French 325 Final

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Rimes Suivies/Plates

AABB

Rimes Croissées

ABAB

Rimes embrasses

ABBA

La Personnification

Donner des traits humains a un concept, objet ou un animal

Apostrophe

Figure par laquelle un orateur s'adresse à des êtres réels ou imaginaires.

Strophe a deux vers

La strophe distique

strophe a quatre vers

La strophe quatrain

Strophe a trois vers

La strophe tercet

Les pieds

Les syllables dans un vers

L'euphemisms

Minimiser une réalité grave

Anaphore

Répétition du même mot au commencement de plusieurs membres d'une phrase

la strophe

a stanza

Lyrisme

caractère de la poésie qui exprime les émotions de l'auteur

l'antithèse

elle met en parallèle des mots qui désignent des réalités opposées (exemple : certains aiment le jour comme d'autres préfèrent la nuit)

Métaphore

figure qui consiste à designer un objet ou une idée par un mot qui convient pour un autre objet ou une autre idée liés aux précédents par une analogie

La Pléiades

ils ont traduit / écrit de la poésie latine classique en français / Les poètes qui soutient l'utilisation de Français

l'enjambement

l'absence d'une pause à la fin d'un vers

Métonymie

l'emploi d'un nom pour un autre quand les deux sont liés d'une façon logique et étroite. ex: <<cent voiles>> pour <<cent bateaux>>.

L'hyperbole

l'exaggeration pour faire passer un point

le sonnet

poème de 14 vers, le plus souvent (en France) de 2 quatrains et 2 tercets

Allégorie

representation d'une abstraction par une image, un tableau, souvent par un être vivant

Allitération

répétition de sons identiques. Réservé aux répétitions de consonnes

Assonance

répétition du même voyelle

la comparaison

simile

le sens

the meaning

la césure

une pause dans le vers

le décasyllabe

vers de 10 syllabes

l'alexandrin

vers de 12 syllabes

Signe Je suis soumis au Chef du Signe de l'Automne Partant j'aime les fruits je déteste les fleurs Je regrette chacun des baisers que je donne Tel un noyer gaulé dit au vent ses douleurs Mon Automne éternelle ô ma saison mentale Les mains des amantes d'antan jonchent ton sol Une épouse me suit c'est mon ombre fatale Les colombes ce soir prennent leur dernier vol

Écrivant: Apollinaire Écrivant: Apollinaire Époque: 1900s (20th century) Mouvement: pas un mouvement (precurseur du surrealisme) Sens: *we went over this for a hot second so i dont have notes* Importance:

Le Pont Mirabeau Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu'il m'en souvienne La joie venait toujours après la peine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l'onde si lasse Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure L'amour s'en va comme cette eau courante L'amour s'en va Comme la vie est lente Et comme l'Espérance est violente Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l'heure Les jours s'en vont je demeure

Écrivant: Apollinaire Époque: 1900s (20th century) Mouvement: pas un mouvement (precurseur du surrealisme) Sens: pas de ponctuation, variation dans le longeur des vers, utilise le rhythme, symbolique, la fuit du temps, tristesse sur une amoure perdu, "le temps passe, mais je reste la même, triste et seul" Importance:

Pour Demain Vous que le printemps opéra Miracles ponctuez ma stance Mon esprit épris du départ Dans un rayon soudain se perd Perpétué par la cadence La Seine au soleil d'avril danse Comme Cécile au premier bal Ou plutôt roule des pépites Vers les ponts de pierre ou les cribles Charme sûr La ville est le val Les quais gais comme en carnaval Vont au devant de la lumière Elle visite les palais Surgis selon ses jeux ou lois Moi je l'honore à ma manière La seule école buissonnière Et non Silène m'enseigna Cette ivresse couleur de lèvres Et les roses du jour aux vitres Comme des filles d'Opéra.

Écrivant: Aragon Époque: 1900s (20th century) Mouvement: le surrealisme Sens: exprimer les pensees, produit de la conscience, pas de rime, pas de ponctuation, la structure libre, patterne pour "la rime," le printemps a Paris (la naissance) Importance:

Recueillement Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir; il descend; le voici: Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci. Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma Douleur, donne-moi la main; viens par ici, Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées; Surgir du fond des eaux le Regret souriant; Le soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.

Écrivant: Baudelaire Époque: 1800s (19th century) Mouvement: pas de mouvement (entre le romantisme et le symbolisme) Sens: Importance:

Correspondances La Nature est un temple où de vivants piliers Laissent parfois sortir de confuses paroles; L'homme y passe à travers des forêts de symboles Qui l'observent avec des regards familiers. Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. II est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, — Et d'autres, corrompus, riches et triomphants, Ayant l'expansion des choses infinies, Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens, Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

Écrivant: Baudelaire Époque: 1800s (19th century) Mouvement: pas de mouvement (entre le romantisme et le symbolisme) Sens: la nature (= un drogue), la synesthesie Importance:

Harmonie du Soir Voici venir les temps où vibrant sur sa tige Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir; Valse mélancolique et langoureux vertige! Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir; Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige; Valse mélancolique et langoureux vertige! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir. Le violon frémit comme un coeur qu'on afflige, Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir! Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir; Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige. Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir, Du passé lumineux recueille tout vestige! Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige... Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir!

Écrivant: Baudelaire Époque: 1800s (19th century) Mouvement: pas de mouvement (entre le romantisme et le symbolisme) Sens: la structure (le pantoum) unique, le synesthesie, les emotions (nostalgie, regret) Importance:

Chant d'Automne I Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres; Adieu, vive clarté de nos étés trop courts! J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres Le bois retentissant sur le pavé des cours. Tout l'hiver va rentrer dans mon être: colère, Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé, Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé. J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe; L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd. Mon esprit est pareil à la tour qui succombe Sous les coups du bélier infatigable et lourd. II me semble, bercé par ce choc monotone, Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part. Pour qui? — C'était hier l'été; voici l'automne! Ce bruit mystérieux sonne comme un départ. II J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre, Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer, Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre, Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. Et pourtant aimez-moi, tendre coeur! soyez mère, Même pour un ingrat, même pour un méchant; Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant. Courte tâche! La tombe attend; elle est avide! Ah! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux, Goûter, en regrettant l'été blanc et torride, De l'arrière-saison le rayon jaune et doux!

Écrivant: Baudelaire Époque: 1800s (19th century) Mouvement: pas de mouvement (entre le romantisme et le symbolisme) Sens: le spleen, il ne peut pas echapper le desespoir, la melancolie (la mort un peu) Importance:

La Jeune Tarentine la perte et la morte d'un amour, il contient beaucoup de descriptions exaggerees et detaillees Pleurez, doux alcyons ! ô vous, oiseaux sacrés, Oiseaux chers à Thétis, doux alcyons, pleurez ! Elle a vécu, Myrto, la jeune Tarentine ! Un vaisseau la portait aux bords de Camarine : Là, l'hymen, les chansons, les flûtes, lentement, Devaient la reconduire au seuil de son amant. Une clef vigilante a, pour cette journée, Sous le cèdre enfermé sa robe d'hyménée Et l'or dont au festin ses bras seront parés Et pour ses blonds cheveux les parfums préparés. Mais, seule sur la proue, invoquant les étoiles, Le vent impétueux qui soufflait dans les voiles L'enveloppe : étonnée, et loin des matelots, Elle crie, elle tombe, elle est au sein des flots. Elle est au sein des flots, la jeune Tarentine ! Son beau corps a roulé sous la vague marine. Thétis, les yeux en pleurs, dans le creux d'un rocher Aux monstres dévorants eut soin de le cacher. Par ses ordres bientôt les belles Néréides S'élèvent au-dessus des demeures humides, Le poussent au rivage, et dans ce monument L'ont, au cap du Zéphyr, déposé mollement ; Et de loin, à grands cris appelant leurs compagnes, Et les Nymphes des bois, des sources, des montagnes, Toutes, frappant leur sein et traînant un long deuil, Répétèrent, hélas ! autour de son cercueil : " Hélas ! chez ton amant tu n'es point ramenée, Tu n'as point revêtu ta robe d'hyménée, L'or autour de tes bras n'a point serré de noeuds, Et le bandeau d'hymen n'orna point tes cheveux. "

Écrivant: Chénier Époque: 18ème Mouvement: le debut du romantisme Sens: A bride on the way to her wedding by boat « envelopper par la mer Importance:

Ballade de Paris Quand j'ai la terre et mer avironnée Et visité en chacune partie Jérusalem, Egypte et Galilée, Alixandre, Damas et la Syrie, Babylone, Le Caire et Tartarie, Et tous les ports qui-y sont, Les épices et sucres qui s'y font, Les fins draps d'or et soye du pays, Valent trop mieux ce que les Français ont : Rien ne se peut comparer à Paris. C'est la cité sur toutes couronnée, Fontaine et puits de sens et de clcrgie Sur le fleuve de Seine située : Vignes, bois a, terres et praerie. De tous les biens de cette mortel vie A plus qu'autres cités n'ont ; Tous étrangers l'aiment et aimeront, Car, pour déduit et pour être jolis, Jamais cité telle ne trouveront : Rien ne se peut comparer à Paris. Mais elle est bien mieux que ville fermée, Et de châteaux de grande anceserie, De gens d'honneur et de marchands peuplée, De tous ouvriers d'armes, d'orfèvrerie; De tous les arts c'est la fleur, quoi qu'on die : Tous ouvrages à droit font; Subtil engin, entendement profond Verrez avoir aux habitants toudis, Et loyauté aux œuvres qu'ils feront : Rien ne se peut comparer à Paris.

Écrivant: Deschamps Époque: 1346-1406 Mouvement: La Pléiades Sens: France, particulièrement Paris, est la plus belle ville et il n'y a nulle part qui peut comparer Importance:

France Mère des Arts France, mère des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avoué quelquefois, Que ne me réponds-tu maintenant, ô cruelle ? France, France, réponds à ma triste querelle. Mais nul, sinon Écho, ne répond à ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hérisser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pâture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure : Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau.

Écrivant: Du Bellay Époque: 1522-1560 Mouvement: La Pléiade Sens: Exile; il veut retourner à France Importance: Référence du mythologie

Heureux qui comme Ulysse Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy-là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d'usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son âge ! Quand reverrai-je, hélas, de mon petit village Fumer la cheminée, et en quelle saison Reverrai-je le clos de ma pauvre maison, Qui m'est une province, et beaucoup davantage ? Plus me plaît le séjour qu'ont bâti mes aïeux, Que des palais Romains le front audacieux, Plus que le marbre dur me plaît l'ardoise fine : Plus mon Loire gaulois, que le Tibre latin, Plus mon petit Liré, que le mont Palatin, Et plus que l'air marin la doulceur angevin

Écrivant: Du Bellay Époque: 1522-1560 Mouvement: La Pléiade/le classicisme Sens: Exile/souffrance; l'heureusement quand on fait un voyage et rentrée chez lui Importance:

Liberté Sur mes cahiers d'écolier Sur mon pupitre et les arbres Sur le sable sur la neige J'écris ton nom Sur toutes les pages lues Sur toutes les pages blanches Pierre sang papier ou cendre J'écris ton nom Sur les images dorées Sur les armes des guerriers Sur la couronne des rois J'écris ton nom Sur la jungle et le désert Sur les nids sur les genêts Sur l'écho de mon enfance J'écris ton nom Sur les merveilles des nuits Sur le pain blanc des journées Sur les saisons fiancées J'écris ton nom Sur tous mes chiffons d'azur Sur l'étang soleil moisi Sur le lac lune vivante J'écris ton nom Sur les champs sur l'horizon Sur les ailes des oiseaux Et sur le moulin des ombres J'écris ton nom Sur chaque bouffée d'aurore Sur la mer sur les bateaux Sur la montagne démente J'écris ton nom Sur la mousse des nuages Sur les sueurs de l'orage Sur la pluie épaisse et fade J'écris ton nom Sur les formes scintillantes Sur les cloches des couleurs Sur la vérité physique J'écris ton nom Sur les sentiers éveillés Sur les routes déployées Sur les places qui débordent J'écris ton nom Sur la lampe qui s'allume Sur la lampe qui s'éteint Sur mes maisons réunies J'écris ton nom Sur le fruit coupé en deux Du miroir et de ma chambre Sur mon lit coquille vide J'écris ton nom Sur mon chien gourmand et tendre Sur ses oreilles dressées Sur sa patte maladroite J'écris ton nom Sur le tremplin de ma porte Sur les objets familiers Sur le flot du feu béni J'écris ton nom Sur toute chair accordée Sur le front de mes amis Sur chaque main qui se tend J'écris ton nom Sur la vitre des surprises Sur les lèvres attentives Bien au-dessus du silence J'écris ton nom Sur mes refuges détruits Sur mes phares écroulés Sur les murs de mon ennui J'écris ton nom Sur l'absence sans désir Sur la solitude nue Sur les marches de la mort J'écris ton nom Sur la santé revenue Sur le risque disparu Sur l'espoir sans souvenir J'écris ton nom Et par le pouvoir d'un mot Je recommence ma vie Je suis né pour te connaître Pour te nommer Liberté.

Écrivant: Eluard Époque: 1900s (20th century) Mouvement: le surrealisme Sens: exprimer les pensees, libre, pas de rime, pas de ponctuation, patterne (les champs lexicaux), refrain et repetition poem politique cet strophe est abstrait: un peu surrealist/mysterieux il sont obsede par la liberty instead of a femme Il parle sur la liberté comme elle est un femme il est un poeme politique mais it reads like a love poem Pas de ponctuation sur le poeme Importance:

Les Conquérants Comme un vol de gerfauts hors du charnier natal, Fatigués de porter leurs misères hautaines, De Palos de Moguer, routiers et capitaines Partaient, ivres d'un rêve héroïque et brutal. Ils allaient conquérir le fabuleux métal Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines, Et les vents alizés inclinaient leurs antennes Aux bords mystérieux du monde Occidental. Chaque soir, espérant des lendemains épiques, L'azur phosphorescent de la mer des Tropiques Enchantait leur sommeil d'un mirage doré ; Ou penchés à l'avant des blanches caravelles, Ils regardaient monter en un ciel ignoré Du fond de l'Océan des étoiles nouvelles.

Écrivant: Heredia Époque: 1800s (19th century) Mouvement: pas de mouvement Sens: l'exotisme, le mystere, les rimes riches Importance:

Booz Endormi Booz s'était couché de fatigue accablé ; Il avait tout le jour travaillé dans son aire ; Puis avait fait son lit à sa place ordinaire ; Booz dormait auprès des boisseaux pleins de blé. Ce vieillard possédait des champs de blés et d'orge ; Il était, quoique riche, à la justice enclin ; Il n'avait pas de fange en l'eau de son moulin ; Il n'avait pas d'enfer dans le feu de sa forge. Sa barbe était d'argent comme un ruisseau d'avril. Sa gerbe n'était point avare ni haineuse ; Quand il voyait passer quelque pauvre glaneuse : - Laissez tomber exprès des épis, disait-il. Cet homme marchait pur loin des sentiers obliques, Vêtu de probité candide et de lin blanc ; Et, toujours du côté des pauvres ruisselant, Ses sacs de grains semblaient des fontaines publiques. Booz était bon maître et fidèle parent ; Il était généreux, quoiqu'il fût économe ; Les femmes regardaient Booz plus qu'un jeune homme, Car le jeune homme est beau, mais le vieillard est grand. Le vieillard, qui revient vers la source première, Entre aux jours éternels et sort des jours changeants ; Et l'on voit de la flamme aux yeux des jeunes gens, Mais dans l'oeil du vieillard on voit de la lumière. Donc, Booz dans la nuit dormait parmi les siens ; Près des meules, qu'on eût prises pour des décombres, Les moissonneurs couchés faisaient des groupes sombres ; Et ceci se passait dans des temps très anciens. Les tribus d'Israël avaient pour chef un juge ; La terre, où l'homme errait sous la tente, inquiet Des empreintes de pieds de géants qu'il voyait, Etait mouillée encore et molle du déluge. Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ; Or, la porte du ciel s'étant entre-bâillée Au-dessus de sa tête, un songe en descendit. Et ce songe était tel, que Booz vit un chêne Qui, sorti de son ventre, allait jusqu'au ciel bleu ; Une race y montait comme une longue chaîne ; Un roi chantait en bas, en haut mourait un dieu. Et Booz murmurait avec la voix de l'âme : " Comment se pourrait-il que de moi ceci vînt ? Le chiffre de mes ans a passé quatre-vingt, Et je n'ai pas de fils, et je n'ai plus de femme. " Voilà longtemps que celle avec qui j'ai dormi, O Seigneur ! a quitté ma couche pour la vôtre ; Et nous sommes encor tout mêlés l'un à l'autre, Elle à demi vivante et moi mort à demi. " Une race naîtrait de moi ! Comment le croire ? Comment se pourrait-il que j'eusse des enfants ? Quand on est jeune, on a des matins triomphants ; Le jour sort de la nuit comme d'une victoire ; Mais vieux, on tremble ainsi qu'à l'hiver le bouleau ; Je suis veuf, je suis seul, et sur moi le soir tombe, Et je courbe, ô mon Dieu ! mon âme vers la tombe, Comme un boeuf ayant soif penche son front vers l'eau. " Ainsi parlait Booz dans le rêve et l'extase, Tournant vers Dieu ses yeux par le sommeil noyés ; Le cèdre ne sent pas une rose à sa base, Et lui ne sentait pas une femme à ses pieds. Pendant qu'il sommeillait, Ruth, une moabite, S'était couchée aux pieds de Booz, le sein nu, Espérant on ne sait quel rayon inconnu, Quand viendrait du réveil la lumière subite. Booz ne savait point qu'une femme était là, Et Ruth ne savait point ce que Dieu voulait d'elle. Un frais parfum sortait des touffes d'asphodèle ; Les souffles de la nuit flottaient sur Galgala. L'ombre était nuptiale, auguste et solennelle ; Les anges y volaient sans doute obscurément, Car on voyait passer dans la nuit, par moment, Quelque chose de bleu qui paraissait une aile. La respiration de Booz qui dormait Se mêlait au bruit sourd des ruisseaux sur la mousse. On était dans le mois où la nature est douce, Les collines ayant des lys sur leur sommet. Ruth songeait et Booz dormait ; l'herbe était noire ; Les grelots des troupeaux palpitaient vaguement ; Une immense bonté tombait du firmament ; C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ; Les astres émaillaient le ciel profond et sombre ; Le croissant fin et clair parmi ces fleurs de l'ombre Brillait à l'occident, et Ruth se demandait, Immobile, ouvrant l'oeil à moitié sous ses voiles, Quel dieu, quel moissonneur de l'éternel été, Avait, en s'en allant, négligemment jeté Cette faucille d'or dans le champ des étoiles.

Écrivant: Hugo Époque: 1800s (19th century) Mouvement: le romantisme Sens: l'histoire biblical du booz et ruth Importance:

Demain dès l'Aube Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends. J'irai par la forêt, j'irai par la montagne. Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps. Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées, Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit, Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées, Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit. Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe, Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur, Et quand j'arriverai, je mettrai sur ta tombe Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Écrivant: Hugo Époque: 1800s (19th century) Mouvement: le romantisme Sens: les emotions (triste), la nature, une experience personnelle (la mort de sa fille) Importance:

La Mort et le Bucheron Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée, Sous le faix du fagot aussi bien que des ans Gémissant et courbé marchait à pas pesants, Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée. Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur, Il met bas son fagot, il songe à son malheur. Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ? En est-il un plus pauvre en la machine ronde ? Point de pain quelquefois, et jamais de repos. Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts, Le créancier, et la corvée Lui font d'un malheureux la peinture achevée. Il appelle la mort, elle vient sans tarder, Lui demande ce qu'il faut faire C'est, dit-il, afin de m'aider A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère. Le trépas vient tout guérir ; Mais ne bougeons d'où nous sommes. Plutôt souffrir que mourir, C'est la devise des hommes.

Écrivant: La Fontaine Époque: 1621-1695 Mouvement: Classicisme (l'influence d'Aesop) Sens: L'homme souffre dans la vie, mais il est meilleur de souffre que mourir/la vie est meilleure que la mort Importance:

Les Animaux Malades de la Peste Un mal qui répand la terreur, Mal que le Ciel en sa fureur Inventa pour punir les crimes de la terre, La Peste (puisqu'il faut l'appeler par son nom) Capable d'enrichir en un jour l'Achéron, Faisait aux animaux la guerre. Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés : On n'en voyait point d'occupés A chercher le soutien d'une mourante vie ; Nul mets n'excitait leur envie ; Ni Loups ni Renards n'épiaient La douce et l'innocente proie. Les Tourterelles se fuyaient : Plus d'amour, partant plus de joie. Le Lion tint conseil, et dit : Mes chers amis, Je crois que le Ciel a permis Pour nos péchés cette infortune ; Que le plus coupable de nous Se sacrifie aux traits du céleste courroux, Peut-être il obtiendra la guérison commune. L'histoire nous apprend qu'en de tels accidents On fait de pareils dévouements : Ne nous flattons donc point ; voyons sans indulgence L'état de notre conscience. Pour moi, satisfaisant mes appétits gloutons J'ai dévoré force moutons. Que m'avaient-ils fait ? Nulle offense : Même il m'est arrivé quelquefois de manger Le Berger. Je me dévouerai donc, s'il le faut ; mais je pense Qu'il est bon que chacun s'accuse ainsi que moi : Car on doit souhaiter selon toute justice Que le plus coupable périsse. - Sire, dit le Renard, vous êtes trop bon Roi ; Vos scrupules font voir trop de délicatesse ; Eh bien, manger moutons, canaille, sotte espèce, Est-ce un péché ? Non, non. Vous leur fîtes Seigneur En les croquant beaucoup d'honneur. Et quant au Berger l'on peut dire Qu'il était digne de tous maux, Etant de ces gens-là qui sur les animaux Se font un chimérique empire. Ainsi dit le Renard, et flatteurs d'applaudir. On n'osa trop approfondir Du Tigre, ni de l'Ours, ni des autres puissances, Les moins pardonnables offenses. Tous les gens querelleurs, jusqu'aux simples mâtins, Au dire de chacun, étaient de petits saints. L'Ane vint à son tour et dit : J'ai souvenance Qu'en un pré de Moines passant, La faim, l'occasion, l'herbe tendre, et je pense Quelque diable aussi me poussant, Je tondis de ce pré la largeur de ma langue. Je n'en avais nul droit, puisqu'il faut parler net. A ces mots on cria haro sur le baudet. Un Loup quelque peu clerc prouva par sa harangue Qu'il fallait dévouer ce maudit animal, Ce pelé, ce galeux, d'où venait tout leur mal. Sa peccadille fut jugée un cas pendable. Manger l'herbe d'autrui ! quel crime abominable ! Rien que la mort n'était capable D'expier son forfait : on le lui fit bien voir. Selon que vous serez puissant ou misérable, Les jugements de cour vous rendront blanc ou noir.

Écrivant: La Fontaine Époque: 1621-1695 Mouvement: Classicisme (l'influence d'Aesop) Sens: une fable (une morale), les animaux (satire, contraste), la justice n'est pas juste/Se moque la société/ Accuser les faibles - faire des boucs émissaires Importance:

L'Automne Salut ! bois couronnés d'un reste de verdure ! Feuillages jaunissants sur les gazons épars ! Salut, derniers beaux jours ! Le deuil de la nature Convient à la douleur et plaît à mes regards ! Je suis d'un pas rêveur le sentier solitaire, J'aime à revoir encor, pour la dernière fois, Ce soleil pâlissant, dont la faible lumière Perce à peine à mes pieds l'obscurité des bois ! Oui, dans ces jours d'automne où la nature expire, A ses regards voilés, je trouve plus d'attraits, C'est l'adieu d'un ami, c'est le dernier sourire Des lèvres que la mort va fermer pour jamais ! Ainsi, prêt à quitter l'horizon de la vie, Pleurant de mes longs jours l'espoir évanoui, Je me retourne encore, et d'un regard d'envie Je contemple ses biens dont je n'ai pas joui ! Terre, soleil, vallons, belle et douce nature, Je vous dois une larme aux bords de mon tombeau ; L'air est si parfumé ! la lumière est si pure ! Aux regards d'un mourant le soleil est si beau ! Je voudrais maintenant vider jusqu'à la lie Ce calice mêlé de nectar et de fiel ! Au fond de cette coupe où je buvais la vie, Peut-être restait-il une goutte de miel ? Peut-être l'avenir me gardait-il encore Un retour de bonheur dont l'espoir est perdu ? Peut-être dans la foule, une âme que j'ignore Aurait compris mon âme, et m'aurait répondu ? ... La fleur tombe en livrant ses parfums au zéphire ; A la vie, au soleil, ce sont là ses adieux ; Moi, je meurs; et mon âme, au moment qu'elle expire, S'exhale comme un son triste et mélodieux.

Écrivant: Lamartine Époque: 1800s (19th century) Mouvement: Romantisme Sens: Importance:

Le Lac Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages, Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour ? Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière, Et près des flots chéris qu'elle devait revoir, Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir ! Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes, Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés, Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes Sur ses pieds adorés. Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux. Tout à coup des accents inconnus à la terre Du rivage charmé frappèrent les échos ; Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère Laissa tomber ces mots : " Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices ! Suspendez votre cours : Laissez-nous savourer les rapides délices Des plus beaux de nos jours ! " Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux ; Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent ; Oubliez les heureux. " Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit ; Je dis à cette nuit : Sois plus lente ; et l'aurore Va dissiper la nuit. " Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons ! L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive ; Il coule, et nous passons ! " Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse Que les jours de malheur ? Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace ? Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus ! Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface, Ne nous les rendra plus ! Éternité, néant, passé, sombres abîmes, Que faites-vous des jours que vous engloutissez ? Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes Que vous nous ravissez ? Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure ! Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir, Gardez de cette nuit, gardez, belle nature, Au moins le souvenir ! Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages, Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux, Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages Qui pendent sur tes eaux. Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés. Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire, Que les parfums légers de ton air embaumé, Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire, Tout dise : Ils ont aimé !

Écrivant: Lamartine Époque: 19eme Mouvement: Romantisme Sens: La nature ne change pas c'est l'homme, le carpe diem, la nature Importance:

Midi Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine, Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu. Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ; La Terre est assoupie en sa robe de feu. L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre, Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ; La lointaine forêt, dont la lisière est sombre, Dort là-bas, immobile, en un pesant repos. Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée, Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ; Pacifiques enfants de la Terre sacrée, Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil. Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante, Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux, Une ondulation majestueuse et lente S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux. Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes, Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais. Homme, si, le coeur plein de joie ou d'amertume, Tu passais vers midi dans les champs radieux, Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume : Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux. Mais si, désabusé des larmes et du rire, Altéré de l'oubli de ce monde agité, Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, Goûter une suprême et morne volupté, Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le coeur trempé sept fois dans le Néant divin.

Écrivant: Leconte de Lisle Époque: 1800s (19th century) Mouvement:le Parnasse Sens: impersonnel, precis, la belle structure, le vocabulaire, la nature a midi Importance:

L'Azur De l'éternel azur la sereine ironie Accable, belle indolemment comme les fleurs, Le poëte impuissant qui maudit son génie À travers un désert stérile de Douleurs. Fuyant, les yeux fermés, je le sens qui regarde Avec l'intensité d'un remords atterrant, Mon âme vide. Où fuir? Et quelle nuit hagarde Jeter, lambeaux, jeter sur ce mépris navrant? Brouillards, montez! Versez vos cendres monotones Avec de longs haillons de brume dans les cieux Qui noiera le marais livide des automnes Et bâtissez un grand plafond silencieux! Et toi, sors des étangs léthéens et ramasse En t'en venant la vase et les pâles roseaux, Cher Ennui, pour boucher d'une main jamais lasse Les grands trous bleus que font méchamment les oiseaux. Encor! que sans répit les tristes cheminées Fument, et que de suie une errante prison Éteigne dans l'horreur de ses noires traînées Le soleil se mourant jaunâtre à l'horizon! - Le Ciel est mort. - Vers toi, j'accours! donne, ô matière, L'oubli de l'Idéal cruel et du Péché À ce martyr qui vient partager la litière Où le bétail heureux des hommes est couché, Car j'y veux, puisque enfin ma cervelle, vidée Comme le pot de fard gisant au pied d'un mur, N'a plus l'art d'attifer la sanglotante idée, Lugubrement bâiller vers un trépas obscur... En vain! l'Azur triomphe, et je l'entends qui chante Dans les cloches. Mon âme, il se fait voix pour plus Nous faire peur avec sa victoire méchante, Et du métal vivant sort en bleus angelus! Il roule par la brume, ancien et traverse Ta native agonie ainsi qu'un glaive sûr; Où fuir dans la révolte inutile et perverse? Je suis hanté. L'Azur! l'Azur! l'Azur! l'Azur!

Écrivant: Mallarmé Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: la perfection qu'il ne peut pas atteindre, precis (vocabulaire, structure), l'etre, les souffrances Importance:

La Nuit de Mai LA MUSE Poète, prends ton luth et me donne un baiser ; La fleur de l'églantier sent ses bourgeons éclore, Le printemps naît ce soir ; les vents vont s'embraser ; Et la bergeronnette, en attendant l'aurore, Aux premiers buissons verts commence à se poser. Poète, prends ton luth, et me donne un baiser. LE POÈTE Comme il fait noir dans la vallée ! J'ai cru qu'une forme voilée Flottait là-bas sur la forêt. Elle sortait de la prairie ; Son pied rasait l'herbe fleurie ; C'est une étrange rêverie ; Elle s'efface et disparaît. LA MUSE Poète, prends ton luth ; la nuit, sur la pelouse, Balance le zéphyr dans son voile odorant. La rose, vierge encor, se referme jalouse Sur le frelon nacré qu'elle enivre en mourant. Écoute ! tout se tait ; songe à ta bien-aimée. Ce soir, sous les tilleuls, à la sombre ramée Le rayon du couchant laisse un adieu plus doux. Ce soir, tout va fleurir : l'immortelle nature Se remplit de parfums, d'amour et de murmure, Comme le lit joyeux de deux jeunes époux. LE POÈTE Pourquoi mon coeur bat-il si vite ? Qu'ai-je donc en moi qui s'agite Dont je me sens épouvanté ? Ne frappe-t-on pas à ma porte ? Pourquoi ma lampe à demi morte M'éblouit-elle de clarté ? Dieu puissant ! tout mon corps frissonne. Qui vient ? qui m'appelle ? - Personne. Je suis seul ; c'est l'heure qui sonne ; Ô solitude ! ô pauvreté ! LA MUSE Poète, prends ton luth ; le vin de la jeunesse Fermente cette nuit dans les veines de Dieu. Mon sein est inquiet ; la volupté l'oppresse, Et les vents altérés m'ont mis la lèvre en feu. Ô paresseux enfant ! regarde, je suis belle. Notre premier baiser, ne t'en souviens-tu pas, Quand je te vis si pâle au toucher de mon aile, Et que, les yeux en pleurs, tu tombas dans mes bras ? Ah ! je t'ai consolé d'une amère souffrance ! Hélas ! bien jeune encor, tu te mourais d'amour. Console-moi ce soir, je me meurs d'espérance ; J'ai besoin de prier pour vivre jusqu'au jour. LE POÈTE Est-ce toi dont la voix m'appelle, Ô ma pauvre Muse ! est-ce toi ? Ô ma fleur ! ô mon immortelle ! Seul être pudique et fidèle Où vive encor l'amour de moi ! Oui, te voilà, c'est toi, ma blonde, C'est toi, ma maîtresse et ma soeur ! Et je sens, dans la nuit profonde, De ta robe d'or qui m'inonde Les rayons glisser dans mon coeur. LA MUSE Poète, prends ton luth ; c'est moi, ton immortelle, Qui t'ai vu cette nuit triste et silencieux, Et qui, comme un oiseau que sa couvée appelle, Pour pleurer avec toi descends du haut des cieux. Viens, tu souffres, ami. Quelque ennui solitaire Te ronge, quelque chose a gémi dans ton coeur ; Quelque amour t'est venu, comme on en voit sur terre, Une ombre de plaisir, un semblant de bonheur. Viens, chantons devant Dieu ; chantons dans tes pensées, Dans tes plaisirs perdus, dans tes peines passées ; Partons, dans un baiser, pour un monde inconnu, Éveillons au hasard les échos de ta vie, Parlons-nous de bonheur, de gloire et de folie, Et que ce soit un rêve, et le premier venu. Inventons quelque part des lieux où l'on oublie ; Partons, nous sommes seuls, l'univers est à nous. Voici la verte Écosse et la brune Italie, Et la Grèce, ma mère, où le miel est si doux, Argos, et Ptéléon, ville des hécatombes, Et Messa la divine, agréable aux colombes, Et le front chevelu du Pélion changeant ; Et le bleu Titarèse, et le golfe d'argent Qui montre dans ses eaux, où le cygne se mire, La blanche Oloossone à la blanche Camyre. Dis-moi, quel songe d'or nos chants vont-ils bercer ? D'où vont venir les pleurs que nous allons verser ? Ce matin, quand le jour a frappé ta paupière, Quel séraphin pensif, courbé sur ton chevet, Secouait des lilas dans sa robe légère, Et te contait tout bas les amours qu'il rêvait ? Chanterons-nous l'espoir, la tristesse ou la joie ? Tremperons-nous de sang les bataillons d'acier ? Suspendrons-nous l'amant sur l'échelle de soie ? Jetterons-nous au vent l'écume du coursier ? Dirons-nous quelle main, dans les lampes sans nombre De la maison céleste, allume nuit et jour L'huile sainte de vie et d'éternel amour ? Crierons-nous à Tarquin : " Il est temps, voici l'ombre ! " Descendrons-nous cueillir la perle au fond des mers ? Mènerons-nous la chèvre aux ébéniers amers ? Montrerons-nous le ciel à la Mélancolie ? Suivrons-nous le chasseur sur les monts escarpés ? La biche le regarde ; elle pleure et supplie ; Sa bruyère l'attend ; ses faons sont nouveau-nés ; Il se baisse, il l'égorge, il jette à la curée Sur les chiens en sueur son coeur encor vivant. Peindrons-nous une vierge à la joue empourprée, S'en allant à la messe, un page la suivant, Et d'un regard distrait, à côté de sa mère, Sur sa lèvre entr'ouverte oubliant sa prière ? Elle écoute en tremblant, dans l'écho du pilier, Résonner l'éperon d'un hardi cavalier. Dirons-nous aux héros des vieux temps de la France De monter tout armés aux créneaux de leurs tours, Et de ressusciter la naïve romance Que leur gloire oubliée apprit aux troubadours ? Vêtirons-nous de blanc une molle élégie ? L'homme de Waterloo nous dira-t-il sa vie, Et ce qu'il a fauché du troupeau des humains Avant que l'envoyé de la nuit éternelle Vînt sur son tertre vert l'abattre d'un coup d'aile, Et sur son coeur de fer lui croiser les deux mains ? Clouerons-nous au poteau d'une satire altière Le nom sept fois vendu d'un pâle pamphlétaire, Qui, poussé par la faim, du fond de son oubli, S'en vient, tout grelottant d'envie et d'impuissance, Sur le front du génie insulter l'espérance, Et mordre le laurier que son souffle a sali ? Prends ton luth ! prends ton luth ! je ne peux plus me taire ; Mon aile me soulève au souffle du printemps. Le vent va m'emporter ; je vais quitter la terre. Une larme de toi ! Dieu m'écoute ; il est temps. LE POÈTE S'il ne te faut, ma soeur chérie, Qu'un baiser d'une lèvre amie Et qu'une larme de mes yeux, Je te les donnerai sans peine ; De nos amours qu'il te souvienne, Si tu remontes dans les cieux. Je ne chante ni l'espérance, Ni la gloire, ni le bonheur, Hélas ! pas même la souffrance. La bouche garde le silence Pour écouter parler le coeur. LA MUSE Crois-tu donc que je sois comme le vent d'automne, Qui se nourrit de pleurs jusque sur un tombeau, Et pour qui la douleur n'est qu'une goutte d'eau ? Ô poète ! un baiser, c'est moi qui te le donne. L'herbe que je voulais arracher de ce lieu, C'est ton oisiveté ; ta douleur est à Dieu. Quel que soit le souci que ta jeunesse endure, Laisse-la s'élargir, cette sainte blessure Que les noirs séraphins t'ont faite au fond du coeur : Rien ne nous rend si grands qu'une grande douleur. Mais, pour en être atteint, ne crois pas, ô poète, Que ta voix ici-bas doive rester muette. Les plus désespérés sont les chants les plus beaux, Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots. Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage, Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux, Ses petits affamés courent sur le rivage En le voyant au loin s'abattre sur les eaux. Déjà, croyant saisir et partager leur proie, Ils courent à leur père avec des cris de joie En secouant leurs becs sur leurs goitres hideux. Lui, gagnant à pas lents une roche élevée, De son aile pendante abritant sa couvée, Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux. Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte ; En vain il a des mers fouillé la profondeur ; L'Océan était vide et la plage déserte ; Pour toute nourriture il apporte son coeur. Sombre et silencieux, étendu sur la pierre Partageant à ses fils ses entrailles de père, Dans son amour sublime il berce sa douleur, Et, regardant couler sa sanglante mamelle, Sur son festin de mort il s'affaisse et chancelle, Ivre de volupté, de tendresse et d'horreur. Mais parfois, au milieu du divin sacrifice, Fatigué de mourir dans un trop long supplice, Il craint que ses enfants ne le laissent vivant ; Alors il se soulève, ouvre son aile au vent, Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage, Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu, Que les oiseaux des mers désertent le rivage, Et que le voyageur attardé sur la plage, Sentant passer la mort, se recommande à Dieu. Poète, c'est ainsi que font les grands poètes. Ils laissent s'égayer ceux qui vivent un temps ; Mais les festins humains qu'ils servent à leurs fêtes Ressemblent la plupart à ceux des pélicans. Quand ils parlent ainsi d'espérances trompées, De tristesse et d'oubli, d'amour et de malheur, Ce n'est pas un concert à dilater le coeur. Leurs déclamations sont comme des épées : Elles tracent dans l'air un cercle éblouissant, Mais il y pend toujours quelque goutte de sang. LE POÈTE Ô Muse ! spectre insatiable, Ne m'en demande pas si long. L'homme n'écrit rien sur le sable À l'heure où passe l'aquilon. J'ai vu le temps où ma jeunesse Sur mes lèvres était sans cesse Prête à chanter comme un oiseau ; Mais j'ai souffert un dur martyre, Et le moins que j'en pourrais dire, Si je l'essayais sur ma lyre, La briserait comme un roseau.

Écrivant: Musset Époque: 1800s (19th century) Mouvement: le romantisme Sens: les emotions (deprime, sombre, triste), l'inspiration, la renaissance (le printemps), symbolique, personnelle, la muse lui encourage d'écrire encore après perdre d'amour Importance:

Familiale La mère fait du tricot Le fils fait la guerre Elle trouve ça tout naturel la mère Et le père qu'est-ce qu'il fait le père ? Il fait des affaires Sa femme fait du tricot Son fils la guerre Lui des affaires Il trouve ça tout naturel le père Et le fils et le fils Qu'est-ce qu'il trouve le fils ? Il ne trouve rien absolument rien le fils Le fils sa mère fait du tricot son père fait des affaires lui la guerre Quand il aura fini la guerre Il fera des affaires avec son père La guerre continue la mère continue elle tricote Le père continue il fait des affaires Le fils est tué il ne continue plus Le père et la mère vont au cimetière Ils trouvent ça naturel le père et la mère La vie continue la vie avec le tricot la guerre les affaires Les affaires la guerre le tricot la guerre Les affaires les affaires et les affaires La vie avec le cimetière.

Écrivant: Prévert Époque: 1900s (20th century) Mouvement: le modernisme Sens: commentaire sur la guerre et la societe (c'est normal) Importance:

Le Cancre Il dit non avec la tête Mais il dit oui avec le cœur Il dit oui à ce qu'il aime Il dit non au professeur Il est debout On le questionne Et tous les problèmes sont posés Soudain le fou rire le prend Et il efface tout Les chiffres et les mots Les dates et les noms Les phrases et les pièges Et malgré les menaces du maître Sous les huées des enfants prodiges Avec des craies de toutes les couleurs Sur le tableau noir du malheur Il dessine le visage du bonheur.

Écrivant: Prévert Époque: 1900s (20th century) Mouvement: le modernisme Sens: libre, pas de rime, pas de ponctuation, pas de majuscules, utilise la conscience, la creativite est plus importante que l'intelligence, ironique/un mauvais eleve (un dunce)/le poet prefere des mauvais eleves /il est contre l'education traditionel/il préferé la beauté sur l'utilité Importance:

Voyelles A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes, Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrement divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

Écrivant: Rimbaud Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: la synesthesie, difficile a comprendre, une poeme d'amour Importance:

Le Bateau Ivre Comme je descendais des Fleuves impassibles, Je ne me sentis plus guidé par les haleurs : Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs. J'étais insoucieux de tous les équipages, Porteur de blés flamands ou de cotons anglais. Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais. Dans les clapotements furieux des marées Moi l'autre hiver plus sourd que les cerveaux d'enfants, Je courus ! Et les Péninsules démarrées N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants. La tempête a béni mes éveils maritimes. Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots ! Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sures, L'eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d'astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l'amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : Je sais le soir, L'aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes, Et j'ai vu quelque fois ce que l'homme a cru voir ! J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très-antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l'assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulement d'eau au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises ! Échouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés de punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants. - Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux... Presque île, balottant sur mes bords les querelles Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d'azur, Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l'Europe aux anciens parapets ! J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : - Est-ce en ces nuits sans fond que tu dors et t'exiles, Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ? - Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes. Toute lune est atroce et tout soleil amer : L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes. Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer ! Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai. Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

Écrivant: Rimbaud Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: prevision de sa vie et sa carriere, personnel, un grand metaphor, un voyage du drogue Importance:

Mignonne Allons Voir Mignonne, allons voir si la rose Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las ! las ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur la vieillesse Fera ternir vostre beauté.

Écrivant: Ronsard Époque: 1524-1585 Mouvement: La Pléiade (lyrisme) Sens: Une poème d'amour; carpe diem parce que la beauté est fugace et la vie est courte Importance:

Quand vous serez bien vieille Quand vous serez bien vieille, au soir, à la chandelle, Assise auprès du feu, dévidant et filant, Direz, chantant mes vers, en vous émerveillant : Ronsard me célébrait du temps que j'étais belle. Lors, vous n'aurez servante oyant telle nouvelle, Déjà sous le labeur à demi sommeillant, Qui au bruit de mon nom ne s'aille réveillant, Bénissant votre nom de louange immortelle. Je serai sous la terre et fantôme sans os : Par les ombres myrteux je prendrai mon repos : Vous serez au foyer une vieille accroupie, Regrettant mon amour et votre fier dédain. Vivez, si m'en croyez, n'attendez à demain : Cueillez dès aujourd'hui les roses de la vie.

Écrivant: Ronsard Époque: 1524-1585 Mouvement: La Pléiade (lyrisme) Sens: amoureuse; un poème qu'il parle sur la morts et les regrettes de la vie; grandeur du Poète/immortalité du Poète Importance:

Le Cimetière Marin Ce toit tranquille, où marchent des colombes, Entre les pins palpite, entre les tombes ; Midi le juste y compose de feux La mer, la mer, toujours recommencée Ô récompense après une pensée Qu'un long regard sur le calme des dieux ! Quel pur travail de fins éclairs consume Maint diamant d'imperceptible écume, Et quelle paix semble se concevoir ! Quand sur l'abîme un soleil se repose, Ouvrages purs d'une éternelle cause, Le Temps scintille et le Songe est savoir. Stable trésor, temple simple à Minerve, Masse de calme, et visible réserve, Eau sourcilleuse, œil qui gardes en toi Tant de sommeil sous un voile de flamme, Ô mon silence... ! Édifice dans l'âme, Mais comble d'or aux mille tuiles, Toit ! Temple du Temps, qu'un seul soupir résume, À ce point pur je monte et m'accoutume, Tout entouré de mon regard marin ; Et comme aux dieux mon offrande suprême, La scintillation sereine sème Sur l'altitude un dédain souverain. Comme le fruit se fond en jouissance, Comme en délice il change son absence Dans une bouche où sa forme se meurt, Je hume ici ma future fumée, Et le ciel chante à l'âme consumée Le changement des rives en rumeur. Beau ciel, vrai ciel, regarde-moi qui change ! Après tant d'orgueil, après tant d'étrange Oisiveté, mais pleine de pouvoir, Je m'abandonne à ce brillant espace, Sur les maisons des morts mon ombre passe Qui m'apprivoise à son frêle mouvoir. L'âme exposée aux torches du solstice, Je te soutiens, admirable justice De la lumière aux armes sans pitié ! Je te rends pure à ta place première, Regarde-toi... ! Mais rendre la lumière Suppose d'ombre une morne moitié. Ô pour moi seul, à moi seul, en moi-même, Auprès d'un coeur, aux sources du poème, Entre le vide et l'événement pur, J'attends l'écho de ma grandeur interne, Amère, sombre, et sonore citerne, Sonnant dans l'âme un creux toujours futur ! Sais-tu, fausse captive des feuillages, Golfe mangeur de ces maigres grillages, Sur mes yeux clos, secrets éblouissants, Quel corps me traîne à sa fin paresseuse, Quel front l'attire à cette terre osseuse ? Une étincelle y pense à mes absents. Fermé, sacré, plein d'un feu sans matière, Fragment terrestre offert à la lumière, Ce lieu me plaît, dominé de flambeaux, Composé d'or, de pierre et d'arbres sombres, Où tant de marbre est tremblant sur tant d'ombres ; La mer fidèle y dort sur mes tombeaux ! Chienne splendide, écarte l'idolâtre ! Quand solitaire au sourire de pâtre, Je pais longtemps, moutons mystérieux, Le blanc troupeau de mes tranquilles tombes, Éloignes-en les prudentes colombes, Les songes vains, les anges curieux ! Ici venu, l'avenir est paresse. L'insecte net gratte la sécheresse ; Tout est brûlé, défait, reçu dans l'air À je ne sais quelle sévère essence... La vie est vaste, étant ivre d'absence, Et l'amertume est douce, et l'esprit clair. Les morts cachés sont bien dans cette terre Qui les réchauffe et sèche leur mystère. Midi là-haut, Midi sans mouvement En soi se pense et convient à soi-même... Tête complète et parfait diadème, Je suis en toi le secret changement. Tu n'as que moi pour contenir tes craintes ! Mes repentirs, mes doutes, mes contraintes Sont le défaut de ton grand diamant... Mais dans leur nuit toute lourde de marbres, Un peuple vague aux racines des arbres A pris déjà ton parti lentement. Ils ont fondu dans une absence épaisse, L'argile rouge a bu la blanche espèce, Le don de vivre a passé dans les fleurs ! Où sont des morts les phrases familières, L'art personnel, les âmes singulières ? La larve file où se formaient les pleurs. Les cris aigus des filles chatouillées, Les yeux, les dents, les paupières mouillées, Le sein charmant qui joue avec le feu, Le sang qui brille aux lèvres qui se rendent, Les derniers dons, les doigts qui les défendent, Tout va sous terre et rentre dans le jeu ! Et vous, grande âme, espérez-vous un songe Qui n'aura plus ces couleurs de mensonge Qu'aux yeux de chair l'onde et l'or font ici ? Chanterez-vous quand serez vaporeuse ? Allez ! Tout fuit ! Ma présence est poreuse, La sainte impatience meurt aussi ! Maigre immortalité noire et dorée, Consolatrice affreusement laurée, Qui de la mort fais un sein maternel, Le beau mensonge et la pieuse ruse! Qui ne connaît, et qui ne les refuse, Ce crâne vide et ce rire éternel ! Pères profonds, têtes inhabitées, Qui sous le poids de tant de pelletées, Êtes la terre et confondez nos pas, Le vrai rongeur, le ver irréfutable N'est point pour vous qui dormez sous la table, Il vit de vie, il ne me quitte pas! Amour, peut-être, ou de moi-même haine? Sa dent secrète est de moi si prochaine Que tous les noms lui peuvent convenir ! Qu'importe ! Il voit, il veut, il songe, il touche ! Ma chair lui plaît, et jusque sur ma couche, À ce vivant je vis d'appartenir! Zénon ! Cruel Zénon ! Zénon d'Êlée ! M'as-tu percé de cette flèche ailée Qui vibre, vole, et qui ne vole pas ! Le son m'enfante et la flèche me tue ! Ah ! le soleil... Quelle ombre de tortue Pour l'âme, Achille immobile à grands pas ! Non, non... ! Debout ! Dans l'ère successive ! Brisez, mon corps, cette forme pensive ! Buvez, mon sein, la naissance du vent ! Une fraîcheur, de la mer exhalée, Me rend mon âme... Ô puissance salée ! Courons à l'onde en rejaillir vivant. Oui ! Grande mer de délires douée, Peau de panthère et chlamyde trouée, De mille et mille idoles du soleil, Hydre absolue, ivre de ta chair bleue, Qui te remords l'étincelante queue Dans un tumulte au silence pareil, Le vent se lève... ! Il faut tenter de vivre ! L'air immense ouvre et referme mon livre, La vague en poudre ose jaillir des rocs ! Envolez-vous, pages tout éblouies ! Rompez, vagues ! Rompez d'eaux réjouies Ce toit tranquille où picoraient des focs !

Écrivant: Valéry Époque: 1900s (20th century) Mouvement: pas un mouvement, mais il a écrit comme un classique Sens: la structure classique, l'ideal de la poesie, la mort v. la vie, la condition humaine, le carpe diem Importance:

Il Pleure dans Mon Cœur Il pleure dans mon coeur Comme il pleut sur la ville ; Quelle est cette langueur Qui pénètre mon coeur ? Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un coeur qui s'ennuie, Ô le chant de la pluie ! Il pleure sans raison Dans ce coeur qui s'écoeure. Quoi ! nulle trahison ?... Ce deuil est sans raison. C'est bien la pire peine De ne savoir pourquoi Sans amour et sans haine Mon coeur a tant de peine !

Écrivant: Verlaine Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: le desespoir, la melancolie/depression, clair, symbolique, personnel Importance:

Chanson d'Automne Les sanglots longs Des violons De l'automne Blessent mon coeur D'une langueur Monotone. Tout suffocant Et blême, quand Sonne l'heure, Je me souviens Des jours anciens Et je pleure Et je m'en vais Au vent mauvais Qui m'emporte Deçà, delà, Pareil à la Feuille morte.

Écrivant: Verlaine Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: son dépression à cause d'alcool/le regret/lyrisme Importance:

Art Poétique De la musique avant toute chose, Et pour cela préfère l'Impair Plus vague et plus soluble dans l'air, Sans rien en lui qui pèse ou qui pose. Il faut aussi que tu n'ailles point Choisir tes mots sans quelque méprise : Rien de plus cher que la chanson grise Où l'Indécis au Précis se joint. C'est des beaux yeux derrière des voiles, C'est le grand jour tremblant de midi, C'est, par un ciel d'automne attiédi, Le bleu fouillis des claires étoiles ! Car nous voulons la Nuance encor, Pas la Couleur, rien que la nuance ! Oh ! la nuance seule fiance Le rêve au rêve et la flûte au cor ! Fuis du plus loin la Pointe assassine, L'Esprit cruel et le Rire impur, Qui font pleurer les yeux de l'Azur, Et tout cet ail de basse cuisine ! Prends l'éloquence et tords-lui son cou ! Tu feras bien, en train d'énergie, De rendre un peu la Rime assagie. Si l'on n'y veille, elle ira jusqu'où ? O qui dira les torts de la Rime ? Quel enfant sourd ou quel nègre fou Nous a forgé ce bijou d'un sou Qui sonne creux et faux sous la lime ? De la musique encore et toujours ! Que ton vers soit la chose envolée Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée Vers d'autres cieux à d'autres amours. Que ton vers soit la bonne aventure Eparse au vent crispé du matin Qui va fleurant la menthe et le thym... Et tout le reste est littérature.

Écrivant: Verlaine Époque: 1800s (19th century) Mouvement: symbolisme Sens: symbolisme, la distinction entre la poesie et la litterature (la rime, la liberte) Importance:

La Mort du Loup I Les nuages couraient sur la lune enflammée Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée, Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon. Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon, Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes, Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes, Nous avons aperçu les grands ongles marqués Par les loups voyageurs que nous avions traqués. Nous avons écouté, retenant notre haleine Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement La girouette en deuil criait au firmament ; Car le vent élevé bien au dessus des terres, N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires, Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés, Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés. Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête, Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt, Lui que jamais ici on ne vit en défaut, A déclaré tout bas que ces marques récentes Annonçait la démarche et les griffes puissantes De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux. Nous avons tous alors préparé nos couteaux, Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches, Nous allions pas à pas en écartant les branches. Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient, J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient, Et je vois au delà quatre formes légères Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères, Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux, Quand le maître revient, les lévriers joyeux. Leur forme était semblable et semblable la danse ; Mais les enfants du loup se jouaient en silence, Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi, Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi. Le père était debout, et plus loin, contre un arbre, Sa louve reposait comme celle de marbre Qu'adorait les romains, et dont les flancs velus Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus. Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées. Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris, Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ; Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante, Du chien le plus hardi la gorge pantelante Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer, Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles, Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles, Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé, Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé. Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde. Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde, Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ; Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant. Il nous regarde encore, ensuite il se recouche, Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche, Et, sans daigner savoir comment il a péri, Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri. II J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre, Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois, Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois, Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ; Mais son devoir était de les sauver, afin De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim, A ne jamais entrer dans le pacte des villes Que l'homme a fait avec les animaux serviles Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher, Les premiers possesseurs du bois et du rocher. Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes, Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes ! Comment on doit quitter la vie et tous ses maux, C'est vous qui le savez, sublimes animaux ! A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse. - Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur, Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur ! Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive, A force de rester studieuse et pensive, Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté. Gémir, pleurer, prier est également lâche. Fais énergiquement ta longue et lourde tâche Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler, Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler. "

Écrivant: Vigny Époque: 1800s (19th century) Mouvement: le romantisme Sens: l'honneur, la gravite (sombre), symbolique, pas des emotions Importance:

La Testament En l'an trentième de mon âge Que toutes mes hontes j'eus bues, Ne du tout fol, ne du tout sage, Non obstant maintes peines eues, Lesquelles j'ai toutes reçues Sous la main Thibaut d'Aussigny... S'evêque il est, seignant (*) les rues, *bénissant Qu'il soit le mien je le regny! 2 Mon seigneur n'est ne mon evêque; Sous lui ne tiens, s'il n'est en friche (*); (*) Sous lui je ne tiens fief, sinon en friche Foi ne lui dois n'hommage avecque; Je ne suis son serf ne sa biche. Pû (*) m'a d'une petite miche *nourri Et de froide eau tout un été. Large ou étroit, mout me fut chiche: Tel lui soit Dieu qu'il m'a été. 3 Et s'aucun me vouloit reprendre Et dire que je le maudis, Non fais, se bien le sait comprendre, En rien de lui je ne médis. Veci tout le mal que j'en dis: S'il m'a été miséricors, Jésus, le roi de paradis, Tel lui soit à l'âme et au corps! 4 Et s'été m'a dur et cruel Trop plus que ci ne le raconte, Je veuil que le Dieu eternel Lui soit donc semblable à ce compte... Et l' Eglise nous dit et conte Que prions pour nos ennemis ! Je vous dirai: "J'ai tort et honte, Quoi qu'il m'ait fait, à Dieu remis!" 5 Si prierai pour lui de bon cœur, Par l'âme du bon feu Cotard ! Mais quoi ! ce sera donc par cœur, Car de lire je suis fétard (*) (*) paresseux Prière en ferai de Picard (*) ; (*) qu'on entend pas S'il ne le sait, voise l'apprendre, S'il m'en croit, ains (*) à qu'il soit plus tard, (*) avant A Douai ou à Lille en Flandre ! 6 Combien, se ouïr veut qu'on prie Pour lui, foi que dois mon baptême ! Obstant (*) qu'à chacun ne ne le crie, (*) quoique Il ne faudra pas à son ême (*) (*) ne se trompera pas dans son calcul Ou Psautier prends, quand suis à même, Qui n'est de bœuf ne cordouan, Le versetécrit septième Du psëaume Deus laudem. 7 Si prie au benoît fils de Dieu, Qu'à tous mes besoins je réclame, Que ma pauvre prière ait lieu Vers lui, de qui tiens corps et âme, Qui m'a préservé de maint blâme Et franchi (*) de vile puissance, (*) affranchi Loué soit il, et Notre Dame, Et Loïs, le bon roi de France ! 8 Auquel doint Dieu l'heur de Jacob Et de Salmon l'honneur et gloire (Quant de proesse, il en a trop, De force aussi, par m'âme, voire !) En ce monde ci transitoire, Tant qu'il a de long et de lé (*) (*) large Afin que de lui soit mémoire, Vivre autant que Mathusalé ! 9 Et douze beaux enfants, tous mâles, Voire de son cher sang royal, Aussi preux que le fut le grand Charles Conçus en son ventre nuptial, Bons comme fut saint Martial ! Ainsi en preigne (*) au feu dauphin ! (*) advienne Je ne lui souhaite d'autre mal, Et puis le Paradis en la fin. 10 Pour ce que foible je me sens Trop plus de biens que de santé, Tant que je suis en mon plein sens, Si peu que Dieu m'en a prêté, Car d'autre ne l'ai emprunté, J'ai ce Testament très estable Fait, de dernière voulenté, Seul pour tout et irrévocable. 11 Ecrit l'ai l'an soixante et un, Que le bon roi me délivra De la dure prison de Meun, Et que vie me recouvra, Dont suis, tant que mon cueur vivra, Tenu vers lui m'humilier, Ce que ferai tant qu'il mourra: Bienfait ne se doit oublier. 12 Or, est vrai qu'après plaints et pleurs Et angoisseux gémissements, Après tristesses et douleurs, Labeurs et griefs (*) cheminements, (*) pénibles Travail (*) mes lubres (**) sentements, (*) souffrance, (**) pénibles, instables Aiguisés comme une pelote, M'ouvrit plus que tous les comments D'Averroÿs sur Aristote. 13 Combien qu'au plus fort de mes maux, En cheminant sans croix ne pile (*), (*) argent Dieu, qui les pèlerins d'Emmaus Conforta, ce dit l'Evangile, Me montra une bonne ville Et pourvut du don d'espérance; Combien que, pécheur, soië vile, Rien ne hait que persévérance. 14 Je suis pécheur, je le sais bien; Pourtant ne veut pas Dieu ma mort, Mais convertisse et vive en bien, Et tout autre que péché mord. Combien qu'en péché soie mort, Dieu vit, et sa miséricorde, Se conscience me remord, Par sa grâce pardon m'accorde. 15 Et, comme le noble Romant De la Rose dit et confesse En son premier commencement Qu'on doit jeune cœur en jeunesse, Quand on le voit vieil en vieillesse, Excuser, hélas! il dit voir ; Ceux donc qui me font telle presse En murté (*) ne me voudroient voir. (*) maturité 16 Se, pour ma mort, le bien publique D'aucune chose vausit (*) mieux, (*) valût A mourir comme un homme inique Je me jugeasse, ainsi m'ait (*) Dieus ! (*) m'aide Griefs ne fais à jeunes ni vieux, Soie (*) sur pieds ou soie en bière: (*) que je sois Les monts ne bougent de leurs lieux Pour un pauvre, n'avant n'arrière. 17 Ou temps qu'Alixandre régna, Un hom nommé Diomédès Devant lui on lui amena, Engrillonné pouces et dès (*) (*) doigts Comme un larron, car il fut des Ecumeurs que voyons courir; Si fut mis devant ce cadès (*) (*)juge, capitaine Pour être jugé à mourir. 18 L'empereur si l'araisonna: "Pour quoi es tu larron en mer?" L'autre réponse lui donna: "Pour quoi larron me fais clamer? Pour ce qu'on me voit écumer En une petiote fuste (*)? (*) bateau long et étroit, construit pour la course Se comme toi me pusse armer, Comme toi empereur je fusse. 19 "Mais que veux tu ? De ma fortune Contre qui ne puis bonnement, Qui si faussement me fortune (*) (*) m'accable Me vient tout ce gouvernement. Excuse moi aucunement, Et sache qu'en grand pauvreté, Ce mot se dit communément, Ne gît pas grande loyauté." 20 Quand l'empereur ot remiré (*) (*) médité De Diomedès tout le dit: "Ta fortune je te muerai Mauvaise en bonne", si lui dit. Si fit il. Onc puis ne médit A personne, mais fut vrai homme, Valère pour vrai le baudit (*), (*) donne Qui fut nommé le grand à Rome. 21 Se Dieu m'eût donné rencontrer Un autre piteux (*) Alixandre (*) qui éprouve de la pitié Qui m'eût fait en bon heur entrer, Et lors qui m'eût vu condescendre A mal, être ars (*) et mis en cendre (*) brûlé Jugé me fusse de ma voix. Nécessité fait gens méprendre Et faim saillir le loup du bois 22 Je plains le temps de ma jeunesse Ouquel j'ai plus qu'autre galé (*) (*) me suis amusé Jusques a l'entrée de vieillesse Qui son partement (*) m'a celé. (*) départ Il ne s'en est à pied allé N'a cheval: hélas! comment don ? Soudainement s'en est volé Et ne m'a laissé quelque don. 23 Allé s'en est, et je demeure, Pauvre de sens et de savoir, Triste, failli (*), plus noir que meure (**), (*) découragé, (**) mûre Qui n'ai ne cens, rente n'avoir; Des miens le mendre (*), je dis voir (**), (*) le moindre, (**) vrai De me désavouer s'avance, Oubliant naturel devoir Par faute d'un peu de chevance (*). (*) ressources 24 Si ne crains avoir dépendu (*) (*) dépenser Par friander ne par lécher (*); (*)vivre dans le plaisir Par trop amer n'ai rien vendu Qu'amis me puissent reproucher, Au moins qui leur coûte mout cher. Je le dis et ne crois médire; De ce je me puis revencher (*): (*) défendre Qui n'a méfait ne le doit dire . 25 Bien est verté que j'ai amé Et ameroie voulentiers; Mais triste cœur, ventre affamé Qui n'est rassasié au tiers M'ôte des amoureux sentiers. Au fort, quelqu'un s'en récompense (*), (*) Après tout qu'il en profite Qui est rempli sur les chantiers (*) ! (*) Qui a le ventre plein ! Car la danse vient de la panse. 26 Hé ! Dieu, si j'eusse étudié Ou temps de ma jeunesse folle, Et a bonnes mœurs dédié, J'eusse maison et couche molle. Mais quoi? je fuyoië l'école, Comme fait le mauvais enfant. En écrivant cette parole A peu que le cœur ne me fend 27 Le dit du Sage trop le fis Favorable, (bien en puis mais!) Qui dit: "Ejouis toi, mon fils, En ton adolescence." mais Ailleurs sert bien d'un autre mets, Car "jeunesse et adolescence", C'est son parler, ne moins ne mais, "Ne sont qu'abus et ignorance." 28 "Mes jours s'en sont allés errant Comme, dit Job, d'une touaille (*) (*) pièce de toile Font les filets, quand tisserand En son poing tient ardente paille." Lors, s'il y a nul bout qui saille, Soudainement il le ravit. Si ne crains plus que rien m'assaille. Car à la mort tout s'assouvit. 29 Ou sont les gracieux gallants Que je suivoie au temps jadis, Si bien chantants, si bien parlants, Si plaisants en faits et en dits? Les aucuns sont morts et roidis, D'eux n'est il plus rien maintenant: Repos aient en Paradis, Et Dieu sauve le remenant (*)! (*) le reste 30 Et les autres sont devenus, Dieu merci! grands seigneurs et maîtres; Les autres mendient tous nus Et pain ne voient qu'aux fenêtres; Les autres sont entrés en cloîtres De Célestins ou de Chartreux, Bottés, housés (*) com pêcheurs d'oîtres (**): (*) bottés, (**) huîtres Voyez l'état divers d'entre eux. 31 Aux grands maîtres doint Dieu bien faire, Vivants en paix et en requoi (*); (*) repos En eux il n'y a que refaire, Si s'en fait bon taire tout coi. Mais aux pauvres qui n'ont de quoi, Comme moi, doint Dieu patience! Aux autres ne faut (*) qui ne quoi, (*) manque Car assez ont, vin et pitance. 32 Bons vins ont, souvent embrochés (*), (*) mis en perce Sauces, brouets et gros poissons, Tartes, flans, œufs frits et pochés, Perdus et en toutes façons. Pas ne ressemblent les maçons Que servir faut à si grand peine: Ils ne veulent nuls échansons, De soi verser chacun se peine. 33 En cet incident (*) me suis mis (*) disgression Qui de rien ne sert à mon fait ; Je ne suis juge, ne commis Pour punir m'absoudre méfait : De tous suis le plus imparfait Loué soit le doux Jésus Christ ! Que par moi leur soit satisfait (*) ! (*) leur soit fait amende honorable Ce que j'ai écrit est écrit. 34 Laissons le moutier (*) où il est ; (*) église Parlons de chose plus plaisante : Cette matière à tous ne plaît, Ennuyeuse et déplaisante. Pauvreté, chagrine et dolente, Toujours dépiteuse (*) et rebelle, (*) méprisante Dit quelque parole cuisante S'elle n'ose, si le pense elle. 35 Pauvre je suis de ma jeunesse, De pauvre et de petite extrace. Mon père n'ot onc grand richesse, Ne son aïeul, nommé Orace ; Pauvreté tous nous suit et trace; Sur les tombeaux de mes ancêtres, Les âmes desquels Dieu embrasse! On n'y voit couronnes ni sceptres. 36 De pauvreté me garmentant (*), (*) me lamentant Souventes fois me dit le cœur : "Homme, ne te doulouse (*) tant (*) plaint Et ne démène tel douleur, Se tu n'as tant qu'eut Jacques Cœur: Mieux vaut vivre sous gros bureau (*) (*) étoffe de bure Pauvre, qu'avoir été seigneur Et pourrir sous riche tombeau!" 37 Qu'avoir été seigneur! . . . Que dis? Seigneur, las! et ne l'est il mais? Selon les davitiques dits, Son lieu ne connaîtra jamais. Quant du surplus, je m'en démets: Il n'appartient a moi, pécheur; Aux théologiens le remets, Car c'est office de prêcheur. 38 Si ne suis, bien le considère, Fils d'ange portant diadème D'étoile ni d'autre sidere (*). (*) astre Mon père est mort, Dieu en ait l'âme! Quant est du corps, il git sous lame (*) (*) dalle funéraire J'entends que ma mère mourra, Et le sait bien la pauvre femme, Et le fils pas ne demourra. 39 Je connois que pauvres et riches, Sages et fous, prêtres et lais (*), (*) laïques Nobles, vilains, larges (*) et chiches, (*) généreux Petits et grands, et beaux et laids, Dames a rebrassés collets (*), (*) cols bordés de fourrure De quelconque condition, Portant atours et bourrelets (*), (*) sortes de coiffure Mort saisit sans exception . 40 Et meure Paris ou Hélène, Quiconque meurt, meurt à douleur Telle qu'il perd vent et haleine; Son fiel se crève sur son cœur, Puis sue, Dieu sait quelle sueur! Et n'est qui de ses maux l'allège: Car enfant n'a, frère ne sœur Qui lors vousit être son pleige (*). (*) caution 41 La mort le fait frémir, pâlir, Le nez courber, les veines tendre, Le col enfler, la chair mollir, Jointes (*) et nerfs croître et étendre. (*) articulations Corps fémenin, qui tant es tendre, Poly, souef (*), si précieux, (*) suave, doux Te faudra il ces maux attendre? Oui, ou tout vif aller ès cieux.

Écrivant: Villon Époque: 1431-1463 Mouvement: La Pléiades? Sens: la peur de la mort, pessimiste, polyvalence Importance:

Ballade des Dames du Temps Jadis Dictes-moy où, n'en quel pays, Est Flora, la belle Romaine ; Archipiada, ne Thaïs, Qui fut sa cousine germaine ; Echo, parlant quand bruyt on maine Dessus rivière ou sus estan, Qui beauté eut trop plus qu'humaine ? Mais où sont les neiges d'antan ! Où est la très sage Heloïs, Pour qui fut chastré et puis moyne Pierre Esbaillart à Sainct-Denys ? Pour son amour eut cest essoyne. Semblablement, où est la royne Qui commanda que Buridan Fust jetté en ung sac en Seine ? Mais où sont les neiges d'antan ! La royne Blanche comme ung lys, Qui chantoit à voix de sereine ; Berthe au grand pied, Bietris, Allys ; Harembourges, qui tint le Mayne, Et Jehanne, la bonne Lorraine, Qu'Anglois bruslèrent à Rouen ; Où sont-ilz, Vierge souveraine ?... Mais où sont les neiges d'antan ! ENVOI Prince, n'enquerez de sepmaine Où elles sont, ne de cest an, Qu'à ce refrain ne vous remaine : Mais où sont les neiges d'antan !

Écrivant: Villon Époque: 1431-1463 (Moyen Âge) Mouvement: La Pléiades Sens: l'histoire des femmes, la nostalgie, polyvalence Importance:

Litote

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