietzsche - Une des premières occurrence de "au-delà"

- V 11 [98] : "Tâche : voir les choses telles qu'elles sont ! Moyen : pouvoir les observer avec mille regards, à partir de nombre de personnes ! C'était faire fausse route que de mettre l'accent sur l'impersonnel et de n'admettre pour morale que la vision conforme au regard du prochain. Beaucoup de prochains et beaucoup d'yeux et voir par maints et maints yeux personnels - voilà ce qu'il faut." - V 11 [141] : « Le retour de l'identique », sous-titre « projet ». « 1. l'incorporation des erreurs fondamentales ; 2. l'incorporation des passions ; 3. l'incorporation du savoir et du savoir qui renonce (passion de la connaissance) ; 4. l'innocent : l'individu particulier en tant qu'expérimentation. L'allègement de la vie, abaissement, affaiblissement - transition ; 5. Le nouveau ... : l'éternel retour de l'identique. L'infinie importance de notre savoir, de nos errements, de nos habitudes et manières de vivre pour tout ce qui est à venir. » - V 11[143] : « Si tu t'incorpores la pensée des pensées, elle te métamorphosera. LA question que tu te poses pour tout ce que tu veux faire "le voudrais-je de telle sorte que je le veuille faire d'innombrables fois ?" constitue la pesanteur la plus importante. » - V 11 [201] : « Le pendant scientifique moderne à la croyance en Dieu est la croyance au tout en tant qu'organisme. C'est là ce qui m'écœure. Ainsi ce qui est absolument rare, indiciblement dérivé, l'organique que nous ne percevons que sur la croûte de la terre, en faire l'essentiel, l'universel, l'éternel, ceci n'est encore et tjrs qu'humanisation de la nature et d'un polythéisme larvé projeté ds les monades lesquelles ensemble formeraient l'organisme du tout. » - V 11[211] : "Ma tâche : la déshumanisation de la nature et ensuite la naturalisation de l'homme, après qu'il aura acquis le pur concept de "nature"." - 13[21] : "Au-delà de l'amour et de la haine, au-delà du bien et du mal aussi, imposteur en bonne conscience, cruel jusqu'à la mutilation de soi-même (...) qui aime la vertu en tant qu'expérience autant que le vice."

FP 1885-89 cahier XII - Vdp interprète - Perspectivisme : un "fait" est une interprétation" d'où une chose ne serait déterminée que si tt être s'était demandé ce que c'est pour lui. - Interpréter = processus sans sujet - Vie = vdp - "l'au-delà" --> mon "au-delà" - Vdp s'incorpore l'ext - Perspectivisme : pas de faits, que des interprétations (=/= positivisme)

- XII 2[148] : "La volonté de puissance interprète: quand un organe prend forme, il s'agit d'une interprétation; la volonté de puissance délimite, détermine des degrés, des disparités de puissance. De simples disparités de puissance resteraient incapables de se ressentir comme telles il faut qu'existe un quelque chose qui veut croître, qui interprète par référence à sa valeur toute autre chose qui veut croître [...]. En vérité, l'interprétation est un moyen en elle-même de se rendre maître de quelque chose. Le processus organique présuppose un perpétuel interpréter." - XII 2 [149] : "Une « chose en soi », aussi inepte qu'un « sens en soi », une « signification en soi ». Il n'y a pas d'« état de fait en soi », au contraire, il faut toujours projeter un sens au préalable pour qu'il puisse y avoir un état de fait. Le « qu'est-ce que cela? » est une position du sens, envisagée à partir de quelque chose d'autre. L'« essence » (Essenz), 1'« entité » (Wesenheit) relève d'une mise en perspective et présuppose déjà une multiplicité. A la base, il y a toujours « qu'est-ce que cela pour moi? » (pour nous, pour tout ce qui vit etc.) Une chose ne serait déterminée que si tout être avait déjà posé à son propos la question « qu'est-ce que cela? » et y avait apporté sa réponse. A supposer qu'un seul être manque, avec ses relations et perspectives propres vis-à-vis de toutes choses : du coup la chose n'est toujours pas « définie ». - XII 2(151) : "Il ne faut pas demander: "qui donc interprète?"; au contraire, l'interpréter lui-même, en tant que forme de la volonté de puissance, a de l'existence (non, cependant, en tant qu'être, mais en tant que processus, que devenir), en tant qu'affect." - XII 2(190) : « Qu'est-ce que la vie? Il faut donc ici une nouvelle version plus précise du concept de "vie": sur ce point, ma formule s'énonce: la vie est volonté de puissance" - XII 5(6) : Et si vous voulez sérieusement vous débarrasser de « l'au-delà », je crains qu'il n'y ait pas d'autre moyen, vous devez vous décider pour mon « au-delà ». - XII 7(9) : "La vie n'est pas adaptation des conditions internes aux conditions externes, mais volonté de puissance qui, de l'intérieur, se soumet et s'incorpore toujours plus "d'extérieur". - XII 7[60] : "Contre le positivisme qui en reste aux phénomènes, il n'y a "que des faits". J'objecterai : non justement, il n'y a pas de faits, seulement des interprétations. Mais nous ne pouvons constater aucun factum en soi : peut-être est-ce un non sens de vouloir ce genre de choses. "Tout est subjectif", dites-vous : mais ceci est déjà une interprétation. Le "sujet" n'est pas un donné mais quelque chose d'inventé en plus, de placé par derrière. (...) Dans la mesure exacte où le mot connaissance possède un sens, le monde est connaissable. Mais il est interprétable autrement. Il n'a pas un sens par derrière soi, mais d'innombrables sens : "perspectivisme"."

FP 1885-89 cahier XIII - Nihilisme = état normal et équivoque - Vdvérité, croyance en l'étant = impuissance à créer, à mettre sa puissance ds les choses. - Pour combattre le déterminisme - Appréciation de l'homme selon vdp, et vdp selon résistance à douleur - Utilité des affects - Nz nihiliste parfait

- XIII 9 (35) : "Nihilisme : le but fait défaut ; la réponse au « pourquoi ? » fait défaut ; que signifie le nihilisme ? - que les valeurs suprêmes se dévalorisent." 1) Nihilisme actif = signe de la puissance accrue de l'esprit ; la force de l'esprit a pu s'accroître de telle sorte que les buts fixés jusqu'alors (« convictions », articles de foi) ne sont plus à sa mesure MAIS un signe de force insuffisante pour pouvoir productivement s'assigner un nouveau but, un pourquoi, une croyance (force violente de la destruction). =/= 2) N. passif : nihilisme épuisé qui cesse d'attaquer (le bouddhisme), déclin et régression de la puissance de l'esprit ; la force de l'esprit peut être fatiguée, épuisée en sorte que les buts et les valeurs jusqu'alors prévalentes sont désormais inappropriées, inadéquates et ne trouvent plus de croyance ; décomposition que tout ce qui réconforte, guérit, tranquillise, étourdit, passe au premier plan, sous divers travestissements, religieux, moraux, politiques, esthétiques, etc. 3) N. le + extrême : "Il pose la valeur des choses précisément dans le fait qu'aucune réalité ne correspond à cette valeur, mais seulement un symptôme de force chez ceux qui ont institué des valeurs, une simplification aux fins de la vie." - XIII 9 (60) : " La croyance que le monde qui devrait être est, existe réellement, est une croyance des improductifs qui ne veulent pas créer un monde tel qu'il doit être. Ils le posent comme donné, ils recherchent les moyens et les voies pour y accéder. - « volonté de vérité » - en tant qu'impuissance de la volonté de créer reconnaître que quelque chose est ainsi et ainsi faire que quelque chose devienne tel ou tel. (...) Nihiliste est l'homme qui juge que le monde tel qu'il est ne devrait pas être et que le monde tel qu'il devrait être n'existe pas. (...) Le degré de la force de volonté se mesure au degré jusqu'où l'on peut se dispenser du sens dans les choses, jusqu'où l'on supporte de vivre dans un monde dépourvu de sens : parce que l'on organise soi-même un petit fragment de celui-ci. (...) Les artistes, une espèce intermédiaire : ils établissent tout au moins une similitude de ce qui doit être - ils sont réellement productifs pour autant qu'ils modifient et transforment réellement ; non pas comme les connaissants qui laissent toutes choses telles qu'elles sont." - XIII 9 (91) : Régularité et calculabilité n'impliquent pas nécessité, qui est une interprétatio. "Ce n'est que parce que nous autres sujets avons projeté interprétativement des « facteurs » dans les choses, que se forme l'apparence que tout ce qui arrive est la conséquence d'une contrainte exercée sur des sujets - exercée par qui ? derechef par un « acteur ». Cause et effet - concept dangereux, aussi longtemps que l'on pense un quelque chose qui cause et un quelque chose sur lequel s'exerce l'effet. (...) Renonçons-nous au sujet agissant, alors aussi à l'objet sur lequel l'action s'exerce. La durée, l'égalité avec soi-même, l'être ne sont inhérents ni à ce qui se nomme sujet, ni à ce qui se nomme objet : ce sont là des complexes de ce qui arrive, durables en apparence eu égard à d'autres complexes - soit par exemple la différence dans le temps de ce qui arrive, (repos - mouvement, solide - lâche : toutes sortes d'oppositions qui n'existent pas en elles-mêmes et par lesquelles ne sont exprimées en fait que des différences de degrés, lesquelles pour une certaine mesure d'optique se singularisent en tant qu'oppositions contraires. - XIII 10(118) : « J'apprécie l'homme selon le quantum de puissance et d'abondance de sa volonté [...] -- j'apprécie la puissance d'une volonté selon le degré de résistance, de douleur, de torture qu'elle supporte et sait convertir à son avantage" - XIII 10(133) : « Utiles : les affects le sont tous. Les uns directement, les autres de façon indirecte. » - XIII 11[411] : « Je suis le premier parfait nihiliste de l'Europe. »

Valeur/Évaluation (Wert/Wertschatzung)

1) Croyances intériorisées traduisant les préférences fondamentales d'un type de vivant donné, la manière dont il hiérarchise la réalité en fixant ce qu'il éprouve comme prioritaire, nécessaire, bénéfique, ou au contraire nuisible. Interprétations fondamentales qui commandent la constitution de toutes les autres interprétations plus développées qui se font jour dans les différentes cultures, notamment les doctrines et systèmes de pensée moraux, religieux, philosophiques, etc. 2) Caractère bénéfique ou nuisible des différentes valeurs pour la vie = nouveau critère permettant de départager les interprétations. La valeur des valeurs exprime donc la promesse d'avenir, la capacité de tel type de vie à survivre et à s'intensifier, conformément aux exigences de la volonté de puissance.

Barbarie

1) Sens antique : l'étranger, grossier, animal, brut, informe, laid, contrefait, primitif, prégrec, asiatique -> N devient sensible à cette affirmation première : force intacte, animal de proie naturel, culture du bonheur et de la cruauté, qui n'aime pas souffrir. 2) Conduite de déni de la civilisation, retournement régressif à une "nature" que l'on croit plus vraie, mvmt de bascule de l'homme du ressentiment (bonté-violence-pardon). 3)Nvlle barbarie "domestiquée" : défaut de hiérarchie, incapacité d'unifier une diversité, plus d'individualité ; amoindrissement, décadence, effet d'une hémiplégie de la vie.

Naissance de la Tragédie

1872 + Essai d'autocritique (1886) + Dédicace à Richard Wagner I) Reconduction de l'art grec vers dualité apollinien/dionysiaque (§§1-10). A. Opposition des deux principes, l'apollinien et le dionysiaque, qui sont à la source de l'inspiration tragique. (§§ 1-3) B. Dépassement de l'opposition de l'apollinien et du dionysiaque en posant leur complémentarité (§§ 4-6). C. L'analyse de la tragédie elle-même (§§ 7-10). II) Explication du déroulement de la mort de la tragédie (§§11-15). A. Euripide (§§ 11-12) B. Socrate (§ 13-15). III) Transposition sur situation contemporaine : raisons de la crise de la modernité + espoir d'une renaissance de la culture tragique (§§16-25). A. L'art de Wagner et le pouvoir de sa musique d'enfanter des mythes et de ressusciter l'esprit dionysiaque de l'antique tragédie. (§§ 16-17) B. Périodisation de l'histoire qui fonde la possibilité d'un tel retour : comment la crise de la civilisation scientifique ou socratique prépare le retour de Dionysos. Sur le fondement de cette philosophie de l'histoire, en vérité à peine esquissée, Nietzsche peut développer une histoire de la volonté à travers son symptôme le plus manifeste : la musique, et plus précisément la musique d'opéra. (§§18-22) C. Comment la renaissance du mythe tragique dans l'opéra wagnérien peut servir l'Etat allemand, en donnant au peuple mémoire et identité et en exaltant la volonté nationale. (§§23-24) Conclusion : l'indissociable union d'Apollon et de Dionysos, chaque dieu s'exaltant par l'extrême proximité de son antagoniste. (§25)

Vérité et Mensonge

1873 I) La croyance en une vérité inscrite ds les mots coïncide avec l'origine même du langage. A- Critique de l'anthropocentrisme (fable mouche) B- Existence en nous d'un intellect ou d'une R n'est pas le signe d'un quelconque "instinct de vérité" → S'il y a un besoin chez l'homme c'est celui du mensonge. C- Pour vivre ensemble, les hommes ont dû instituer un langage donc l'idée de vérité au sens de l'adéquation entre le mot et la chose → condamnation du mensonge parce qu'il est néfaste : la valorisation de la vérité relève de l'intérêt. D- Si on croit à la vérité, c'est parce qu'on a oublié que le langage est fait de métaphores. II) Critique de la science

4 Considérations inactuelles

1873-76 Première considération - David Strauss, l'apôtre et l'écrivain (août 1873) -> Charge contre les "philistins de la culture". Seconde considération - "De l'utilité et de l'inconvénient des études historiques pour la vie". (fin 1873) 3 formes d'Histoire : monumentale, traditionaliste, critique. Troisième considération - Schopenhauer éducateur (printemps/été 1874) --> Autoportrait du philosophe inactuel : esseulement du philosophe ; désespoir à l'égard de tte vérité ; dualité entre l'appel du génie et celui de la sainteté. Quatrième considération - Richard Wagner à Bayreuth (1875-1876)

FP 1875-1878. - Art, vérité et illusion - Abandon des positions métaphysico-esthétiques

1876 17[68] "Que l'art représente la vérité de la nature est l'illusion qu'il suscite, non la réalité philosophique". 1877, 23 [159] « Je veux expressément déclarer aux lecteurs de mes précédents ouvrages que j'ai abandonné les positions métaphysico-esthétiques qui y dominent essentiellement : elles sont plaisantes mais intenables. Qui se permet prématurément de parler en public est d'ordinaire forcé de se contredire publiquement bientôt après. »

Aurore

1881 (nv tournant, intuition des grds concepts VP et ER + début de sa "campagne contre la morale" mais pas de concept clé exposé). Adresse à tous les lecteurs pressés ds avant-propos de 86 : « Ne rien écrire d'autre que ce qui pourrait désespérer l'espèce d'hommes qui « se hâte ». (...) Amis patients, ce livre ne souhaite pour lui que des lecteurs et des philologues parfaits : apprenez à me bien lire ! - » + auto-suppression de la morale (la Circé des philosophes) Livre premier. 1-40 : de l'histoire des mœurs et de la moralité. 9 : "concept de la moralité des mœurs" (obéissance à la tradition parce qu'elle ordonne vs idiosyncrasie) 18 : histoire universelle = « un battage autour des dernières nouveautés » (précédée par époques de la moralité des moeurs). 32 : "L'entrave" : fierté de se sentir supérieur par la souffrance -> nvlle conception de la morale doit créer nvlle fierté. 33 : "Le mépris des causes, des csqces et de la réalité" = effet négatif de la moralité des moeurs (l'homme attache tous ses sentiments élevés à un monde sup). 37 : "Fausses ccls tirées de l'utilité" (ramenée à un finalisme). 38 : "Les instincts transformés par les jugements moraux" : dif valorisations selon cultures, ex Eris bonne pour Hésiode. 41-51 : de l'histoire de la pensée et de la connaissance. 42 : expression « pudenda origo » appliquée à la vie contemplative, qui apparaît pdt le période la plus cruelle du MA face au déclin de la force de rapines et de massacres de certains → Leur violence passe des actes aux mots. 52-96 : des préjugés chrétiens. 62 : "De l'origine des religions" : suppose un homme capable d'élever son opinion en révélation. 68 : "Le 1er chrétien" = St Paul, qui a vu en Jésus le moyen de se débarrasser de la loi juive. Livre deuxième. 97-113 : de la nature et de l'histoire des sentiments moraux. 102 : "Les + anciens jugements moraux" : on appelle bon ou mauvais ce qui nous est utile ou nuit (je = pp du bien). 103 : "Il y a 2 façons de nier la moralité" : celle de La Rochefoucault et celle de Nz (nie que les jugements moraux reposent sur des vérités). 109 : détaille 6 méthodes pr lutter contre violence d'un instinct mais on le fait en faveur d'un instinct rival dt l'intellect est l'instrument aveugle. 114-130 : des préjugés philosophiques. 117 : "En prison" ds le cercle concentrique de ce qui nous est propre, qui nous sert à mesurer le monde. 129 : "Le prétendu combat des mobiles" (vs métrétique) il y a bien victoire de mobiles mais pas d'un mobile repérable et calculable (comparaison des csqces). 131-148 : des préjugés de la morale altruiste. Livre troisième. 149-178 : culture et cultures. 173: glorification du travail résulte de la peur de l'individu (mais le travailleur lui-même devient dangereux). 179-207 : l'État, la politique et les peuples. Livre quatrième. 108-422 : choses humaines. 243 : "Les 2 directions" : histoire de la connaissance = voir les choses ds le miroir et le miroir ds les choses. 272 : "La purification de la race" = espoir de la constitution d'une culture européenne pure, à l'image de la Grèce (résultat =/= origine). Livre cinquième. 423-575 : l'univers du penseur. 534 : "Les petites doses" pour s'incorporer un changement plutôt que le charlatanisme de la Révolution. 575 « Nous autres aéronautes de l'esprit » : une nvlle grandeur est-elle possible, conforme à la « véracité » ? Appel aux esprits libres à aller au-delà de lui, qd la fatigue viendra, vers l'occident. "Ou bien ?"

Gai savoir (4 livres)

1882 Savoir affirmatif du ménestrel qui accepte la coexistence entre science et art. Préface 86 : grande santé, atmosphère de dégel. Philo = une interprétation du corps, un malentendu du C (vient d'un manque ou d'une richesse) ; appel à un philo-médecin. Plus de plaisir ds la volonté de vérité : adorer l'apparence. Livre 1 : la morale et la condition de l'homme à l'ère industrielle (1-56). 1 : "la doctrine du but de la vie" tt concourt à la conservation de l'espèce, même la croyance en un but de la vie. 11 : la conscience (perspective évolutive). 13 : "éléments pour la doctrine du sentiment de puissance" : faire le bien ou le mal = exercer sa puissance (être cause). 54 : "la conscience de l'apparence" = s'éveiller d'un rêve pour avoir conscience qu'il faut continuer de rêver (élimine réel). Livre 2 : les femmes, l'art et le rapport entre vérité et réalité. (57-107) 93 : "Mais toi, pourquoi écris-tu donc?" Fonction physiologique d'excrétion pr que d'autres pensées surviennent. 107 : "notre dernière reconnaissance envers l'art." Art = consentement à l'illusion qui rend supportable probité ; pr se placer au-dessus de la morale. Livre 3 : la mort de Dieu. (108-275) 108 : "Luttes nouvelles" ombre de D montrée pdt des millénaires. 109 : "Gardons-nous" vs interprétations morales du monde organique, mécanique et astral (déshumanisation) ; modèle du chaos posé comme nécessité. 110 : origine de la connaissance (moment "préhistorique" = transmission sélective des erreurs utiles ; moment "présocratique" = l'erreur utile devient la norme du vrai et du non-vrai ; exception éléatique = illusion du dépassement ; moment sophistique, puis socratique = la connaissance devient besoin, puis instinct -> exigence de vérité propre à la connaissance antinomique d'une vie à la conservation de laquelle l'erreur est indispensable. ) 111 : pr conserver sa vie, l'homme a simplifié le monde en produisant une logique approximative mais opératoire. 112 : contre dualité cause/effet qui est une réduction du flux du devenir. 125 "l'insensé" = l'arrêt de mort de Dieu. Livre 4 : prélude à Zarathoustra ; l'affirmation de la vie et la reconstruction des valeurs. (276-342) 276 : "Pour la nouvelle année" = Amor fati comme voeu ("N'être plus qu'un homme qui dit oui !") 297 : "Savoir contredire" = signe de haute culture. 307 : "en faveur de la critique" (La volonté d'affirmer est première, la négation n'en est que l'envers : cette volonté donne le droit de dire non, et elle ne tient son droit que de la force de s'assigner un nouveau but, qu'elle n'a pas à critiquer par une critique préalable des buts anciens mais qui entraîne leur décomposition.) 333 : "Qu'est-ce que c'est que connaître?" = combat entre pulsions partiales, qui parviennent à s'accommoder entre elles par "une espèce de justice et de contrat". (vs Spino) 341 : "le poids le plus lourd" (ER) = expérience de pensée pratique, épreuve de sélection des vivants (2 effets envisagés, désespoir ou enthousiasme)

Zarathoustra (3 livres)

1883-84 Z = le premier à enseigner la doctrine morale des deux principes du bien et du mal ; il lui revient d'abolir cette opposition incorporée depuis des millénaires au profit d'une nouvelle configuration de valeurs, d'une nouvelle forme de vie. Nouveau Dyonysos = à la fois celui qui dit non à tt ce qui a été pensé jusqu'alors et celui qui reste le contraire d'un esprit négateur, demeure « l'immense oui, l'amen illimité ». Première partie : revue de toutes les fausses lumières (sortie de la caverne). - Prologue (§§1-10) : annonce de la mort de Dieu, condition préalable à l'enseignement du surhomme. Sortie de montagne ap 10 ans + place marché (funambule) : "Je vous enseigne le surhumain. L'homme est quelque chose qui doit se surmonter." Incompréhension de foule du dernier homme -> Cherche compagnons. - Développement de la première partie : l'enseignement du Surhomme. 3 métamorphoses : le chameau (anciennes valeurs), le lion (nihilisme) et l'enfant (création de nvlles valeurs), les trois étapes de la future transformation de l'humain. "De tt ce qu'on écrit, je n'aime que cela qu'on écrit avec son sang : écris avec ton sang et tu découvriras que le sang est esprit. (...) Celui qui écrit avec son sang et en maximes ne veut pas être lu mais appris par cœur." (Lire et écrire) À chaque fin de livre Z sent le besoin de retourner dans la solitude, ce qui marque une progression : il part ainsi en suppliant ses compagnons de rester fidèles à la terre et rappelle la grande promesse : "Tous les dieux sont morts : nous voulons, maintenant, que le surhumain vive ! Que ceci soit un jour, au grand midi, notre dernière volonté !" Deuxième partie : Critique radicale et systématique (pensée de la vdp comme dépassement de soi conduisant au surhomme). - La vie est égale à la vdp : "Partout où j'ai trouvé quelque chose de vivant, j'ai trouvé de la volonté de puissance ; et même dans la volonté de celui qui obéit j'ai trouvé la volonté d'être maître." + vdvérité = vdp. - C'est au nom de la volonté de puissance que ces fausses lumières doivent être critiquées. Si les valeurs ont tjrs trouvé leur légitimité ds le monde suprasensible, il faut maintenant éliminer le sol à partir duquel elles ont été engendrées, afin de créer d'autres valeurs. C'est ce monde où nous sommes ici et maintenant qui s'impose en tant que critère d'évaluation des évaluations. « Du dépassement de soi » : « En vérité, je vous le dis, du bien et du mal qui seraient impérissables, cela n'existe pas ». Troisième partie : exposition de la convalescence nécessaire après cette première révélation. - ER : Z et le nain (esprit de pesanteur). Porte de l'instant où convergent deux chemins et se prolongent selon une durée éternelle = vision d'un temps passé infini qui bute sur le temps à venir lui-même infini. Tps comme cercle pas vécu par nain comme épreuve ; surhomme = celui qui survit à l'éternel retour mais c'est déjà avant tout celui qui est capable de souffrir de l'éternel retour. Jeune berger = naïveté capable de croire jusqu'à l'étouffement à l'ER. "Les sept sceaux" : Zth affirme qu'il est affirmation de "l'éternelle affirmation de l'être" =/= âne Zth qui est satisfait de tout, qui dit tjrs « oui-han ». - « Des tables anciennes et nouvelles ». Tables anciennes liées à la figure des pères, fruit d'un héritage dt la provenance même nous échappe, dominées par bonté. Surhumain = ce qui viendra qd une nvlle noblesse aura opéré la conversion des valeurs, le passage des anciennes tables aux nouvelles tables. (Quatrième partie 1885 : les hommes supérieurs et la tentation de la pitié qui est pour Nietzsche la tentation nihiliste par excellence. Chacun de ces hommes supérieurs représente un certain type d'homme dont l'idéal est brisé ou anéanti (Dieu, la vérité, l'art), mais qui ne peut se résoudre à en tirer les conclusions en se dépassant soi-même. Vaincre sa pitié = le dernier obstacle à l'affirmation de la vie et le début d'une nouvelle transfiguration vers l'amour et la joie symbolisés par le lion devenu docile et rieur et entouré d'une nuée de colombes.)

Par delà bien et mal (+ APZ IV)

1885-86 Avant-propos 86 : glossaire de APZ. Vérité comme femme que philos n'ont pas réussi à conquérir (dogmatisme de la grammaire et des mots). Origine dogmatisme = hypostase platonicienne recyclée ds christianisme ("platonisme pr le peuple") PDBM I- Philosophie et religion : - Des préjugés des philosophes (§§1-23) 1. La valeur de la volonté de vérité (à quelle sorte de vdp la référer ?). 2. La croyance fondamentale des métaphysiciens : l'opposition des valeurs. 4. La vie et non la vérité comme critère ("jusqu"à quel point il favorise la vie, conserve la vie, conserve l'espèce, et peut-être permet l'élevage de l'espèce"). 6. La morale et la philosophie comme instruments de domination. 13. Le vivant : pas autoconservation mais vdp (déployer sa force). 17. La superstition grammaticale du « je ». 19. Critique de la volonté simple : il y a tjrs en moi qqchose qui commande et qqchose qui obéit. 22. La physique est un égalitarisme : légalité de la nature comme ex de mauvaise interprétation (universalité de l'interprétation). 23. La psycho-physiologie véritable (vs moralistes anglais et métaphysique classique) = morphologie de la vdp = psycho des profondeurs. - L'esprit libre (§§24-44). 24. Simplification et falsification du monde : vie et langage (science nous maintient ds illusion d'un monde simplifié). 32. Préhistoire de l'homme, connaissance de soi et dépassement de la morale : la valeur d'une action réside précisément ds ce qu'elle a de non-intentionnel (notre conscience n'a qu'un très petit accès à nos intentions, et en est l'effet plutôt que l'arbitre). 34. « Pourquoi pas ? » Perspectives contre foi immédiate (en la grammaire) : il n'existe que des degrés dans l'apparence. 36. Tout est volonté de puissance ("ma thèse"). 44. Esprits libre et « libres penseurs » : la solitude contre le troupeau (croyance en l'égalité des droits, et qu'il faut ABOLIR la souffrance vs "tout ce qui est mauvais, terrible, tyrannique en l'homme, ce qui tient en lui du fauve et du serpent, sert aussi l'élévation de l'espèce « homme »"). - La religion (§§45-62). 46. Le renversement des valeurs opéré par le premier christianisme : le dieu sur la croix = image de la vdp épuisée des chrétiens -> annonce le renversement de toutes les valeurs antiques. 55. Le nihilisme, stade ultime de la cruauté religieuse - le sacrifice de Dieu au néant. 56. De l'examen du pessimisme à l'affirmation de la vie & de l'éternel retour (Dionysos = le "circulus vitiosus deus"). 61. La religion, outil d'élevage et d'éducation pour le nouveau philosophe : a élevé l'homme à un niveau plus spirituel, le silence, la solitude. 62. Le prix à payer : la dévalorisation des hommes (il a fallu brider les forts) -> "une espèce amoindrie, presque risible, un animal grégaire, quelque chose de bienveillant, de maladif et de médiocre, l'Européen d'aujourd'hui." - "Maximes et interludes" (§§63-185): série d'exs offerts à la sagacité des esprits libres qui sauront déchiffrer l'énigme qui rattache finalement chacune de ces maximes à l'une des thématiques essentielles. 108 : « pas de phénomènes moraux, mais seulement une interprétation morale des phénomènes ». 126 : "Un peuple est le détour que fait la nature pour arriver à six ou sept grands hommes." II- Morale et politique : - Histoire naturelle de la morale (§§186-203). 186. Désir de fonder la morale revient à interdire de fonder la morale comme un pb : fondateurs ne sont que des ouvriers de la philo car ils ne créent rien, ne font que justifier ce qui est déjà là // vrai philosophe artiste produit des valeurs. 188. Valeur de la morale comme longue contrainte : esclavage indispensable moyen de dresser et de discipliner l'esprit. 192. Rôle de l'habitude dans la perception et l'interprétation du monde : ne jamais voir le monde qu'à travers ce que l'on connaît déjà, quitte à distordre notre perception. 202. La morale européenne de la pitié est une morale du troupeau = hiérarchie de valeurs absolues qui disqualifient tout un ensemble de conduites puissantes estimées potentiellement dangereuses (instinct démocratique). 203. La dégénérescence démocratique et la tâche nouvelle : faire sortir l'avenir de l'homme des mains d'un hasard capricieux qui a favorisé son amoindrissement. - Nous autres savants (§§204-213). 204. La philosophie contemporaine est moribonde : inversion des rangs philo ("timide abstinence")// science. 207. L'homme objectif = un esprit neurasthénique = instrument précieux, mais qui doit être manié par le puissant ie le philosophe. 211. Les philosophes (savant, artiste, législateur) et les ouvriers de la philosophie (Kant et Hegel) ou hommes de science = créateurs de valeurs vs ceux qui ne créent rien. 212. Le philosophe est inactuel -> tâche : devenir la mauvaise conscience de leur temps. - Nos vertus (§§214-239). 225. L'élévation humaine procède d'une discipline de la souffrance : critique eudémonisme, pessimisme, utilitarisme, hédonisme qui font du plaisir ou de l'absence de souffrance le critère de l'évaluation morale ; grande souffrance = unique cause de dépassement de l'homme. 229. Cruauté radicale de la culture : cruauté pas disparu mais s'est retournée contre soi-même (« Ce que nous nommons « civilisation supérieure » repose sur la spiritualisation et l'approfondissement de la cruauté »). - Peuples et patries (§§240-256) : politique. 242. La démocratisation de l'Europe : critique nationalisme + mvmt démocratique trans-étatique = "médiocrisation de l'homme" qui peut cependant favoriser de manière involontaire "l'élevage de tyrans, - à tous les sens du terme, y compris le plus spirituel". - Qu'est-ce qui est aristocratique/noble ? (§§257-296). 260. Morale des maîtres et morale des esclaves (conciliées ds une civilisation et parfois même un individu) : bon/mauvais = noble/méprisable (créatrice de valeurs) VS bon/méchant = utile/dangereux. 270. L'épreuve de la souffrance : la souffrance profonde ennoblit ; elle isole. 295. Dionysos philosophe (réapparition depuis Ndt) : se réclame son disciple, créateur et destructeur, au rire divin et entier.

GS 5 + nouvelles préfaces

1886 Livre 5 du GS (343-383) - 344 : "En quoi nous aussi sommes encore pieux" : croyance à valeur absolue de la vérité = valeur morale. Volonté de vérité vs vie. - 346 : "Notre point d'interrogation" = comment faire en sorte que critique de morale n'amène pas au nihilisme ? "« Supprimez ou vos vénérations, ou bien... vous-mêmes ! » Le dernier cas aboutirait au nihilisme; mais le premier n'aboutirait-il pas aussi au nihilisme?" - 354 : Du «génie de l'espèce» : apparition de conscience liée au langage càd au besoin de communiquer du troupeau ; d'où nous ne pouvons avoir conscience que du non-individuel en nous. - 360. Deux espèces de causes que l'on confond : quantité de force qui tend à être utilisée de façon quelconque =/= la cause insignifiante d'une action particulière ("but"). - 370 : Qu'est-ce que le romantisme? Art = remède au service de la vie. « Est-ce la faim ou bien l'abondance qui est devenue créatrice ? » (> désir de fixité ou de changement ; transformation question métaphysique en question de style) - 377 : "Nous autres « sans-patrie »." Valorisation du présent // dévaluation de l'aujourd'hui. Opposition téléologie socialiste // aristocratique.

Généalogie de la morale

1887 - Préface : §1 : pb du "commencement" + disqualifie toute idée de connaissance de soi (vs introspection). §§2-4 : présentation de sa propre généalogie : provenance ; guerre contre soi-même ; nvl idiome §§5-7 : présentation rigoureuse de la problématique des valeurs et de la démarche généalogique. §8 : réflexion relative à la question du langage et de l'intelligibilité (ruminer). - « Bon et méchant, bon et mauvais » : I) Appréciation critique de la démarche des psychologues britanniques (§§1-3) II) Présentation de la voie d'analyse correcte et exposition des premiers résultats relatifs à la provenance des valeurs (§§4-6) : analyse linguistique de "bon" ds aristocratie d'abord guerrière puis sacerdotale III) Prolongation et premier bilan de l'enquête : découverte de la double origine des qualifications axiologiques i.e. des couples de valeurs bon/mauvais et bon/méchant (§§7-12) : §11 morale aristocratique/morale d'esclaves IV) Passage de l'analyse de la provenance de la valeur "méchant" à celle de la seconde interprétation du "bon" propre à la morale de la faiblesse : transformation d'une nécessité en vertu (§§13-15) V) Récapitulation générale et bilan, qui se clôt sur l'espoir de la promesse d'un renversement axiologique (§§16-17). §16 : histoire européenne = conflit de 2 morales : Rome vs Judaïsme ; Renaissance vs retournement du Christianisme ; Napoléon vs la RF. - « Faute, mauvaise conscience et phénomènes apparentés » : I) Théorie de la promesse = conditions d'apparition de la mémoire volontaire/oubli actif du corps = mnémotechnique de la souffrance (§§1-3) II) Analyse de la faute et du sentiment de culpabilité et du sentiment d'obligation, sur le modèle de la relation contractuelle entre créancier et débiteur (§§4-8) §8 : Caractérisation de l'homme comme animal qui mesure III) Etude des origines de la justice et de la signification de la notion de châtiment (§§9-15) Justice ne peut pas naître de la vengeance ; le droit apparaît au contraire comme la lutte CONTRE les sentiments réactifs. §12-13 : La bonne généalogie doit exhiber un véritable devenir, « développement », « processus » ; concept = récapitulation sémiotique. §14-15 : Le châtiment ne produit pas la mauvaise conscience mais renforce la peur de l'homme, lui apprend à la limite à maîtriser ses désirs, et aiguise sa méfiance et son intelligence pour continuer à faire ce qu'il fait en contournant le châtiment. IV) Mauvaise conscience = intériorisation ou retournement de la cruauté. Ne pouvant plus se battre contre d'autres, sans résistances, sans adversaires, dans la régularité des mœurs, l'homme se ronge de l'intérieur. (§§16-20) V) Conséquence possible de l'apparition de la mauvaise conscience : étude de la moralisation de la religion (§§21-23) Dette tellement énorme qu'elle ne pourra jamais être payée, qui sera mise au service du plaisir de l'auto-mortification de soi. VI) Ouverture sur la promesse de l'avènement de l'esprit libre et du surhumain (§§24-25) Renversement des valeurs et de la constitution d'une culture nouvelle (Zth). - "Que signifient les idéaux ascétiques ?" I) Présentation sous une forme condensée de toutes les conclusions du traité (§1) L'humanité a toujours besoin d'un but : et plutôt que de ne rien vouloir, elle veut le rien. II) Signification de l'idéal ascétique chez l'artiste : aucune signification propre (emprunt au prêtre). (§§2-5) III) Signification de l'idéal ascétique chez le philosophe (§§6-10) Conditions favorables à l'exercice de la pensée philosophique ou déguisement nécessaire en raison de l'autorité dt jouit l'idéal ascétique ; il n'est pas « son » « idéal » mais ce qui est nécessaire à sa condition optimale d'existence. IV) Signification de l'idéal ascétique chez le prêtre (§§11-22). Véritable adhésion à cet idéal = un moyen pour lui d'assurer sa domination ; c'est le propre de la volonté de puissance du faible que de vouloir dominer en contraignant TOUS les autres. Un médecin et un garde-malade lui-même malade, qui ne fait qu'endormir la douleur. V) Signification de l'idéal ascétique ds la science (§§23-26). Solidarité profonde : réduction de la vérité à une expression dérivée de l'ascétisme. VI) Sens et valeur de l'idéal ascétique, et raisons de son succès (§§27-28). L'idéal moral se détruit en poussant ses logiques jusqu'au bout : mène à l'athéisme + à la mise en question de la vdvérité. L'antidote au christianisme ne doit pas être cherché malgré les apparences chez l'artiste, parce qu'il est corrompu, mais dans la science elle-même (culture de la science qui doit se retourner contre elle-même). Ce n'est pas la souffrance que ne supportent pas les hommes mais son non-sens : idéal ascétique permet de donner un sens à la souffrance, l'expiation, et permet aux hommes de vouloir qqchose : le néant.

N contre Wagner ; le Cas Wagner

1888 - CW (Fall = cas pathologique et chute) : étude sur décadence de modernité dt W est le symptôme =/= Bizet possibilité d'un renouveau : espoir d'une nvlle santé (le rend "fécond"). W ne produit pas la décadence mais en accélère le "tempo" : N voit dans le besoin énergique de dominer, de tyranniser le public avec les couleurs fortes et les excès de la passion, l'expression de la faiblesse moderne de Wagner. Incapacité à accéder au "grand style" et à un art "classique", qui coordonne tous les éléments en une forme équilibrée et ne recherche pas les puissants "effets" émotionnels. Opposition "histrion décadent", déterminé au mensonge par sa physiologie, qui ne maîtrise pas les moyens de l'illusion // artiste conscient de ses moyens dt le mensonge est expression de puissance. - NcW (écrit posthume non autorisé par son auteur) : sa "guerre" contre Wagner et la "corruption de Bayreuth" durait depuis une dizaine d'années, opposition entre une "nature dionysiaque" qui crée par surabondance de forces et l'instinct appauvri du décadent ... Aspects anti-allemands + utilisation d'expressions françaises révélatrices de son orientation résolue vers la culture romane.

Ecce Homo

1888 "Comment on devient ce que l'on est" EH = apparence d'autobiographie / une déclaration immoraliste ou un manifeste cynique. N, en reprenant la formule biblique, usurpe la place de Jésus, celle d'un fondateur de religion, qui prétend ouvrir une nouvelle ère pour l'humanité, tout en professant qu'il est "disciple du philosophe Dionysos". I) "Pourquoi je suis si sage". Moi paradigmatique présenté comme un sage dt la vie peut servir de leçon sans préceptes ni commandements. Exposé diachronique qui montre quelle est sa nature, les événements servant plutôt de repères pour un portrait ou une expérience de vie que d'anecdotes au fil d'un récit chronologique. N insiste sur complexité de sa propre configuration pulsionnelle : en lutte contre la simple juxtaposition d'états corporels opposés, typique de la décadence, "la volonté de santé" (§2) est en lui parvenue à dompter la maladie. II) "Pourquoi je suis si avisé". Envisage le "salut de l'humanité" (§1) de manière non religieuse. N présente ses règles de vie comme un exercice de conservation de soi au service de l'égoïsme, du "dressage du moi" : alimentation (§1), lieu et climat de vie (§2), délassements régénérants (§§3-7). §9 : Critique de la volonté en tant qu'elle viserait des buts : "Mon expérience ignore complètement ce que c'est que « vouloir » quelque chose, y « travailler ambitieusement », viser un « but » ou la réalisation d'un désir. En ce moment même mon avenir - un avenir immense - s'étend à mes yeux comme une mer d'huile : nul désir ne ride ses eaux. Je ne veux pas qu'une seule chose devienne autrement qu'elle n'est ; je ne veux pas changer moi-même... Et j'ai toujours vécu ainsi. Sans désir." III) "Pq j'écris de si bons livres". A- Portrait du "lecteur parfait" et définition du style (§§1-6) §4 : "Avant moi, on ne sait pas ce que l'on peut faire de la langue allemande - ce que l'on peut faire, en général, du langage." Style au service d'un contenu à dire le mieux possible : "si l'on songe que la diversité des états intérieurs est chez moi exceptionnelle, il y a donc chez moi bcp de possibilités de styles." B- Présentation et interprétation des œuvres antérieures. IV) "Pq je suis une fatalité". → Réhabilitation de l'égoïsme contre la morale de la pitié : le moi est mis en avant avec une assurance triomphante. §1 : "J'apporte la contradiction comme on ne l'a jamais fait, et je suis malgré tout l'opposé d'un esprit qui dit non." Renversement à venir qui a pr condition initiale une configuration pulsionnelle idiosyncrasique celle de l'individu N, "le premier immoraliste" (§2). Invitation à "retraduire l'homme en termes de nature". §5 : Remis en question de la vdvérité : que veut celui qui veut la vérité ? a- « un monde véridique » > la loi de la vie c'est « la loi des masques » b- « un homme véridique » c- « ne pas être trompé » : ce que je veux dans la vérité c'est un univers qui se comporte comme « un petit fonctionnaire de l'état prussien ». §7 : « La morale - l'idiosyncrasie de décadents, avec l'intention cachée de se venger de la vie - et cela, avec succès. » Symptômes de la pathologie du vivant : des préceptes (10 commandements) + 3 présupposés métaphysiques (Dieu, l'immortalité de l'âme et l'existence d'un monde après la mort).

Antéchrist

1888 "imprécation contre le christianisme". AC (adversaire non du Christ proprement dit mais des chrétiens). Attaque paradoxalement l'Eglise, les chrétiens et les prêtres au nom du Christ et de la Bonne Nouvelle. Attaque une "certaine morale de la négation de la vie" (théologiens + idéalistes). - §§1-2. Catéchisme avec questions et réponses pour définir le bien suprême : la "vertu exempte de moraline". Rappel de la maladie de la modernité (§1) et discrédit du christianisme comme compassion "pour tous les ratés et les faibles" (§2). Opposition du bon et du mauvais à comprendre ds un sens perspectiviste. §2 : "Qu'est-ce qui est bon ? Tout ce qui exalte en l'homme le sentiment de puissance, la vdp, la puissance même. Qu'est-ce qui est mauvais ? Tout ce qui vient de la faiblesse. Qu'est-ce que le bonheur ? Le sentiment que la puissance croît, qu'une résistance est en voie d'être surmontée." - §4. Ne réclame pas un être supérieur mécaniquement produit par une évolution fondée sur la sélection naturelle, mais l'élevage d'un type d'une valeur plus élevée, "le surhumain". - §§14-15. Dénonciation réaliste des idéaux du platonisme-christianisme + affirmation joyeuse de la réalité → L'idée d'un pur instinct de vérité ou d'un esprit pur n'est pas qu'une illusion mais une erreur entretenue et maintenue. N définit le mensonge idéaliste de la morale comme une esquive de la réalité par la faiblesse de la maladie : la décadence crée un monde imaginaire. - §§20-23. Comparaison du bouddhisme et du christianisme, 2 religions nihilistes parce qu'elles valorisent le néant en déclarant que ce qui existe n'existe pas. MAIS le bouddhisme aussi craint la souffrance, mais sans en rendre l'homme responsable (pas de péché originel). =/= Christianisme = religion de la souffrance méritée, qui a un sens, et dt le remède se trouve ds la souffrance elle-même → D'où « folie circulaire » = cercle ascétique. // Pour le bouddhiste, le remède à la souffrance est une hygiène qui consiste à vivre le moins possible. - Mais §§27+39+42 Jésus lui-même fut une espèce de bouddhiste, et non un chrétien car il met en avant une morale singulière qui s'interpose entre les 2 grandes séquences judaïque et chrétienne. Jésus ignore la faute, et s'est insurgé contre la caste qui est le privilège, l'ordre. « Le mot même de christianisme repose sur un malentendu. Il n'y a jamais eu qu'un seul chrétien, et il est mort sur la croix. » Jésus éprouve par rapport à la réalité « une haine instinctive » mais qui ne le conduit pas à inventer une autre réalité à venir ; pour lui, le royaume des Cieux est déjà là. Disqualification de tte espèce de résistance = prôner l'amour comme négation du conflit → « La « bonne nouvelle » est justement qu'il n'y a plus d'oppositions. » JC est un pâle affirmateur : ne sait pas s'opposer à l'adversité, il aime l'ensemble du monde sans dureté (§35).

Crépuscule des idoles

1888 CId, "Loisirs d'un psychologue" : généalogie de l'idéalisme et de la morale, analyse psychologique et physiologique de tte la civilisation occidentale. Avant-propos : tâche = "transmutation de ttes les valeurs" ; combattre sérieux par gaieté et guerre. Surprendre son creux des idoles avec marteau. I) Maximes et traits = aphorismes ds le style des moralistes français. 8. A L'ÉCOLE DE GUERRE DE LA VIE. - Ce qui ne me fait pas mourir me rend plus fort. 18. Celui qui ne sait pas mettre sa volonté dans les choses veut du moins leur donner un sens : ce qui le fait croire qu'il y a déjà une volonté en elles (Principe de la « foi »). 36. Faisons-nous tort à la vertu, nous autres immoralistes ? - Tout aussi peu que les anarchistes aux princes. Ce n'est que depuis qu'on leur tire de nouveau dessus qu'ils sont solidement assis sur leurs trônes. Morale : il faut tirer sur la morale. II) Le Problème de Socrate : les plus grands Sages ont dit de la vie qu'elle n'avait aucune valeur ; tout jugement de valeur sur la vie est une sottise, la réelle finesse étant justement que la valeur de la vie ne saurait être évaluée par le vivant qui en est l'objet (§2). L'ironie socratique serait peut-être symboliquement une forme de vengeance de l'homme du peuple (idiosyncrasie de S pas un cas isolé). « Être obligé de lutter contre ses instincts - voilà bien la formule de la décadence. » III) La Raison dans la philosophie : N dénonce les philosophes qui croient à l'Être (momification), au monde vrai, qui prônent la réfutation des sens et du corps, qui, selon eux, sont immoraux, et altèrent la relation entre l'individu et le monde vrai. Exception d'Héraclite mais lui aussi invalide les sens qui donnent des choses fixes. + Nouvelle idole consiste à confondre en philosophie ce qui vient en premier et ce qui vient en dernier. L'introduction de l'Être en tant que cause vient du langage et est aussi un symptôme de cette maladie. 4 thèses : 1) "Les raisons qui firent appeler « ce » monde un monde d'apparence, prouvent au contraire sa réalité, - une autre réalité est absolument indémontrable." 2) "Les signes distinctifs que l'on a donnés de la véritable « essence des choses » sont les signes caractéristiques du non-être, du néant ; de cette contradiction, on a édifié le « monde-vérité » en vrai monde : et c'est en effet le monde des apparences, en tant qu'illusion d'optique morale." 3) "Parler d'un « autre » monde que celui-ci n'a aucun sens, en admettant que nous n'ayons pas en nous un instinct dominant de calomnie, de rapetissement, de mise en suspicion de la vie : dans ce dernier cas, nous nous vengerons de la vie avec la fantasmagorie d'une vie « autre », d'une vie « meilleure »." 4) "Séparer le monde en un monde « réel » et un monde des « apparences », soit à la façon du christianisme, soit à la façon de Kant (un chrétien perfide, en fin de compte), ce n'est là qu'une suggestion de la décadence, un symptôme de la vie déclinante..." IV) Comment un monde vrai devint enfin une fable, Histoire d'une erreur. 6 étapes : chacune commence par caractériser ce monde vrai selon qu'il est accessible ou non ; puis parenthèse qui, ds les 3 premières étapes, trace le devenir de l'idée d'un monde de vérité, et ds la cinquième sa suppression. 1) Platon : monde réservé à ceux dt la piété, la sagesse et la vertu n'ont pour cause, objet et fin que la connaissance de la vérité qu'ils incarnent. 2) Christianisme : en devenant moins sélective, l'idée devient plus insidieuse, elle pénètre ds toutes les âmes, progresse et devient plus puissante ds la mesure où elle s'intériorise et fait miroiter une promesse impossible à réfuter. 3) Kant : inaccessible théoriquement, il reste subjectivement consolant et pratiquement impératif. 4) Positivisme : l'inconnu ne peut être le contenu d'une idée, l'idée du monde vrai est une idée vide. 5) Esprits libres : une croyance qui ne favorise pas les conditions d'existence, réfutée par là même. 6) Zth, midi : abolition des deux mondes comme mondes (vérité et apparence) ; seul reste le monde de des vdp. V) La morale comme manifestation contre nature : il y a toujours un signifié caché derrière les événements moraux, signe d'un style de vie. L'attaque des passions dirigée par l'Église revient à une attaque de la vie à la racine. Formulation claire de l'évacuation de la valeur de la vie et de la substitution d'une évaluation de la valeur par la vie. VI) Les quatre grandes erreurs : 1) la confusion entre la cause et l'effet 2) la causalité fausse 3) les causes imaginaires 4) le libre arbitre VII) Ceux qui veulent rendre l'humanité meilleure. N commente ce que veut dire « aller au-delà du bien et du mal » : pas de faits moraux ; morale = mésinterprétation intéressante comme symptomatologie (passage du philosophe au philologue au médecin). VIII) Ce qui manque aux Allemands. « Nulle part on a usé avec plus de dépravation des deux grands narcotiques européens : l'alcool et le christianisme. » Il faut apprendre à voir, penser, parler et écrire : "Savoir danser avec les pieds, avec les idées, avec les mots : faut-il que je dise qu'il est aussi nécessaire de le savoir avec la plume, - qu'il faut apprendre à écrire ?" IX) Flâneries d'un inactuel. Nietzsche admet la lutte pour la vie darwinienne mais pas fin : « Les faibles finissent toujours par se rendre maîtres des forts — c'est parce qu'ils sont en plus grand nombre. » Critique « l'art pour l'art » : cette maxime se fonde sur le préjugé qu'il n'y aurait aucun but à l'art (« l'art est la grande incitation à la vie »). X) Ce que je dois aux anciens. S'achève sur une déf du dionysiaque : un dire-oui succédant à la négation. Il faut se libérer du poids des valeurs et de la culpabilisation qui les accompagne pour faire retrouver sa vigueur à la vie.

FP 1869-1874. - Pont invisible de génies à génies - Pb de la culture - Décret de grandeur de la pensée philosophique - Déf de la civilisation

19 [1] « Il existe un pont invisible de génies à génies, c'est là la seule histoire réelle d'un peuple ; tout le reste n'est que variation innombrable, inconsistante, une copie due à des mains maladives, ce sont aussi les forces éthiques d'une nation qui se manifestent dans ces génies. » 19 [41] "Le problème d'une culture est rarement saisi correctement. Son but n'est pas le plus grand bonheur possible d'un peuple, non plus que le libre développement de tous ses talents ; elle se montre plutôt dans la juste proportion observée dans le développement de ces talents. [...] La culture d'un peuple se manifeste dans la discipline homogène imposée à ses instincts." 19[83] « La pensée philosophique est spécifiquement de même nature que la pensée scientifique mais elle se rapporte à de grands objets et à de grandes questions. La notion de grandeur est cependant variable, en partie esthétique en partie morale. C'est un réfrènement de l'instinct de connaissance. C'est en cela que réside sa signification pour la civilisation. [...] A la philosophie est liée un décret de grandeur, une nomination : « ceci est grand » dit-il et il élève ainsi l'homme. » 19 [310] « Civilisation - domination de l'art sur la vie. La qualité de la civilisation dépend d'une part du degré de cette domination d'autre part de la valeur de lui-même. »

Provenance (herkunft)

=/= Origine (essence unique) --> restitue à l'origine son hétérogénéité, sa pluralité, son hasard. C'est le corps qui porte les marques de cette pluralité d'événements → L'histoire s'est inscrite à même le corps. D'où la provenance est à l'articulation du corps et de l'histoire, elle doit « montrer le corps tt imprégné d'histoire » (Foucault).

Affect (instinct, pulsion)

Affects plus profonds que la simple passion : « les plus violentes puissances naturelles». 1) Dimension intrinsèquement passionnelle de ces processus infra-conscients : modes d'attirance ou de répulsion qui règlent les préférences fondamentales propres aux conditions de vie d'un type de système pulsionnel particulier. 2) Expressions particulières de la volonté de puissance et de son travail de mise en forme interprétative : traduction de l'activité interprétative articulée à des évaluations fondamentales qui règlent l'activité d'un type déterminé de vivant.

Nihilisme

Concept qui permet de généraliser à l'échelle de tte l'histoire de l'occident l'orientation à la baisse de la vdp : dévalorisation des valeurs, c'est-à-dire encore leur perte d'autorité régulatrice. Nihilisme est deux choses à la fois : 1) Un trait caractéristique du tps présent dt Nietzsche s'attache à repérer tous les symptômes. 2) Le principe de tte l'Histoire depuis Platon. Plsrs nihilismes (FP 9[35]) : 1) Passif (bouddhisme + ascète schop) = le « ne rien vouloir ». Valorisation de l'absence de vlr au profit de la pitié. 2) Actif (terrorisme anarchiste, persos de Doïstoievski) = « la force violente de la destruction » → Tout détruire pour qu'il ne reste rien, non parce que tt est à recréer : « vouloir le néant ». 3) Nihilisme ds un sens plus positif : affirmation exclusive du devenir et des apparences, perspectives qui en résultent pr des types qui sont eux-mêmes devenant et en perpétuel conflit = amor fati.

Winckelmann, Réflexions sur l'imitation des œuvres grecques dans la sculpture et la peinture, 1755

Conteste amalgame du passé hellénique avec Rome ds notion d'Antiquité gréco-romaine. Dresse l'image d'une Grèce « classique et sereine ». W impose l'idée que la tâche des modernes en matière esthétique est d'imiter les Grecs. Auteur d'un mythe « grec-européen » qui se maintient jusqu'à la fin du XVIIIème siècle avec Goethe et Schille.

Style

Créateur d'une vision du monde. - Linguistiquement : moteur du dvlpmt du "nv langage" (PBM §4) dt l'esprit libre a besoin pour renouveler le rapport à soi et au monde. - En général : mode opératoire des Vdp qui travaillent individuellement à donner forme et sens à d'autres Vdp selon des perspectives à hiérarchiser -> Affirme la hiérarchie par la soumission de la partie au tout, afin de s'opposer à la décadence égalitariste (distingue la civilisation de la barbarie DS).

Infuence de P.Rée en 1876

De l'origine des sentiments moraux 77 + 75 Observations psychologiques (aphorismes). Ouvrage d'observations qui acceptent leur isolement au moins provisoire : science psychologique qui veut faire l'histoire des sentiments moraux rejoint le type d'écriture avancé par les moralistes. Projet d'une étude évolutionniste de la morale : rabattre la moralité des sociétés humaines sur une histoire évolutionniste, naturelle, prise ds le très long terme.

Humboldt et Wolf (mythe grec-allemand)

Humboldt, ds une lettre à Wolf, esquisse idée d'une ressemblance spécifique entre langues grecque et allemande qui dénoterait une ressemblance entre âme du peuple grec et allemand. Grèce présenterait une forme de culture tt à fait originale, une tendance à former l'homme ds humilité (bildung, paideia). Richesse culturelle repose à la fois dans l'unité de la nation et la pluralité des cités : parallèle entre l'Allemagne qui doit constituer un sentiment national mais n'est pas un Etat et la Grèce. Idée que l'Allemagne politiquement impuissante est en vérité porteuse de la véritable culture, tandis que la France est héritière de la culture politique étatique de Rome, une civilisation. Humboldt, 1807 : interroge causes de la disparition de la Grèce. Echo à entrée de Napoléon à Berlin : paix de Tilsit impose à la Prusse de lourdes réquisitions et perte d'une partie de ses territoires. De même que Grèce a pris sa revanche ds bildung intellectuelle et morale, de même culture allemande peut parvenir ds sphère de culture à domination que Fr a prise politiquement. Double exigence de se former soi-même par les modèles grecs et par opposition à la France.

« Mythe grec-allemand » (terme de l'historiographie du XXème s, ds travaux de Manfred Landfester).

Mythe qui apparaît au début du XIXème siècle : idée qu'existerait une ressemblance spirituelle et culturelle entre Grèce antique et Allemagne moderne, une « affinité », malgré absence de continuité géographique. Winckelmann au XVIIIème puis Humboldt, Wolf.

Force

Métaphore (car N congédie la notion physique de force) : une expression particularisée de la volonté de puissance, la force s'identifie à l'instinct ou à la pulsion. L'organisation bien réglée d'un système pulsionnel, caractérisée par la collaboration efficace de l'ensemble de ses instincts, qui leur permet de construire une interprétation unifiée de la réalité.

1886

N revient sur ses productions antérieures avec un nouveau pt de vue, en rédigeant des nouvelles préfaces pour ses premiers livres. Césure de 86 qui intervient à l'intérieur même du GS : 1ère édition 1882 avant APZ // ajout d'un 5ème livre rédigé en 86 dans édition de 87 qui contient de nvlles thèses. Changements radicaux en particulier vis-à-vis de la science : N commence à porter son soupçon sur la morale même, implicite, des savants à l'aide de positions philosophiquement neuves. Science n'est plus l'instrument du soupçon mais l'objet du soupçon, au nom de la vie.

période 1870-76

NT + VM + 4 CI. N adhère manifestement à la métaphysique de Schop qu'il a découverte en 1865 qd il était étudiant à Leipzig. Critique un excès de science, en particulier en philologie, qui semble pvr nuire à une forme supérieure de vie (2ème CI). Champion philosophique du wagnérisme (préface de NT + 4ème CI). Pdt cette période, N est très concerné par la question du nationalisme allemand, de l'essence de la germanité, par opposition à la France comme anti-modèle (Lumières et RF).

Volonté de puissance

Penser les 2 mots comme un tout (=/= recherche d'un attribut ou d'un état extérieur à soi) : processus d'intensification de la puissance que l'on est. La volonté de puissance est plurielle : elle ne se donne que sous la forme d'un jeu multiple de processus rivaux s'entre-interprétant, jeu qui n'exclut pas la possibilité d'alliances ou de coalitions partielles.

HtH II (Voyageur et son ombre + Opinions et Sentences)

Préface de 1886 : antidater les œuvres car N guérit de ses illusions passées ds l'écriture. Opinions et sentences mêlées (mars 1879) = compil de notes que N avait prises lors de la composition d'HtH. - 128 : "Vous figurez-vous donc avoir forcément affaire à une œuvre fragmentaire parce qu'on vous la présente et qu'on ne peut que vous la présenter qu'en fragments ?" (Contre les myopes) - 137 : "Les pires lecteurs sont ceux qui procèdent à la manière des soldats pillards : ils prennent ceci ou cela dont ils pensent avoir besoin, salissent et emmêlent le reste, puis pestent contre le tout." - 359 : "Ce que vous voyez du monde par cette fenêtre est-il dc si beau que vous ne vouliez absolument plus regarder par une autre fenêtre, - que vous tentiez même d'en empêcher les autres ?" Le Voyageur et son ombre (décembre 1879) = appendice formé de matériaux presque entièrement nouveaux rédigés en marchant. - 55 "Danger du langage pour la liberté de l'esprit" : chaque mot est un préjugé. - 67 : le Versuch ne doit pas à son tour devenir une méthode paresseuse, enlisée ds "l'habitude des contraires" car "il n'existe pas de contraires, mais seulement des différences de degrés".

pathos de la distance

Pulsion aristocratique par excellence, qui crée des valeurs en accord avec la volonté de puissance -> L'aristocratie contribue à l'élévation du genre humain par le pathos de la distance (§2 GM I + 257 PDBM).

période 1876-86

S'éloigne de Wagner, déçu par le festival de Bayreuth ; devient de + en + sceptique envers le nationalisme allemand, de + en + hostile à l'Allemagne de son tps, et devient de + en + admiratif des moralistes français (commence à écrire en aphorismes ds HtH) et des Lumières (HtH dédicacé à Voltaire) ; devient un penseur du soupçon qt à la morale, au nom de ces « sciences » que sont l'histoire et la psychologie (hostilité au savoir laisse la place à une soif de savoir). Période « positiviste » de N (HtH I, Opinions et sentences mêlées, Le Voyageur et son ombre, Aurore, 4 premiers livres du GS, PBM) APZ = œuvre à part publiée entre 1883-85.

Vie

Spontanéité initiale, irrépressible, créatrice, force de désagrégation de toute forme d'unité, accumulation de forces et décharge de forces : ensemble de manifestations chaque fois singulières dt chacune est quantitativement et qualitativement différenciée. -> NdT : mythe d'une unité originaire et déchirée par les multiples formes individuelles qu'elle engendre et qui sont destinées à périr. / Une fois la VdP "découverte" : une espèce de devenir où se joue la lutte d'une multiplicité innombrable et chaotique des volontés de puissance.

Amor fati

Une des expressions par lesquelles Nietzsche désigne l'acquiescement, le oui, comme attitude générale à l'égard de la réalité ; l'acceptation joyeuse, et même le fait d'éprouver la nécessité comme une forme de beauté (§276 GS). Supposant, sous l'angle pulsionnel, probité et courage - aptitude à penser la réalité dans sa totalité, et capacité à l'affronter jusque dans ce qu'elle a de terrible -, l' amor fati s'identifie à l'une des dimensions du dionysiaque et devient pour Nietzsche le trait caractéristique de la grandeur humaine (§10 EH).

hyperboréen

§§1-7 de l'Antéchrist. Ref à Pindare, pays mythique au-delà des régions où souffle le vent du Nord. Le philosophe vit ds le froid et la glace : il a dû quitter la chaleur confortable d'une vie grégaire où règne le christianisme, la pitié.

Éternel retour

«Doctrine », objet de l'enseignement de Zarathoustra : la forme la plus haute d'affirmation qui puisse se concevoir. Nietzsche l'introduit tantôt sous une la forme d'un raisonnement d'allure scientifique (à la manière d'une doctrine cosmologique), tantôt sous forme d'expérience, personnelle ou proposée au lecteur. Radicalisation du nihilisme, l'ER efface toute possibilité de refuge dans un au-delà suprasensible - il n'y a pas de coup d'arrêt à la répétition éternelle de notre vie, à l'identique. Il ne s'agit pas d'affirmer épistémologiquement que tout revient, mais bien plutôt de vouloir que tout revienne. Reste qu'il faut susciter une adhésion effective à cette doctrine, en faire une croyance régulatrice, une valeur. Il se pourrait que telle soit justement la fonction stratégique de sa présentation « cosmologique» - une fonction persuasive car soutenue par le prestige et l'autorité de la science.

Surhumain

Übermensch (APZ) : élévation de degré, donc de valeur, au sein d'une hiérarchie ; dépassement du type de vie humaine prédominant dans la culture européenne contemporaine, ascétique et en proie au nihilisme sous sa forme la plus accusée. Deux caractérisations de la notion de surhumain comme le type d'homme le plus sage d'une part, comme le plus fort d'autre part. Problème de culture, c'est-à-dire de valeur et d'éducation effectuée par l'incorporation sur une longue durée de valeurs particulières. Surhomme ≠ dernier homme (homme parvenu au dernier degré du retournement de la volonté de puissance contre elle-même, qui cumule en lui ttes les formes de déclin de la dégénérescence du vouloir, celui qui est identifié à la bête ou l'homme de troupeau.). Surhomme ≠ Homme supérieur (celui qu'anime encore un idéal et qui à ce compte n'échappe pas au nihilisme). Surhomme ≠ Zarathoustra (celui qui annonce le surhomme, son prophète).


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