Rhétorique
12. En quoi votre discours relève-t-il de l'argumentation et non de la démonstration ?
Aristote distingue deux logiques : celle de la démonstration et celle de l'argumentation. - La démonstration est une logique formelle, scientifique. Elle repose sur des prémisses démontrées et conduit à des conclusions. Le discours démonstratif est un discours qui vise à démontrer une vérité. - L'argumentation est une déduction dialectique. Elle est basée sur des prémisses vraisemblables, on peut en déduire une opinion. Il vise à convaincre, c'est une prise de position à travers des connecteurs argumentatifs. Perelman a rattaché la rhétorique à l'argumentation. Il l'a ainsi faite sortir ainsi des oubliettes de la stylistiques et de l'ornementation discursive. Dans cette approche réconciliant la théorie de l'argumentation et la rhétorique, cette dernière acquiert, ou retrouve, une dimension heuristique de recherche de la solution juste et de méthode de réflexion. Cette dimension heuristique peut avoir quelque chose d'inquiétant, puisque la rhétorique ne se propose pas de trouver la solution juste, mais seulement de rechercher dans chaque cause ce qu'il peut y avoir de convaincant. Ce n'est pas le « règne paisible de l'incontestable » (selon l'expression de Victor Hugo) mais l'empire du doute et de la remise en question. Pour Perelman, ce qui caractérise la rhétorique par rapport à la démonstration, c'est que la rhétorique : - prend en compte l'auditoire (favorable ou pas etc.) - langage naturel : on argumente avec les mots que tout le monde comprend ≠ jargon - prémisses vraisemblables ≠ faits certains en mathématiques - progression libre : on n'est pas lié par des relations de causes à effets - conclusion discutable : le débat est ouvert On peut ajouter : - le moment du kairos : le moment où l'on va être convaincu peut intervenir à des moments très diverses en rhétorique alors qu'en mathématiques, ce sera à la toute fin de la démonstration - l'action (façon de poser le discours, les gestes, le ton...) : ne joue aucun rôle en mathématiques Puisque dès la narration, j'ai procédé à une requalification des faits afin de faire voir mon personnage sous un angle favorable, mon discours est déjà basé sur des prémisses vraisemblables mais pas totalement démontrées. Je ne vise en effet non pas la vérité mais la défense d'une opinion selon laquelle Cao Cao est un homme honorable et que sa défense est légitime. En essayant donc de convaincre l'auditoire, je fais reposer mon discours sur une logique argumentative et non pas démonstrative. Selon les caractéristiques de la rhétorique de Perelman, je prends aussi en compte l'auditoire en usant de pathos par exemple, j'utilise un langage naturel et non pas un discours savant mathématicien par exemple, j'avance librement dans mes arguments, je peux choisir leur ordre, leur contenu etc. Et enfin, le moment du kairos peut en effet être approché peu à peu durant mon discours, il peut apparaître à n'importe quel moment.
16. Expliquez dans quel ordre vous avez placé vos arguments, et si cet ordre correspond à l'ordre Nestorien.
C'est lors du processus de la disposition que l'on décide comment organiser les arguments. Il s'agit d'abord de sélectionner les arguments et dans un deuxième temps de décider dans quel ordre de les présenter. La façon dont on place nos arguments constitue déjà une argumentation en soi. En effet, l'ordre des différents arguments peut donner des conséquences différentes. C'est un choix stratégique. Il ne faut pas négliger cette phase. Nestor avait donné une façon qui, selon lui, était la meilleure. Il s'agit d'organiser les arguments comme l'armée dans le champ de bataille. L'ordre nestorien correspond ainsi à commencer avec un argument fort, continuer avec un argument plus faible et finir par un autre argument fort. Mais il existe d'autres façon de structurer nos arguments. Par exemple, on peut commencer par la réfutation des arguments de la partie adverse (cf. discours de De Gaulle sur l'UE) ou attendre la fin pour l'amener (cf. discours de Gisèle Halimi quand elle dit qu'il ne faut pas toujours appliquer les lois qui sont injustes). On peut aussi organiser nos arguments comme un crescendo comme le conseillant Quintilien : on part de l'argument le plus faible pour arriver à l'argument le plus fort. Dans mon discours j'ai mis en premier et en dernier les deux arguments les plus facilement explicable, les plus limpides et aisément démontrables : - Cao Cao est un homme d'un talent hors du commun : il suffit pour cela de nommer toutes ses prouesses (poète, fin stratège...) - Cao Cao œuvre en faveur d'un idéal : j'explique que toute son action est faite dans le but de sauver l'Empire, ce n'est pas un but égoïste. Au milieu, j'ai inséré l'argument le plus subtil, celui qui demande plus d'attention car il met en relief des contradictions qui permettent d'éclairer les qualités de Cao Cao. Ainsi, j'explique que certes, ses idées ne sont pas teintées de valeurs comme on l'entend dans le sens commun mais qu'il ne s'y emploie pas dès le début et qu'ainsi ça fait de lui un homme plus droit que ces adversaires qui, eux, se cachent derrière des valeurs morales qu'ils ne respectent pas. J'explique aussi que ces adversaires participent tout autant à ce que l'on reproche le plus à Cao Cao : la guerre à effusion. Dans ce sens donc, j'ai respecté l'ordre nestorien des arguments.
5. Considérez-vous que votre cause honnête, extraordinaire, honteuse ou douteuse, selon est les catégories proposées par Cicéron ? Quelle est l'utilité de ces catégories ?
Différentes causes selon Cicéron : • La cause est honnête : c'est lorsque l'auditoire est acquis. Il faut défendre une cause honnête pour fructifier la confiance. • Cause extraordinaire : c'est lorsque l'auditoire est hostile. On peut alors commencer par la base de ce que pense l'auditoire, par les points communs entre nous et l'auditoire et le convaincre peu à peu (approche insinuative) (cf. dire au Parlement européen que l'Europe est une bonne chose mais qu'il faudrait la changer). • La cause est honteuse : c'est l'auditoire est indifférent. Il faut se rendre compte et pas l'ignorer, il faut trouver des moyens d'attirer l'auditoire. L'humour est salvateur, mais ça dépend de la situation. • Les causes douteuses : c'est lorsque d'auditoire est indécis. C'est un peu plus technique. Il faut savoir être plus nuancé, explicatif. Il faut soigner l'argumentation. Il faut adapter le discours à l'auditoire sachant que l'auditoire à des arguments qui vont contrer nôtre opinion. Il faut réfuter les argumentations qui ne vont pas dans le sens de notre idée. • Causes obscures : c'est lorsque l'auditeur ne comprend rien du tout, qu'il est perplexe. Il faut expliquer la cause avant de convaincre. Ça arrive aussi devant le juge. Il faut être très pédagogique. Causes pas mentionnées : • Les causes indirectes : ce sont des situations dans lesquelles l'orateur s'adresse théoriquement à l'auditoire mais en réalité à un autre auditoire. Par exemple, dans son discours au Parlement européen, Marine le Pen s'adresse théoriquement au Président ou aux députés européens, mais en fait elle ne cherche pas à les convaincre, elle s'adresse en effet au peuple à travers les médias. • Les clauses globales : on peut s'adresser à une foule hétéroclite. Lorsqu'on parle devant des gens, il y a toute sorte d'opinion aujourd'hui dans un discours télévisé. Est-ce qu'il faut y aller directement etc. ? Il faut faire un choix, c'est une stratégie. Il faudra alors se demander à qui on s'adresse, cibler son discours sur une partie de l'auditoire et ainsi adapter son discours. Dans le cas de Cao Cao. La cause est d'abord extraordinaire car le personnage est connu pour son côté machiavélique. Il faut alors trouver un point d'accroche entre l'auditoire et notre défense. J'utilise alors la technique d'affronter les faits, je ne nie pas que Cao Cao des côtés sombres mais je les contrebalance avec des côtés plus sympathiques et je les dépasse en disant que ces défauts peuvent en fait apparaître comme des qualités. En effet, faut-il absolument être convenu, faire preuve de bienséance ? N'est-ce pas la meilleure façon de ne jamais entendre parler de nous et de ne pas réussir à changer le monde dans lequel on vit de la manière que l'on aimerait ? Il ne faut pas non plus mettre de côté le fait que la cause peut paraître un peu comme obscure. En effet, Cao Cao n'est pas un personnage très connu de notre société occidentale. Il faut alors commencer par expliquer qui il est. Je présente alors son siècle, son statut, sa vie dès l'exorde pour permettre de se faire un avis sur la question. Évidemment, dès la présentation des faits, j'use de stratégie et utilise principalement des faits qui vont dans le sens de la défense de mon personnage.
13. Indiquez quels types d'arguments vous avez utilisés dans votre discours (syllogisme, enthymème, preuve intrinsèque ou extrinsèque, argument par l'absurde, par l'exemple, ad hominem, etc.)
En rhétorique, il existe de nombreux types d'arguments : le syllogisme, l'enthymème, la preuve intrinsèque, la preuve extrinsèque, l'argument par l'absurde, l'exemple, l'argument a contrario, l'argument a fortiori, l'analogie, l'argument ad hominem, l'argument ad personem, l'ironie, l'alternative, le dilemme, l'argument par l'absurde, la prosopopée démocratique, les arguments basés sur des principes admis etc. - J'ai tout d'abord utilisé des anthymèmes. Ceux-ci consiste en un raisonnement déductif qui est sophistiqué. Il est assimilable au syllogisme. On part aussi d'une majeure mais celle-ci n'est pas un principe claire mais une doxa soit un ensemble de valeur, elle peut seulement être vraisemblable et parfois même implicite. On applique ensuite des faits dans une « mineure » et on termine par une conclusion. Je pars d'une majeure qui est celle de la défense, par Cao Cao, d'un idéal. Il œuvre en faveur de l'Empire. Cet idéal est une valeur soit celle de la défense de sa nation. Ensuite, j'applique les faits qui sont : le secours de la famille impériale, la défense des intérêts de l'empire avec son armée etc. Je conclu par le fait que c'est un bel idéal et que cet homme est tout à fait honorable et défendable. - J'ai aussi utilisé des preuves intrinsèques. Celles-ci dépendent de l'art, elles dépendent du talent de l'orateur. Elles sont également appelée preuves artificielles. C'est par exemple la façon qu'a l'orateur de s'exprimer, soit l'actio. La façon dont je m'exprimer, la façon dont je me tiens et la façon dont je suis habillée par exemple constitue des preuves intrinsèques. - J'ai aussi utilisé des preuves extrinsèques. Celles-ci sont aussi appelées preuve naturelle. C'est l'argument qui est indépendant du talent de l'orateur. Elles peuvent reposer sur des contrats écrits, des témoignages, sur la loi, la jurisprudence etc. soit sur des éléments tangibles. Tous ses éléments ne dépendent pas de nous, il faut les rechercher. Ainsi j'ai utilisé des faits réels de la vie de Cao Cao pour étayer mes arguments. Ce sont des faits sur lesquels je peux me reposer. Par exemple, les ennemis ont participés à des guerres, Cao Cao a écrit de nombreux poèmes etc. Je peux aisément me reposer sur ces faits. - J'ai aussi recouru à l'argumentation par l'exemple. C'est un argument partant de faits réels ou imaginés dont l'orateur induit une règle. C'est un argument facile d'accès pour l'auditoire car très imagé même si sa force persuasive n'est pas extrêmement élevée. J'ai essayé autant que possible d'illustrer chacun de mes arguments grâce à un exemple. Par exemple, pour montrer qu'il a un esprit stratège et rusé je donne l'argument selon lequel il a reçu le titre de ministre de l'empereur. Cet exemple permet aisément de montrer qu'il détient bien ses qualités-là. - J'ai basé mon second argument sur un argument ad hominem. Celui-ci consiste à souligner les contradictions de l'adversaire. J'ai essayé de démontrer que la droiture dont les ennemis se prévalent est en fait mieux réalisée chez Cao Cao. En effet, ils se prévalent d'être moraux et droits alors qu'ils ne le sont pas. Ils se contredisent sur un point pourtant crucial. Ainsi, Cao Cao est plus droit qu'eux en refusant de respecter une certaine moralité et en s'y tenant. - J'ai aussi utilisé des arguments qui reposent sur une remise en cause de la doxa. Le but poursuivi est d'affronter un socle de valeurs et d'en amener un autre. Ainsi, il est admis que la moralité, la convenance et la bienséance sont des qualités. J'essaie de revenir là-dessus en argumentant que ce sont des freins à la créativité et au talent. Ces qualités essaient en fait de nous restreindre dans nos possibilités. Elles ne laissent pas de place afin que l'on puisse déployer notre caractère original et ambitieux. Ce ne sont pas si belles qualités comme on veut nous le faire croire. J'essaie d'introduire un discours plus mitigé sur la question de ces valeurs. - J'utilise aussi un argument d'autorité. Celui-ci consiste à reprendre l'argument d'une personne ou autorité de référence. Dans mon discours, j'utilise une citation de Confucius « Tuer un homme pour sauver le monde, ce n'est pas agir pour le bien du monde ». Celle-ci permet de démontrer à quel point les ennemis ne parviennent pas à suivre les idéaux moraux dont ils se prévalent pourtant. En effet, ils font aussi la guerre.
3. Quelle forme d'exorde avez-vous choisi, et dans quel but ?
J'aborderai d'abord la définition de l'exorde pour après expliquer le but de mon exorde. L'exorde est, selon le plan classique, l'introduction d'un discours. Il est important parce que c'est la première impression qu'on donne à l'oratoire. Un mauvais exorde ne permet pas à l'auditeur de se faire un bon avis de la question que l'on va aborder. Cicéron établit une casuistique des exordes qu'il convient plutôt d'éviter : - Exorde banal : applicable à toute cause - Exorde commun : convient aux deux causes - Exorde d'échange : utilisable et favorable à la partie adverse - Exorde trop long : il faut vite entrer dans le sujet - Exorde étranger : qui ne correspond pas à la cause (ex : citation jolie qui n'a pas de rapport avec la cause) - Exorde d'emprunt : inadapté à l'auditoire - Exorde opposé aux préceptes : qui n'attire ni l'attention ni la bienveillance Buts de l'exorde : - principal : capter la bienveillance (satisfaire l'auditoire) et l'attention (ne pas être ennuyant) de notre auditoire - préparer l'auditoire : quand on pense qu'on va déplaire à l'auditoire d'une manière ou d'une autre, on peut s'excuser d'un discours qui va être long par exemple (cf. plaidoirie de M. Fernand Labori pour Émile Zola) - déminer le terrain : mettre certains problèmes de côté (cf. plaidoirie du Maitre Dupont Moretti qui met de côté la réticence des juges à son égard en disant « vous n'aimez pas les avocats médiatiques, je ne vous aime pas non plus » ce qui permet de mieux parler de l'accusé). - recadrer le débat : poser la bonne question, se reconcentrer sur la problématique principale. Deux types de situations : - Auditoire favorable (cause honnête) : exorde direct. On peut par exemple utiliser une hypotypose, c'est une figure qui peint les choses d'une manière si vive et si énergique, qu'elle les met en quelque sorte sous les yeux et fait d'un récit presque une scène vivante (cf. plaidoirie de Gilbert Collard, avocat des parties civiles dans le procès de Klaus Barbie). On peut aussi utiliser la question rhétorique ou l'apostrophe qui consiste en une interpellation directe. - Auditoire défavorable (cause extraordinaire) : exorde insinuatif. On peut commencer par défendre la cause adverse pour amener le public à écouter la suite par exemple. Le contenu de l'exorde : Selon Cicéron, l'orateur a quatre moyens de captiver la bienveillance pendant l'exorde : il peut parler de lui-même, de ses adversaires, de l'auditoire ou de la cause même. - parler de soi-même : c'est souvent fait avec un chleuasme soit avec le fait de se déprécier soi-même pour glorifier la personne que l'on veut honorer, par contraste, par exemple. - parler de ses adversaires : on se retrouve souvent à utiliser des arguments ad personam (injure) et des arguments ad hominem (dénoncer les contradictions de l'adversaire). - parler de l'auditoire, de sa force par exemple. - parler de la cause : définir la cause constitue déjà une stratégie argumentative. Quelques procédés que l'on peut utiliser dans l'exorde : - l'apostrophe (s'adresser à un tiers) : rendre l'auditoire spectateur d'une relation entre l'orateur et un tiers. Le tiers peut être présent (la personne défendue par l'avocat) ou absent (cf. s'adresser au « peuple français » c'est s'adresser à l'opinion publique, pendant la plaidoirie de Jean Marc Varaut au Procès Papon) - la citation : Donne facilement un début, c'est pratique, ça peut être élégant, mais il faut faire attention de l'exorde étranger. - exorde de rebond : commencer son discours en rebondissant sur le discours de la partie adverse. C'est une tactique qui donne beaucoup de charme à notre discours car il peut paraitre presque improvisé si on rebondit directement sur l'argument de la partie adverse. Avec mon exorde, j'introduis mon discours grâce à une citation qui a le mérite de poser d'emblée l'ambivalence du personnage. Je continue en caractérisant cette dichotomie : Cao Cao est un tacticien sans scrupule mais aussi un tacticien talentueux, voir héroïque. J'essaie ainsi d'éviter les écueils caractérisés par Cicéron : cet exorde n'est applicable qu'à ma seule cause, il entre rapidement dans le sujet et il essaie d'attirer dès le début un peu de bienveillance envers le personnage. J'ai aussi décidé d'affronter les faits, de ne pas éviter le côté sombre de Cao Cao. J'assume dès l'exorde que c'est un personnage qui n'est pas « un idéal absolu de moralité, de convenance et de bienséance ». Toutefois, j'essaie de requalifier les faits à son avantage afin de préparer sa défense.
1. Expliquez la disposition de votre discours, en termes rhétoriques.
Je commencerai par expliquer ce qu'est la disposition pour ensuite analyser celle que j'ai faite dans mon discours. Selon Descartes, les composantes classiques du discours sont : - l'invention : le raisonnement - la disposition : la manière de « digérer » les pensées » - l'élocution : la manière de les rendre claires - l'action : le fait de parler En effet, la disposition consiste en le fait de, une fois que l'on a dégagé toutes nos idées sur un sujet, en éliminer certaines (selon le public etc.) et en le fait de les organiser. C'est un processus de construction. Ainsi, la disposition est le fait de sélection nos arguments et de créer un plan avec ceux-ci. Il ne faut pas oublier que la façon dont on construit son plan est, en soi, un argument. Il faut le concevoir comme tel. C'est un élément stratégique. Sans devoir le suivre absolument, il y a un plan classique : - Exorde : introduction du discours J'introduis mon discours avec une phrase d'accroche qui consiste en une citation qui a le mérite de poser d'emblée l'ambivalence du personnage. Je continue en caractérisant celle-ci. - Narration : exposé des faits (surtout dans un discours judiciaire) J'ai aussi introduit dans mon discours une partie de narration laquelle permet de mettre le personnage dans son contexte : j'expose l'époque, son statut et une petite introduction des enjeux en présence. - Confirmation : le cœur de l'argumentation et les éléments de réfutations de la partie adverse que l'on veut amener. Il y a des ordres conseillés pour les arguments comme : o L'ordre nestorien (argument fort / argument faible / argument fort) o On peut aussi commencer par la réfutation : comme le discours de De Gaulle sur l'UE où il commence par décrire l'avis de la partie adverse o Ou encore attendre la fin pour amener l'argument le plus fort : comme dans le discours de Gisèle Halimi quand elle dit qu'il ne faut pas toujours appliquer les lois qui sont injustes. La phase de confirmation pour moi s'organise en trois axes : Cao Cao est un homme d'un talent hors du commun, il est un penseur non conventionnel mais cohérent et il œuvre en faveur d'un idéal. Ces arguments sont organisés selon l'ordre nestorien. J'essaie d'y réfuter tous les arguments des adversaires. - Péroraison : terminer en beauté (comme avec une citation dans le discours de Mme. Taubira) Dans ma péroraison je suis la structure conseillée par Aristote. Je récapitule les différents éléments qui viennent défendre Cao Cao en reprenant les trois axes que j'avais défendus. Je procède à une évaluation en disant « Cao Cao est un homme qui a su trouver dans le désordre des conflits qui l'entouraient, une harmonie certaine autour de valeurs propres ». Je rappelle que c'est bien lui qui reste dans les mémoires plus que n'importe quel de ses adversaires. Et je termine avec une estocade en décrivant l'image finale de Cao Cao : c'est un homme exceptionnel et un héros qui transcende les âges.
11. Dans la préparation de votre discours, quelle partie correspondait à l'invention, et comment avez-vous procédé ?
L'invention correspond à la phase primordiale de la recherche des arguments. La méthode moderne du brainstorming est particulièrement conseillée pour cela. Celle-ci est souvent enseignée de la manière suivante : - D : délire, on peut rechercher n'importe quoi, aucune restriction - R : réaction, sur chaque idée on essaye de réagir - E : écriture, il faut tout écrire - A : association, il faut associer les idées entre elles - M : maximum, le maximum d'idées, peu importe si elles sont bonnes ou pas Une autre méthode que l'on pourrait utiliser est celle de : - Commencer par distinguer les deux parties : l'orateur et l'adversaire (opinion contraire, juge,...) - On voit que l'orateur donne une proposition et l'adversaire une contre-proposition - On peut ensuite définir quelles sont ces propositions : les définir, rechercher leurs conséquences, définir la doxa sur laquelle elle repose. Rechercher l'opinion des autres c'est une prosopopée (parler à la place des autres). - On peut aussi partir d'un fait connu (exemple, fait historique, argumentation par analogie) pour en déduire quelque chose d'utile pour notre argumentation. - On peut aussi remettre en cause les idées de l'adversaire : pointer des contradictions, remettre en cause la personnalité de l'adversaire (argument ad personnam, injure), dénoncer ses motivations ou sa stratégie. - Dans le cadre des arguments contraires à la proposition, on peut montrer que la doxa est condamnable ou qu'elle a des conséquences néfastes. - Il faut mettre en exergue les intérêts qui sont en jeu : ça peut être l'occasion de faire du pathos (montrer que les personnes qui vont bénéficier de cette mesure le mérite). La culture peut aussi jouer un grand rôle dans la recherche d'arguments. Elle peut être une façon ludique d'argumenter. Elle peut apporter autre chose que de la technique dans un discours. Elle apporte aussi une part d'ethos. La culture peut être une façon ludique d'argumenter. Elle peut apporter autre chose que de la technique dans un discours. On disait de Cicéron que c'est parce qu'il connaissait tout parce qu'il était éloquent. J'ai commencé par distinguer les deux parties soit l'accusateur de Cao Cao qui correspond plus ou moins à l'opinion publique même s'il n'est pas possible d'être si catégorique et le défenseur, moi-même. J'ai ensuite recherché les arguments que la partie adverse pouvait utiliser. Je les ai écrit sur une feuille puis je les ai réfutés, contredits, dénoncés, remis en cause. Ceux-ci était que Cao Cao était sa soif du pouvoir, ses guerres acharnées, ses manipulations, l'absence de ses valeurs, son inhumanité etc. Et pour chaque élément, j'ai trouvé des contre arguments qui permettent de le défendre. Cao Cao est talentueux, il est droit, il œuvre en faveur d'un idéal. J'ai aussi appuyé toute cette recherche sur l'étude du personnage, très en détails (film, biographies...). Petit à petit mes arguments se sont dessinés.
2. Quelle partie de votre discours correspond à une narration ? S'il n'y en a pas, pourquoi n'était-elle pas nécessaire ?
Je définirai d'abord la narration et expliquerai ensuite son application dans mon discours. Dans un plan classique la narration est l'exposition et la façon dont on expose les faits dans un discours. C'est la partie en fait dans un discours judicaire, la situation actuelle dans le discours délibératif et les hauts faits dans le discours épidictique. La partie narrative peut déjà être une stratégie argumentative : - Tout d'abord, la narration n'est pas toujours nécessaire : par exemple si la question est uniquement juridique/théorique ou les faits retenus par le juge sont déjà favorables. - On peut par exemple passer des faits sous silence : il faut toutefois essayer autant que possible de ne pas le faire mais d'affronter les faits. - En revanche, on peut requalifier des faits c'est-à-dire faire passer notre façon de les voir. - On peut aussi contourner les faits en suscitant une autre affaire, un autre débat par exemple pour qu'on ne se concentre plus sur la première affaire (c'est le théorème de Pasqua). - On peut aussi avouer, par contre il faudra le faire totalement, assumer cet aveux jusqu'au bout sinon il peut être contreproductif et les zones d'ombres laissées peuvent se retourner contre nous. - Qu'en est-il du mensonge ? De la même manière que l'aveu, on peut en user mais il faut le faire bien, sans se contredire comme disait Quintilien. Ce qu'il convient de faire pour la narration : - Narration lucide (claire), brève, vraisemblable - Rien avoir d'inutile : juste ce qu'il faut La narration dans mon discours suit la phrase d'accroche. De même, tout au long du discours, j'appelle des éléments de faits afin d'illustrer mes arguments. Ces parties correspondent également à la narration. On peut parler d'une
7. Intégrez une division au début de votre discours. Quel en sont les avantages et les risques ?
Je vais d'abord définir la division et ensuite intégrer dans mon discours. La division consiste en l'annonce, par l'orateur, de son plan. On peut le faire, mais il faut le faire toute de suite de façon à aider de suivre le discours. Faut-il introduire une division soit une annonce du plan ? En tout état de cause, si on veut le faire, c'est juste après l'exorde. Les avis sont divisés quant au besoin de faire cette division : - Selon Cicéron, « une division bien faite rend tout le discours clair et lumineux ». La division rend le discours plus compréhensible pour l'auditoire. - Selon Quintilien par contre, la division est souvent trop scolaire, ennuyeuse. Parfois, c'est utile d'amener des éléments par surprise. J'ai choisi d'introduire une division juste après mon exorde afin de rendre mon discours plus clair. Cela permet au public de suivre mon fil de pensée et mon fil d'argumentation. Ma division repose sur trois axes : - Cao Cao est un homme d'un talent hors du commun ; - Cao Cao est un penseur non conventionnel mais cohérent ; - Cao Cao œuvre en faveur d'un idéal.
8. Formulez l'un de vos arguments sous forme de prolepse.
Je vais d'abord définir la prolepse avant de formuler mes arguments en forme de prolepse. La prolepse est une figure par laquelle le rhéteur va au-devant des objections de l'adversaire. Il commence par récapituler les arguments de la partie adverse avant de les réfuter. Elle peut aussi être utilisée dans le discours publicitaire. Par exemple, une affiche qui fait de la publicité pour le tourisme en Tunisie sur laquelle on peut lire « Il parait qu'en Tunisie, la tension est à son comble » (après le printemps arabe) avec une image de détente. La prolepse à l'avantage de bien poser le problème et de faire en sorte que l'auditoire écoute le discours. Il y a un élément de débat qui donne une certaine crédibilité et de caractérisé, mais il ne faut pas le faire trop. « Vous me direz alors que lorsqu'on est attaqué, nous n'avons d'autre choix que de nous défendre ! Ceci n'est valable que s'il n'y avait d'autres choix que de foncer, armure la première dans cette guerre. C'est bien le camp des ennemis qui a décidé de cette guerre. Cao Cao n'a pas attaqué tout à coup, sans communication aucune. Non. Les ennemis ont eu le temps de réfléchir à cette situation, de se consulter mutuellement, de consulter leurs proches, de prendre conseil chez les vieux sages de leurs gouvernements. » L'argument de la partie adverse qui viendrait accuser Cao Cao serait donc de dire qu'il est guerrier, qu'il attaque le camp ennemi et qu'ainsi, ce n'est pas un héro mais juste un homme belliqueux. Mais en fait, il est important de revenir sur le fait qu'une guerre ne se fait pas seule. Les deux camps sont aussi investis l'un que l'autre. Ce serait un constat injuste de faire reposer la seule responsabilité de la guerre sur les épaules de Cao Cao.
6. Quels sont les soubassements doxiques de votre discours ? Que faire si votre auditoire ne les partage pas ?
Je vais d'abord explique ce que la doxa et ensuite expliquer sa signification dans mon discours. La doxa est la majeure de l'enthymème. C'est un raisonnement inductif partant dans la majeure d'un ensemble de valeurs sur lesquelles on peut fonder un raisonnement Ce sont tous ces éléments de la croyance. Elle n'est pas prouvée, démontrée. Elle n'est que vraisemblable. - On peut partir de la doxa dominante pour appuyer notre argument. - Mais on peut aussi affronter cette doxa. On peut alors élargir le socle doxique en proposant d'autres valeurs fondamentales à suivre. Ces valeurs fondamentales doivent être partagées par l'auditoire pour pouvoir argumenter sur cette base (cf. Mittérand qui défend la fin de la peine de mort, position pas encore majoritaire en France, en s'appuyant sur des valeurs religieuses). On peut aussi commencer par appuyer la doxa dominante pour aller peu à peu vers notre argument, c'est une manière insinuative d'argumenter (cf. discours d'Antoine dans la pièce de Shakespeare où il commence par défendre Brutus et accuser César pour ensuite véritablement défendre César). Je pars du principe que tout Homme n'est pas foncièrement bon ou foncièrement mauvais. Je m'appuie sur ce constat afin de permettre la défense de Cao Cao. Un autre socle doxique que j'utilise est le fait de prétendre que l'originalité, l'autonomie de la pensée est bonne. C'est ainsi que je peux justifier que Cao Cao est réellement quelqu'un de particulier et que cela est positif. En effet, l'inverse est surement ce qu'il y a de plus ennuyant. L'originalité permet de rendre le personnage intéressant. On parle de lui encore aujourd'hui. Je pars aussi de la doxa selon laquelle un chef de guerre n'est pas foncièrement mauvais. Ceci peut pourtant être questionnable. Mais je pars du principe que l'époque dans laquelle Cao Cao vivait reposait sur des valeurs tellement éloignées des nôtres que la défense de son territoire était vu comme une immense qualité. Je me replonge alors dans ce contexte pour affirmer cette doxa.
4. Quels sont les arguments de votre discours qui relèvent du pathos, de l'ethos ou du logos. Arguments. Expliquez votre choix.
Je vais d'abord expliquer la signification de pathos, ethos et logos pour ensuite l'appliquer à mon discours. La fonction principale, presque exclusive de la rhétorique est la fonction persuasive. Aristote a mis en présence trois éléments de cette fonction. Le logos s'adresse à la raison de l'auditoire grâce à des arguments logiques. La pathos parle aux émotions, il essaye d'émouvoir le public avec des arguments psychologiques. L'ethos consiste en la façon dont se présente l'orateur, le respect qu'il inspire. Plus précisément... - Le pathos c'est accompagner son discours d'émotions. Même s'il a mauvaise réputation (on peut le voir comme une façon de manipuler l'auditoire), c'est un élément important du discours. J'essaie, pour montrer les beaux côtés de Cao Cao, de jouer avec le sentiment de l'empathie. Je présente le personnage afin d'attirer la sympathie, ou du moins empêcher le mépris du public. Je parle alors de la manière dont il a motivé des malades par exemple. J'essaie aussi de conduire le public à avoir une certaine répulsion des ennemis de Cao Cao en décrivant leurs crimes, leurs guerres etc. - L'ethos joue un rôle important dans le discours. L'ethos doit être adapté au discours, le risque terrible c'est l'ethos décalé. On distingue trois types d'éthos : o Discursif : par son discours, l'auditeur donne une image de lui-même (enthousiasme, sérieux etc.) par tous les détails (jusqu'aux vêtements par ex) o Pré-discursif : quand on a déjà un opinion de la personne, c'est la réputation. L'ethos pré-discursif se soigne. o Para-discursif : qui fait que l'on respecte la personne qui nous parle en raison du cadre dans lequel il nous parle. C'est le but des assemblées, des académies... C'est la façon dont je me présente devant vous. J'essaie de montrer que j'ai suffisamment étudié le personnage pour pouvoir en parler etc. J'acquière alors une certaine légitimité à défendre le personnage. - Le logos est nécessaire pour convaincre, c'est lorsque l'orateur amène des arguments raisonnables. Il faut distinguer les anthymèmes et les exemples. - Anthymèmes : c'est un raisonnement déductif sophistiqué. On le définit comme un syllogisme dont les bases ne sont que vraisemblables et parfois implicites. C'est en effet une approche proche du syllogisme avec une majeure, une mineure et une conclusion mais il y a une part d'implicite possible car chaque élément peut être discuté. Pour Aristote, le syllogisme repose sur une base certaine, démontrée, scientifique alors que l'anthymème repose sur une base vraisemblables, qui relève de valeurs. Mes arguments sont construits en anthymèmes. Je commence par donner un argument puis je le démontre grâce à une mineure. Puis je conclus mes arguments. Et il est vrai que chaque argument reste discutable. Comme il existe une part d'implicite dans mes majeurs, ce sont bien des anthymèmes. - Exemples : c'est un raisonnement inductif qui est plus facile à appréhender car on a des images. Je pars d'un fait et je remonte vers ma proposition. Il faut faire attention aux faits (ils doivent être incontestables) et à la généralisation mais c'est une méthode souvent très convaincante. Tous mes arguments sont soutenus par des exemples. Je m'appuie alors sur les films « Les trois royaume ». Je puise dans cette source pour argumenter plus efficacement. Je donne ainsi l'exemple de Sun Quan qui, voulant prouver que c'est un bon guerrier à sa famille, s'engage dans la guerre contre Cao Cao afin de montrer qu'il avait en fait la possibilité de faire un autre choix. Un équilibre est nécessaire entre ces trois éléments du discours : - Un discours sans logos : discours du populiste, du gourou, de l'avocat qui brille dans l'auditoire sans élément de preuves... C'est dangereux car ces discours peuvent plaire, séduire (grand spectacle) mais ils ne convainquent pas. - Un discours sans pathos : discours académique. Souvent, il y a très peu d'émotions. Cela peut suffire pour expliquer un principe mais pour convaincre, c'est peut-être insuffisant car on éveille pas l'intérêt, c'est soporifique...En politique ou devant un juge, un discours trop froid peut aussi manquer son but (ne pas oublier le côté humain). - Un discours sans ethos : l'orateur discrédité, son honnêteté est par exemple remise en cause. Il peut être bon, il peut savoir jouer avec les arguments, s'adresser à la raison mais s'il n'a pas d'ethos, le discours ne pourra pas passer (cf. François Fillon « je ne vous demande pas de m'aimer, mais de me soutenir »). S'il manque quelque chose, le discours est souvent défaillant. Après, c'est une question de dosage en fonction du type de cause.
25. Introduisez une anaphore dans votre discours. Donnez des exemples d'anaphore dans des discours connus.
L'anaphore est un procédé tendant à faire commencer chaque phrase ou paragraphe par le même mot ou la même expression. Celle-ci est souvent employée pour marquer une gradation. Exemples d'anaphores dans des discours connus : - Dans le discours de Martin Luther King : « I have a dream ». Il décrit ses rêves tout au long du discours afin de faire un parallèle avec la vie réelle, l'objectif est de réaliser ces rêves. - Dans la péroraison du discours de Raymond de Sèze (plaidoirie pour Louise XVI) : « Le peuple, le peuple, le peuple ») afin de faire passer le message politique selon lequel la royauté n'est pas incompatible avec le peuple. Louis XVI écoutait le peuple. - Dans le discours de la présidentielle de François Hollande : « Moi Président, Moi Président, Moi Président ». Ca permet de se projeter avec lui à la tête du pays, à estimer qu'elles pourront être ces propositions pour le pays etc. « Son talent est immense. Il balaye de nombreux domaines d'excellences. Son talent rend le personnage intéressant, et pleins d'enseignements. Son talent commence dans le domaine militaire où il a pu démontrer sa grande habilité. » L'objectif est d'appuyer sur le fait que Cao Cao est un homme de grand talents.
22. Quel eut été le risque de recourir à une apodioxie dans votre discours ?
L'apodioxie est un procédé consistant à conduire le juge à s'interroger sur sa légitimité. Par exemple, on peut essayer de convaincre le juge de remettre en cause son (présumable) propre système de valeur afin qu'il change de grille de lecture. Dans sa plaidoirie pour défendre des femmes qui ont recourues à l'avortement, Gisèle Halimi recourt à l'apodioxie en questionnant déjà le fait que les quatre juges ne sont que des hommes. Qui sont-ils pour juger du ventre des femmes ? Un pas de plus après l'apodioxie nous mène à nier la qualité de juge, nier sa qualité qu'il a de juger (théorie du procès de rupture). C'est très délicat. Ce n'est pas très efficace dans le contexte direct d'un jugement mais peut être utile quand on a une cause extraordinaire et que cette cause semble déjà perdue d'avance car la loi est contre nous par exemple. On prend le partie de s'adresser plutôt à l'Histoire qu'au juge. C'est pratique a été théorisée par l'avocat Jacques Verges. Le risque avec une apodioxie c'est de paraître arrogant et provocant. Un procès de rupture ne peut, en plus, ne s'utiliser que dans des contextes bien particuliers car il remet en cause la position du Tribunal tout entier, cela n'entre pas dans la logique judiciaire. Une apodioxie ou un procès de rupture ratés peuvent nous faire perdre toute crédibilité.
18. Formulez l'un de vos arguments sous forme d'aposiopèse. Quel est l'effet recherché ?
L'aposiopèse est une figure de style par laquelle on interrompt une phrase par un silence. Le but est de laisser l'auditeur compléter ce que l'on a insinué. C'est dans l'absence que ce trouve l'importance du message, la réponse. On peut également faire comme si on est pris par l'émotion et qu'on n'arrive pas à terminer la phrase. C'est une méthode insinuative. Dans mon discours, je parle du fait que les ennemis de Cao Cao, qui se défende respecter des valeurs pacifiques, participent tout autant au jeu de la guerre (s'il est permet de l'appelé comme ceci). Après avoir décrit toute leur puissance mise au service de la guerre, je me réfère à la citation de Confucius qui constate que « Tuer un homme pour sauver le monde, ce n'est pas agir pour le bien du monde ». Je continue alors, en visant des ennemis, par dire « Et pourtant... ». Cette pause, cette phrase non terminée dans le discours permet d'imaginer les pires actes des ennemis. Sans les nommer, on sait de quoi il est question.
15. Expliquez en quoi votre exorde échappe aux catégories d'exordes défectueux posées Cicéron.
L'exorde consiste en l'introduction du discours. Il s'agit de donner une bonne impression. En particulier : - De capter la bienveillance et l'attention de notre auditoire - De préparer l'auditoire - De déminer le terrain - De recadrer le débat Cicéron établit une casuistique des exordes qu'il convient plutôt d'éviter : - Exorde banal : applicable à toute cause, passe-partout - Exorde commun : convient aux deux causes. Ce sont des généralités qui vont de l'accusation aussi bien pour la défense. - Exorde d'échange : utilisable et favorable à la partie adverse. La partie adverse ou encore une partie d'une toute autre cause ne pourrait pas utiliser la façon dont je défends dès le début Cao Cao. En effet, j'essaie rapidement d'attirer un peu de bienveillance envers le personnage C'est bien un exorde qui ne peut être utilisé que dans mon argumentation. - Exorde trop long : il faut vite entrer dans le sujet. La citation délimite très rapidement le sujet. - Exorde étranger : qui ne correspond pas à la cause (ex : citation jolie qui n'a pas de rapport avec la cause) La citation délimite directement le sujet : Cao Cao a des éléments d'ombre mais est au fond un homme qui suit ces valeurs. C'est le sujet que je vais développer tout au long de mon discours. - Exorde d'emprunt : inadapté à l'auditoire. Notamment, avec un auditoire défavorable (cause extraordinaire), il convient plutôt d'utiliser un exorde insinuatif. On peut commencer par défendre la cause adverse pour amener le public à écouter la suite par exemple. C'est adapté parce que l'auditoire est défavorable et je ne contredis pas dès le début leur point de vue selon lequel Cao Cao n'est pas honorable. J'introduis une ambivalence qui reprend entre autre leur point de vue. Ainsi, Cao Cao est un tacticien sans scrupule mais aussi un tacticien talentueux et héroïque. - Exorde opposé aux préceptes : qui n'attire ni l'attention ni la bienveillance La citation que j'utilise permet de mettre en présence une dichotomie selon laquelle Cao Cao à des côtés sombres mais il n'en reste pas moins honorable. Cela permet de capter l'attention de l'auditeur qui essayera de comprendre en quoi cet homme est bon. J'essaie donc dès le début d'attirer de la sympathie pour mon personnage.
21. Formulez un de vos arguments sous forme ironique. Quels sont les risques et avantages de cette technique argumentative ?
L'ironie est dire le contraire de ce que l'on pense sous une forme caricaturale. C'est un procédé consistant à défendre la thèse inverse, mais de façon si outrancière que cela la ridiculise. - Avantages Cela rend l'opinion ridicule de l'adversaire ridicule C'est plus subtil qu'une simple d'accusation - Risques Ça doit être suffisamment caricatural pour que l'auditoire comprenne que c'est ironique C'est très connoté politiquement, on s'adresse souvent qu'à la partie adverse Exemple : Laurent Fabius, socialiste, à propos de la nomination de Jean Sarkozy à l'Epad qui a raté son ironie. « Nous parlons pourtant des ennemis qui défendent les plus nobles valeurs n'est-ce-pas ! »
20. Commencez votre discours par un chleuasme. Quel est le but de cette formule rhétorique ?
La chleuasme est figure par laquelle l'orateur se déprécie soi-même. C'est une dépréciation. L'orateur espère par ce biais une réfutation implicite par son interlocuteur ou alors, dans le cadre de la défense d'une personne tiers, l'orateur peut vouloir glorifier ou honorer cette personne, par contraste. C'est une figure qui permet de donner une image modeste de l'orateur et d'établir un lien de complicité avec l'auditoire. « Sans être un grand spécialiste de l'art de la guerre, savoir rassembler une armée de 100 000 hommes seul semble être une vraie prouesse » On se place sur un même pied d'égalité avec l'auditoire afin d'établir un lien de complicité. On semble alors dire : « Vous voyez, sans être de fins connaisseurs ni vous, ni moi, cela coule de source que certaines actions de Cao Cao relèvent du génie ».
23. Introduisez une concession rhétorique dans votre argumentation. Quelle est son utilité ?
La concession est une figure de pensée par laquelle on accorde quelque chose à son adversaire pour en tirer ensuite parti contre lui ; on feint de reculer, mais pour avancer plus sûrement. Cette figure donne un grand avantage dans la discussion. On peut anticiper une éventuelle objection. Il est vrai que Cao Cao n'était pas réputé pour ses valeurs morales et conventionnelles. Pourtant, il convient de souligner que c'est bien ce caractère qui le rendait exceptionnel. C'est cela qui lui permis de librement créer des poèmes d'un genre nouveau et d'élaborer des stratégies militaires encore réputées.
10. Serait-il opportun d'introduire une hypotypose dans votre discours ?
La figure de style de l'hypotypose peint les choses d'une manière si vive et si énergique qu'elle les met en quelque sorte sous les yeux et fait d'un récit ou d'une description une image, un tableau ou même une scène vivante. Elle consiste en une description très précise afin d'arriver à visualiser une scène, de dresser un tableau. Elle permet de mettre l'accent sur une situation particulière. - Elle est souvent utilisée pour dramatiser une situation. Par exemple, Gilbert Collard parle par hypotypose dans sa plaidoirie pour défendre les parties civiles au Procès Barbie. Il introduit son discours en disant : « Ils sont partis pour les camps de la mort, le 6 avril 1944, de la colonie de vacance d'Izieu, où ils se cachaient en chantant « vous n'aurez pas l'Alsace et la Lorraine » ! Ces voix d'enfants, si elles viennent jusqu'à nous dans leur clarté fragile, disent tout de la lutte entre les faibles et les brutes. ». Ca donne un aspect littéraire, ça n'a rien de rationnel. Cela a introduit une dimension émotionnelle qui était nécessaire pour mieux défendre sa partie. - C'est une figure de style très convaincante car elle met l'auditeur dans la scène même. Dans mon discours, j'ai utilisé une hypotypose pour décrire le crime du camp ennemi. J'énumère ainsi une série d'actes qui lui sont reprochables et qui mettent en valeur pourquoi je les accuse. Je dis qu'ils apprécient les techniques de guerre, le sang, la mort des ennemis, l'appropriation du territoire ennemi etc. Je dis aussi qu'ils commencent un long entraînement de leurs troupes afin qu'ils sachent tuer, brûler, décapiter, poignarder. Ca permet d'avoir une image globale de leurs torts. C'est aussi une manière de dramatiser la situation. Il est donc opportun de le faire pour donner encore plus de poids à mon argumentation.
24. Introduisez une métaphore dans votre discours. Cette métaphore peut-elle être filée?
La métaphore est une figure par laquelle on utilise une image pour un concept. C'est une figure de style qui consiste à donner à un mot un sens qu'on attribue généralement à un autre, en jouant sur l'analogie, les ressemblances. Ainsi, la signification naturelle du mot est modifiée pour faire passer un message. La métaphore filée est une métaphore que l'auteur reprend sur plusieurs lignes, c'est un développement de la métaphore. Par exemple, dans le procès Ranucci, l'avocat Paul Lombard utilise aussi la triple-métaphore en disant : « le sang se lave avec les larmes et non avec le sang ». Le sang c'est le crime, les larmes c'est le deuil, le sang c'est la peine de mort. La métaphore que j'ai utilisée dans la péroraison de mon discours est de parler de « portrait recouvert de noir » pour les côtés controversés de Cao Cao soit son côté fourbe, parfois trompeur et malhonnête. J'ai ensuite eu la possibilité de filer cette métaphore en amenant un élément pour compenser cela. J'ai alors parlé de Cao Cao comme un homme « haut en couleur ». Ceci dans le but d'exprimer qu'il a de nombreuses facettes et certaines plus lumineuses que d'autres. Un homme n'est pas tout blanc ou tout noir.
17. Reprenez l'un des termes de votre discours et proposez une métonymie.
La métonymie est une figure consistant à désigner un objet par le nom d'un autre ayant avec lui un lien habituel, un point commun : la cause pour l'effet, le lieu pour l'institution, le contenant et le contenu. A la place de dire « Plus important encore, Cao Cao est reconnu pour sa remarquable œuvre littéraire » je pourrais remplacer par « sa remarquables plume ».
9. Formulez l'un de vos arguments sous forme de prétérition.
La prétérition est une figure de rhétorique par laquelle on feint d'omettre des circonstances sur lesquelles on insiste avec beaucoup de force. C'est un procédé qui tend à faire ce qu'on avait dit qu'on n'allait pas faire. Une prétérition peut alors se structurer de la façon suivante : on peut commencer notre phrase en disant « je n'ai pas besoin de vous dire que... » « vous savez aussi bien que moi que... » mais en continuant en parlant ce qu'on veut dire. Je pourrais par exemple insinuer que les ennemis sont ont seulement le même défaut que Cao Cao mais qu'ils sont encore pires en disant : « Inutile de vous rappeler que le camp ennemi aimait autant les techniques de guerre, le sang et la mort des ennemis que Cao Cao » pour ensuite enchaîner en développant en long et en large cet élément et continuer sur des arguments accablants la partie adverse.
14. Comment avez-vous composé votre péroraison, et celle-ci correspond-t-elle aux préceptes d'Aristote ?
La péroraison correspond à la conclusion du discours. Le but est de « finir en beauté » et de convaincre durablement que l'on a raison et que l'adversaire se trompe. Logiquement, on peut utiliser la structure suivante : - Récapituler les arguments - Établir un jugement de valeur comme aboutissement de ce que l'on apporte à travers une évaluation - Ajouter une dernière phrase qui viendra conclure le tout, assimilable au « dernier coup de marteau » afin de faire impression et continuer à éveiller l'intérêt pour la cause défendue. Ceci est une estocade. Il peut être utile d'utiliser de belles figures de style à cette occasion. Dans ma péroraison j'ai tout d'abord récapitulé les différents éléments qui viennent défendre Cao Cao en reprenant les trois axes que j'avais défendus. J'ai procédé à une évaluation en disant « Cao Cao est un homme qui a su trouver dans le désordre des conflits qui l'entouraient, une harmonie certaine autour de valeurs propres ». Je rappelle que c'est bien lui qui reste dans les mémoires plus que n'importe quel de ses adversaires. Et je termine en décrivant l'image finale de Cao Cao : c'est un homme exceptionnel et un héros qui transcende les âges.
19. Formulez l'un de vos arguments sous forme de question rhétorique. Quelle suite donner à la question ?
La question rhétorique est un processus par lequel on pose une question sans réellement rechercher de réponse. Elles permettent plutôt de délimiter le discours et de commencer à se poser les bonnes questions. C'est un figure de style très stratégique car elle amène l'auditeur à réfléchir à une question qu'on a nous-même rédigé et pensé. Le rhéteur contrôle ainsi un peu le cheminement de la pensée de l'auditeur. A la suite d'une question rhétorique, deux choix s'offrent à nous : - On peut utiliser la technique de la dubitation qui consiste à poser une question rhétorique puis à y répondre - On peut aussi utiliser la technique de la délibération qui consiste à laisser la question sans réponse afin que l'auditoire y réponde par lui-même. La question reste ainsi ouverte. Cette technique peut se révéler assez délicate, il faut pouvoir être assez certain de ce que l'auditoire pense pour l'utiliser. Pour parler de Cao Cao, on pourrait poser la question : « Un homme est-il foncièrement bon ou foncièrement mauvais ? ». Selon le contexte, la réponse qui voudrait que l'on ne peut pas être aussi catégorique, qu'il faut savoir trouver les bons et les mauvais côtés dans une personne peut venir dans les esprits en toute logique. On pourra alors utiliser la technique de la délibération. Dans d'autres contextes, on pourra devoir expliciter la réponse pour être sûr d'être bien compris. On utilisera alors la technique de la dubitation.