Français 322 Final

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Les dents des femmes sont des objets si charmants qu' on ne devrait les voir qu' en rêve ou à l'instant de l'amour. Si belle! Cybèle? Nous sommes à jamais perdus dans le désert de l'éternèbre. Qu'elle est belle. "Après tout" Si les fleurs étaient en verre Belle, belle comme une fleur de verre. Belle comme une fleur de chair. Il faut battre les morts quand ils sont froids. Les murs de la Santé Et si tu trouves sur cette terre une femme à l'amour sincère... Belle comme une fleur de feu Le soleil, un pied à l'étrier, niche un rossignol dans un voile de crêpe. Vous ne rêvez pas Qu'elle était belle Qu'elle est belle.

L'Étoile de Mer--Robert Desnos

Sa bouche fraîche était là ; Je me courbai sur la belle, Et je pris la coccinelle ; Mais le baiser s'envola. « Fils, apprends comme on me nomme, » Dit l'insecte du ciel bleu, « Les bêtes sont au bon Dieu, Mais la bêtise est à l'homme. »

La Coccinelle- Victor Hugo

« Elle me dit : « Quelque chose Me tourmente. » Et j'aperçus Son cou de neige, et, dessus, Un petit insecte rose. J'aurais dû, — mais, sage ou fou, À seize ans, on est farouche, — Voir le baiser sur sa bouche Plus que l'insecte à son cou »

La Coccinelle- Victor Hugo

"Oh! les forêts qui craquent sous l'orage! les soleils énormes, les lunes couleur de roses, les oiseaux pleurant la pluie, les verdures, les sources farouches, les jeunes proies faciles dont on peut boire la vie d'une seule aspiration, les grands fleuves étalant leur miroir où les fauves penchés ont des auréoles d'étoiles... Peu à peu, le cerveau de la panthère expirante s'éblouissait des visions anciennes. Oh! le bonheur, très loin, la liberté !

La Panthère--Rachilde

« La panthère se dressa. C'était, cette créature toute blanche, la fille du vieux gardien des fauves: 'Bête, dit-elle, tandis que derrière elle tourbillonnaient des clartés blondes comme sa chevelure, j'ai compassion de toi. Tu ne mourras point.' 8 Détachant une chaîne, elle poussa la grille, fit tomber le quartier de chevreau sur le seuil de la cage, déposa doucement le vase plein avec des gestes Alors, la panthère se ramassa sur ses reins, heureusement demeurés souples, se fit toute petite pour ne pas effrayer l'enfant, la guetta un instant de ses deux yeux phosphorescents, devenus profonds comme des gouffres, d'un bond lui sauta à la gorge et l'étrangla... »

La Panthère--Rachilde

Qui est là ?... Jeanine ?. La chienne poussa un : « Hi ! » aigu et aboya. Chut ! souffla le sergent en fermant de ses mains la gueule humide et fraîche... Il étendit encore un bras hésitant vers la porte et la chienne bondit. Mais il la retint par son collier et l'emmena sur l'autre trottoir, d'où il contempla la maison inconnue, le fil de lumière rosée. Il s'assit sur le trottoir, à côté de la chienne. Il n'avait pas encore rassemblé les images ni les pensées qui se lèvent autour d'une trahison possible, mais il se sentait singulièrement seul, et faible. Tu m'aimes ? murmura-t-il à l'oreille de la chienne. Elle lui lécha la joue. Viens, on s'en va.

La chienne--Colette

Je me suis arrêté près de la triste bête, qui, sourde, ne bougeant ni le corps ni la tête, Les yeux fermés, semblait morte sur le pavé. Comme le soir tombait, le maître est arrivé, Vieux lui-même, et, hâtant son pas que l'âge casse, A murmuré le nom de son chien à voix basse. Alors, rouvrant ses yeux pleins d'ombre, exténué, Le chien a regardé son maître, a remué Une dernière fois sa pauvre vieille queue, Puis est mort. C'était l'heure où, sous la voûte bleue, Comme un flambeau qui sort d'un gouffre, Vénus luit ; Et j'ai dit : « D'où vient l'astre ? où va le chien ? ô nuit ! »

La mort du chien--Victor Hugo

La Vache Est Un Animal Qui A Environ Quatre Pattes Qui Descendent Jusqu' A terre

La vache--Jaques Roubaud

Kiki-la-doucette : Va-t'en. Je suis le martyr... Va-t'en, te dis-je, ou je souffle du feu sur toi ! Toby-chien, candide : Pourquoi ? Kiki-la-doucette : Parce que tu es libre, parce que je suis dans ce panier, parce que le panier est dans une voiture infecte et qui me secoue, et que leur sérénité à Eux m'exaspère Toby-chien : Veux-tu que j'aille regarder dehors et que je te raconte ce qu'on voit par la portière de la voiture ? Kiki-la-doucette : Tout m'est également odieux.. Toby-chien, après avoir regardé, revient : Je n'ai rien vu... Kiki-la-doucette, amer : Merci tout de même

Le Voyage--Colette

« — Ah ! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d'excréments, vous l'auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l'exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »

Le chien et le flacon--Charles Baudelaire

« - Et c'est quoi, la haute conscience ? - C'est la conscience qui tremble. - Trembler, c'est pourtant un signe d'inquiétude... - Possible, mais ce qui est mort ne tremble jamais. - L'absence de tremblement serait donc le signe que l'on est mort ? - Ou que l'on est idiot »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« Le poète s'est rendu au bord de la mer pour y écrire ses œuvres complètes ; mais voilà, il y a les mouettes ! le poète parle : 'Vos gueules ! vos gueules ! les mouettes ! cessez de brailler dans l'écume [...] J'en ai marre de vos gueules de scie Je crache je tousse je m'essuie Le nez avec de vieux kleenex »

Les mouettes--Jacques Roubaud

« Comme de longs échos qui de loin se confondent Dans une ténébreuse et profonde unité, Vaste comme la nuit et comme la clarté, Les parfums, les couleurs et les sons se répondent. II est des parfums frais comme des chairs d'enfants, Doux comme les hautbois, verts comme les prairies, — Et d'autres, corrompus, riches et triomphants »

Correspondance--Charles Baudelaire

« - J'ai encore tellement de questions à vous poser... - Garde-les, pose-les à toi-même [...] La question n'enseigne rien et ne prêche rien : elle appelle. C'est l'énergie du devenir. * Puis le vénérable [...] regarde alors l'admirable et lui dit en souriant : - Merci de m'avoir illuminé de tes questions, sans toi, je ne savais pas ce que je faisais vraiment, ni où j'allais vraiment. Tes questions m'ont offert de l'inquiétude, de la mobilité... [...] Tu as été mon maître »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« - Je veux dire que c'est à toi de vivre ta vie. Et c'est cela la vraie définition du courage : ne pas renoncer à vivre ce qu'on est de la manière la plus élevée, à être tout ce qu'on est de la manière la plus décente »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« - Papa, je suis un peu désemparé, dit une fois l'admirable papillon. On dirait que vous ne m'enseignez rien, que chaque fois vous dérobez le chemin sous mes pas... - C'est parce qu'il n'y a pas de route. La route, c'est qu'il nous faut vivre sans route - Qu'est-ce que j'aurai appris de vous ? - Rien, j'espère. - Qu'est-ce que j'aurais dû apprendre ? - Quelle horreur ! je ne suis pas un maître d'école ni un prêcheur de confrérie ! »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« - Quoi qu'il en soit, papa, tu devrais être content de t'en aller tantôt avec des ailes intactes ! - Pourquoi, papillon ! - Rares sont ceux qui à ton âge peuvent se vanter d'avoir su préserver un tel trésor... - Quel trésor ? - Tes ailes... toutes magnifiques... ! - Ah... oui, c'est vrai, soupire encore le vénérable, mais hélas... [...] - Hélas ? Pourquoi dire « hélas » quand on a conservé toutes ses ailes ? - Pour une raison très simple, mon fi... Il se tait, toujours soucieux, abîmé dans des chimères sans fond. - Mais laquelle ? s'impatiente le fringant. - J'aurai gardé mes ailes mais je n'aurai pas connu la lumière.

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« - À force de voler dans l'obscurité, j'ai décelé une lumière... - Pardon ? - Oui, une petite lumière ! [...] Celle qui est en moi. Le vénérable déroule sa trompe et la ramène, comme s'il venait de goûter un petit nectar. - Cool, dit-il enfin Le jeune triomphe en frétillant des ailes. - Je vole sans fin vers elle, la cherche sans fin, et je la trouve tout le temps ! - Dommage, dommage, dommage..., soupire alors l'Ancien. - Hein ? Quoi ? - C'est pas cool »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« Le jeune fringant exhorte les jeunes papillons à ne pas se brûler sur la lumière artificielle. Il n'y a là aucune connaissance, la vraie connaissance est ailleurs ! hurle-t-il. Vous pouvez vous y intéresser, mais ne vous tuez pas pour ça, et surtout conservez vos ailes... ! Il prêche inlassablement. Mais personne ne l'écoute. Une ivresse emporte les jeunes couvées de papillons. Les ailes s'abîment en masse. Les corps carbonisés s'entassent sur les trottoirs et le bitume des routes - Que fais-tu, mon fi ? s'inquiète le vénérable en voletant au-dessus de lui ? - J'essaie de les sauver. - Les sauver de quoi ? - De la fausse connaissance. - Fausse ? Qu'en sais-tu ? Que peux-tu en savoir si tu ne l'as pas toi-même connue ? - J'aimerais au moins leur offrir un choix ! [...] Choix de se consumer d'un coup, ou choix de faire comme vous : vieillir avec des ailes ! - Quelle horreur ! - Que voulez-vous dire ? - Je ne suis pas un exemple. - Vous avez toutes vos ailes... - Lors de notre première rencontre, tu m'as trouvé triste, immobile et visiblement pas heureux, à tes dires. C'est ça, l'exemple que tu veux offrir ? - Heu... - Et puis, de quel droit voudrais-tu décider de leur vie ? - Heu... - Et puis, quelle est cette prétention de vouloir sauver les autres, alors que rien n'indique que tu te sois déjà sauvé toi-même ? - Heu... »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« Soudain, le jeune fringant délaisse la sarabande des comparses de son âge pour se poser auprès d'un papillon mélancolique. Loin de toute agitation, ce dernier végète sur un fil électrique, au-dessus d'un McDonald's, dans 12 un remugle d'huile morte et de frites échaudées. Contrairement aux autres, le solitaire ne semble pas pressé de vivre à fond la nuit avant le retour désolant du soleil. Il semble vieux pas vaillant, attristé, immobile et absent. Pourtant, quelque chose a aimanté le jeune fringant vers lui : c'est le premier mystère de cette drôle d'histoire »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« Une nuit, aux dernières heures de pleine obscurité, le vénérable se tourne vers le jeune magnifique, et lui dit : - Es-tu prêt ? - Prêt pourquoi ? - Pour la grande audace. [...] Ferme les yeux, lui dit-il. Puis il poursuit son vol alors que la nuit se dissipe, que le ciel s'éclaircit, et que le terrible soleil commence à embraser toute chose »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

« le jeune, plein d'entrain, rayonnant d'une confiance retrouvée, annonce gaillardement : - J'ai décidé de vivre sans crique, ni saut, sans aile brûlée, et sans ces tracas de lumière ! - Et que te restera-t-il ? demande doucement l'Ancien. - Ma vieillesse. Je vais tranquillement attendre ma vieillesse. - Tcha ! Quelle horreur ! s'écrie le vénérable. - Pourquoooi ? s'étrangle le jeune fringant. - Comment connaître vraiment la vieillesse si l'on n'a pas pleinement vécu ?! »

Le papillon et la lumiere--Patrick Chamoiseau

Ce sont les mères des hiboux Qui désiraient chercher les poux De leurs enfants, leurs petits choux, En les tenant sur les genoux. Leurs yeux d'or valent des bijoux Leur bec est dur comme cailloux, Ils sont doux comme des joujoux, Mais aux hiboux point de genoux ! Votre histoire se passait où ? Chez les Zoulous ? Les Andalous ? Ou dans la cabane bambou ? A Moscou ? Ou à Tombouctou ? En Anjou ou dans le Poitou ? Au Pérou ou chez les Mandchous ? Hou ! Hou ! Pas du tout, c'était chez les fous.

Les Hiboux--Robert Desnos

La chatte noire, en pleine épilepsie : Beuh ! Maman ! Un serpent ! Un serpent ! Houin ! Mouan ! Au secours ! [...] Trois heures plus tard. Près de la Tortue qui a fait le tour du jardin et broute à présent les pois de senteur, la Bergère se tient toujours à l'arrêt. La chienne Bill, sur le perron, sans approcher : Eh bien ? Vous l'avez tuée ? La Bergère, exténuée, mais héroïque, le nez à deux doigts de l'écaille ambulante : Pas encore La chienne Bull, ironique : Qu'est-ce que vous faites, alors ? La Bergère : J'attends. La chienne Bull : Vous attendez quoi ? La Bergère : Qu'elle sorte de sa niche !...

Les bêtes et la tortue--Colette

« Leur attitude au sage enseigne Qu'il faut en ce monde qu'il craigne Le tumulte et le mouvement »

Les hiboux--Charles Baudelaire

« Sous les ifs noirs qui les abritent, Les hiboux se tiennent rangés, Ainsi que des dieux étrangers, Dardant leur œil rouge. Ils méditent.

Les hiboux--Charles Baudelaire

Jean : [...] Après tout, les rhinocéros sont des créatures comme nous, qui ont droit à la vie au même titre que nous ! [...] Il faut dépasser la morale. Béranger : que mettriez-vous à la place ? Jean : La nature ! [...] Il faut retourner à l'intégrité primordiale. [...] L'humanisme est périmé ! Vous êtes un vieux sentimental ridicule. [...] Chaud... trop chaud. Démolir tout cela, vêtements, ça gratte, vêtements, ça gratte. [...| Les marécages ! les marécages !...

Rhinocéros--Ionesco

« Botard : Je ne crois pas les journalistes. Les journalistes sont tous des menteurs, je sais à quoi m'en tenir, je ne crois que ce que je vois, de mes propres yeux. En tant qu'ancien instituteur, j'aime la chose précise, scientifiquement prouvée, je suis un esprit méthodique, exact. Dudard : Que vient faire ici l'esprit méthodique ? [...] Botard : Vous appelez cela de la précision ? Voyons. De quel pachyderme s'agit-il ? Qu'est-ce que le rédacteur de la rubrique des chats écrasés [...] entend-il par chat ? Dudard : Tout le monde sait ce qu'est un chat. Botard : Est-ce d'un chat ou est-ce d'une chatte qu'il s'agit ? Et de quelle couleur ? De quelle race ? Je ne suis pas raciste, je suis même antiraciste. Monsieur Papillon : Voyons, monsieur Botard, il ne s'agit pas de cela, que vient faire ici le racisme ? Botard : Monsieur le Chef, je vous demande bien pardon. Vous ne pouvez nier que le racisme est une des grandes erreurs du siècle. »

Rhinocéros--Ionesco

« Béranger : Comme j'ai mauvaise conscience, j'aurais dû les suivre à temps. Trop tard maintenant ! Hélas, je suis un monstre, je suis un monstre. Hélas, jamais je ne deviendrai rhinocéros, jamais, jamais ! je ne peux plus changer. Je voudrais bien, je voudrais tellement, mais je ne peux pas. Je ne peux plus me voir. J'ai trop honte ! (il tourne le dos à la glace.) Comme je suis laid ! malheur à celui qui vient conserver son originalité ! (Il a un brusque sursaut.) Eh bien tant pis ! je me défendrai contre tout le monde ! Ma carabine, ma carabine ! (Il se retourne face au mur du fond où sont fixées les têtes des rhinocéros, tout en criant:) Contre tout le monde, je me défendrai ! je suis le dernier homme, je le resterai jusqu'au bout ! Je ne capitule pas ! »

Rhinocéros--Ionesco

« Béranger : Je ne te comprends plus, Daisy. Ma chérie, tu ne sais plus ce que tu dis ! L'amour ! l'amour, voyons, l'amour... Daisy : J'en ai un peu honte de ce que tu appelles l'amour, ce sentiment morbide, cette faiblesse de l'homme. Et de la femme. Cela ne peut se comparer avec l'ardeur, l'énergie extraordinaire que dégagent tous ces êtres qui nous entourent. Bérenger : De l'énergie ! Tu veux de l'énergie ! Tiens, en voilà de l'énergie ! Il lui donne une gifle 11 [...] Oh ! pardonne-moi, ma chérie, pardonne-moi ! [...] En quelques minutes, nous avons donc vécu vingt-cinq années de mariage. [...] Daisy : Ils chantent, tu entends ? Béranger : Ils ne chantent pas, ils barrissent. Daisy : Ils chantent. [...] Et puis regard, ils jouent, ils dansent. Béranger : Tu appelles ça de la danse ? Daisy : C'est leur façon. Ils sont beaux. Béranger Ils sont ignobles ! »

Rhinocéros--Ionesco

« Béranger : [...] Vous savez bien que je suis votre ami. Jean : L'amitié n'existe pas. Je ne crois pas en votre amitié. [...] À vrai dire, je ne déteste pas les hommes, ils me sont indifférents, ou bien ils me dégoûtent, mais qu'ils ne se mettent pas en travers de ma route, je les écraserais. [...] J'ai un but, moi. Je fonce vers lui. [...] Je me sentais mal à l'aise dans mes vêtements, maintenant mon pyjama me gêne ! Béranger : Ah !, mais, qu'est-ce qu'elle a votre peau ? [...] On dirait du cuir. Jean : C'est plus solide. Je résiste aux intempéries. Béranger : Vous êtes de plus en plus vert. [...] Que dites-vous ? Jean : Je ne dis rien. Je fais brrr... ça m'amuse. »

Rhinocéros--Ionesco

« Jean : Mon cher, tout le monde travaille et moi aussi comme tout le monde, je fais tous les jours mes huit heures de bureau, moi aussi, je n'ai que vingt et un jours de congé par an, et pourtant, pourtant vous me voyez. De la volonté que diable !... Béranger : Oh ! de la volonté, tout le monde n'a pas la vôtre. Moi je ne m'y fais pas. Non je ne m'y fais pas, à la vie. Jean : Tout le monde doit s'y faire. Seriez-vous une nature supérieure ? Béranger : Je ne prétends pas... Jean, interrompant : je vous vaux bien ; et même, sans fausse modestie, je vaux mieux que vous. L'homme supérieur est celui qui remplit son devoir. »

Rhinocéros--Ionesco

« Ce qu'il faut bien que je t'apprenne encore, c'est que ce vilain Animal est essentiellement féroce, et se nourrit de chair et de sang ; mais ne t'épouvante pas, je t'en prie. Soit par un effet de sa lâcheté naturelle, soit par un horrible raffinement d'ingratitude et de cruauté, il ne manque que de pauvres Bêtes sans défense, timides, faciles à tuer par surprise »

Tablettes de la giraffe du Jardin des plantes--Charles Nodier

« L'espèce d'Animal qui domine dans le triste pays dont je viens de faire la peinture est probablement la plus maltraitée de toutes les créatures de Dieu. Le devant de sa tête, au lieu d'être élégamment allongé en courbe gracieuse, est plat et vertical. Son cou, presque tout à fait caché entre les épaules, n'a ni développement ni souplesse ; sa peau rase est d'une couleur terreuse et livide comme le sable, et, pour comble de ridicule, il a pris la sotte habitude de marcher sur ses pattes de derrière, et balançant burlesquement de côté et l'autre les pattes de devant pour maintenir son équilibre. Il est difficile de rien imaginer de plus absurde et de plus laid »

Tablettes de la giraffe du Jardin des plantes--Charles Nodier

« L'état de Savant consiste à se servir de mots si rarement prononcés, qu'il vaudrait autant qu'ils ne l'eussent pas été du tout, et le principal mérite du Savant est de faire tous les jours des mots nouveaux que personne ne puisse entendre, pour exprimer des faits vulgaires que tout le monde peut connaître ».

Tablettes de la giraffe du Jardin des plantes--Charles Nodier

« Le soleil y est pâle, la lune blafarde, le ciel terne, la poussière sale et détrempée, le vent humide et froid. Sur trois cent soixante et quelques jours dont se compose l'année, il pleut pendant trois cent quarante, et tous les chemins deviennent d'immondes rivière, où une Girafe qui se respecte n'oserait poser une patte. [...] À l'aspect de cette région désastreuse, je restai un moment saisie d'effroi ; je venais d'arriver dans la BELLE FRANCE »

Tablettes de la giraffe du Jardin des plantes--Charles Nodier

« Les jours de carnage sans appétit et sans but sont infiniment plus communs, et ils arrivent au moment où l'on y pense le moins. [...] L'Homme a inventé, pour ces horribles collisions, des instruments de mort qui détruisent infailliblement tout ce qu'ils touchent, et qui sont en général copiés sur ceux dont la nature a muni les Animaux pour leur défenses »

Tablettes de la giraffe du Jardin des plantes--Charles Nodier

« Il arriva que Toine eut une attaque et tomba paralysé. On coucha ce colosse dans la petite chambre derrière la cloison du café, afin qu'il pût entendre ce qu'on disait à côté, et causer avec les amis, car sa tête était demeurée libre, tandis que son corps, un corps énorme, impossible à remuer, à soulever, restait frappé d'immobilité. On espérait, dans les premiers temps, que ses grosses jambes reprendraient quelque énergie, mais cet espoir disparut bientôt, et Toine-ma-Fine passa ses jours et ses nuits dans son lit qu'on ne retapait qu'une fois par semaine, avec le secours de quatre voisins qui enlevaient le cabaretier par les quatre membres pendant qu'on retournait sa paillasse. Il demeurait gai pourtant, mais d'une gaieté différente, plus timide, plus humble, avec des craintes de petit enfant devant sa femme qui piaillait toute la journée : - Le v'là, le gros sapas, le v'là, le propre à rien, le faigniant, ce gros soulot ! C'est du propre, c'est du propre ! »

Toine--Guy de Maupassant

« Vers trois heures, Toine s'assoupit. Il dormait maintenant la moitié des jours. Il fut réveillé soudain par un chatouillement inusité sous le bras droit. Il y porta aussitôt la main gauche et saisit une bête couverte de duvet jaune, qui remuait dans ses doigts. Son émotion fut telle, qu'il se mit à pousser des cris, et il lâcha le poussin qui courut sur sa poitrine. Le café était plein de monde. Les buveurs se précipitèrent, envahirent la chambre, firent cercle comme autour d'un saltimbanque, et la vieille étant arrivée cueillit avec précaution la bestiole blottie sous la barbe de son mari. Personne ne parlait plus. C'était par un jour chaud d'avril. On entendait par la fenêtre ouverte glousser la poule jaune appelant ses nouveau-nés. Toine, qui suait d'émotion, d'angoisse, d'inquiétude, murmura : - J'en ai encore un sous le bras gauche, à c't'heure. Sa femme plongea dans le lit sa grande main maigre, et ramena un second poussin, avec des mouvements soigneux de sage-femme. Les voisins voulurent le voir. On se le repassa, en le considérant attentivement comme s'il eût été un phénomène. Pendant vingt minutes, il n'en naquit pas, puis quatre sortirent en même temps de leurs coquilles. Ce fut une grande rumeur parmi les assistants. Et Toine sourit, content de son succès, commençant à s'enorgueillir de cette paternité singulière. On n'en avait pas souvent vu comme lui, tout de même! C'était un drôle d'homme, vraiment! Il déclara : - Ça fait six. Nom de nom qué baptême. Et un grand rire s'éleva dans le public."

Toine--Guy de Maupassant

« A l'église, elle contemplait toujours le Saint Esprit, et observa qu'il avait quelque chose du perroquet. Sa ressemblance lui parut encore plus manifeste sur une image d'Épinal, représentant le baptême de Notre-Seigneur. Avec ses ailes de pourpre et son corps d'émeraude, c'était vraiment le portrait de Loulou. L'ayant acheté, elle le suspendit à la place du comte d'Artois, -- de sorte que, du même coup d'œil, elle les voyait ensemble. Ils s'associèrent dans sa pensée, le perroquet se trouvant sanctifié par ce rapport avec le Saint-Esprit, qui devenait plus vivant à ses yeux et intelligible. Le Père, pour s'énoncer, n'avait pu choisir une colombe, puisque ces bêtes-là n'ont pas de voix, mais plutôt un des ancêtres de Loulou. Et Félicité priait en regardant l'image, mais de temps à autre se tournait un peu vers l'oiseau.

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« En toute saison, elle portait un mouchoir d'indienne fixé dans le dos par une épingle, un bonnet lui cachant les cheveux, des bas gris, un jupon rouge, et par-dessus sa camisole un tablier à bavette, comme les infirmières d'hôpital. Son visage était maigre et sa voix aiguë. A vingt-cinq ans, on lui en donnait quarante. Dès la cinquantaine, elle ne marqua plus aucun âge; -- et, toujours silencieuse, la taille droite et les gestes mesurés, semblait une femme en bois, fonctionnant d'une manière automatique. »

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« Enfin il arriva, -- et splendide, droit sur une branche d'arbre, qui se vissait dans un socle d'acajou, une patte en l'air, la tête oblique, et mordant une noix, que l'empailleur par amour du grandiose avait dorée. Elle l'enferma dans sa chambre. Cet endroit, où elle admettait peu de monde, avait l'air tout à la fois d'une chapelle et d'un bazar, tant il contenait d'objets religieux et de choses hétéroclites. »

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« Mon Dieu! comme vous êtes bête! Elle répliquait: -- Oui, Madame, en cherchant quelque chose autour d'elle. Le petit cercle de ses idées se rétrécit encore, et le carillon des cloches, le mugissement des bœufs n'existaient plus. Tous les êtres fonctionnaient avec le silence des fantômes. Un seul bruit arrivait maintenant à ses oreilles, la voix du perroquet. Comme pour la distraire, il reproduisait le tic tac du tournebroche, l'appel aigu d'un vendeur de poisson, la scie du menuisier qui logeait en face; et, aux coups de la sonnette, imitait Mme Aubain. -- Félicité! la porte! la porte! Ils avaient des dialogues, lui, débitant à satiété les trois phrases de son répertoire, et elle, y répondant par des mots sans plus de suite, mais où son cœur s'épanchait. Loulou, dans son isolement, était presque un fils, un amoureux. Il escaladait ses doigts, mordillait ses lèvres, se cramponnait à son fichu; et, comme elle penchait son front en branlant la tête à la manière des nourrices, les grandes ailes du bonnet et les ailes de l'oiseau frémissaient ensemble. »

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« Pendant un demi-siècle, les bourgeoises de Pont l'Evêque envièrent à Mme Aubain sa servante Félicité. Pour cent francs par an, elle faisait la cuisine et le ménage, cousait, lavait, repassait, savait brider un cheval, engraisser les volailles, battre le beurre, et resta fidèle à sa maîtresse, -- qui cependant n'était pas une personne agréable. »

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« Une vapeur d'azur monta dans la chambre de Félicité. Elle avança les narines, en la humant avec une sensualité mystique; puis ferma les paupières. Ses lèvres souriaient. Les mouvements de son cœur se ralentirent un à un, plus vagues chaque fois, plus doux, comme une fontaine s'épuise, comme un écho disparaît; et, quand elle exhala son dernier souffle, elle crut voir, dans les cieux entr'ouverts, un perroquet gigantesque, planant au-dessus de sa tête. »

Un Coeur Simple--Gustave Flaubert

« - Hé! Nicolas! Il se tourna; alors, lâchant sa chienne, elle cria: - Va, va, dévore, dévore! L'animal, affolé, s'élança, saisit la gorge. L'homme étendit les bras, l'étreignit, roula par terre. Pendant quelques secondes, il se tordit, battant le sol de ses pieds; puis il demeura immobile, pendant que Sémillante lui fouillait le cou, qu'elle arrachait par lambeaux. Deux voisins, assis sur leur porte, se rappelèrent parfaitement avoir vu sortir un vieux pauvre avec un chien noir efflanqué qui mangeait tout en marchant, quelque chose de brun que lui donnait son maître. La vieille, le soir, était rentrée chez elle. Elle dormit bien, cette nuit-là. »

Une Vendetta--Guy de Maupassant

« La veuve de Paolo Saverini habitait seule avec son fils une petite maison pauvre sur les remparts de Bonifacio. La ville, bâtie sur une avancée de la montagne, suspendue même par places au-dessus de la mer, regarde, par-dessus le détroit hérissé d'écueils, la côte plus basse de la Sardaigne. [...] Sur la montagne blanche, le tas de maisons pose une tache plus blanche encore. Elles ont l'air de nids d'oiseaux sauvages, accrochées ainsi sur ce roc, dominant ce passage terrible où ne s'aventurent guère les navires. Le vent, sans repos, fatigue la mer, fatigue la côte nue, rongée par lui, à peine vêtue d'herbe; il s'engouffre dans le détroit, dont il ravage les bords. Les traînées d'écume pâle, accrochées aux pointes noires des innombrables rocs qui percent partout les vagues, ont l'air de lambeaux de toiles flottant et palpitant à la surface de l'eau. La maison de la veuve Saverini, soudée au bord même de la falaise, ouvrait ses trois fenêtres sur cet horizon sauvage et désolé. »

Une Vendetta--Guy de Maupassant

« Toute seule, tout le long du jour, assise à sa fenêtre, elle regardait là-bas en songeant à la vengeance. Comment ferait-elle sans personne, infirme, si près de la mort? Mais elle avait promis, elle avait juré sur le cadavre. Elle ne pouvait oublier, elle ne pouvait attendre. Que ferait-elle? Elle ne dormait plus la nuit, elle n'avait plus ni repos ni apaisement, elle cherchait, obstinée. La chienne, à ses pieds, sommeillait, et, parfois levant la tête, hurlait au loin. Depuis que son maître n'était plus là, elle hurlait souvent ainsi, comme si elle l'eût appelé, comme si son âme de bête, inconsolable, eût aussi gardé le souvenir que rien n'efface. Or, une nuit, comme Sémillante se remettait à gémir, la mère, tout à coup, eut une idée, une idée de sauvage vindicatif et féroce. Elle la médita jusqu'au matin; puis, levée dès les approches du jour, elle se rendit à l'église. Elle pria, prosternée sur le pavé, abattue devant Dieu, le suppliant de l'aider, de la soutenir, de donner à son pauvre corps usé la force qu'il lui fallait pour venger le fils. »

Une Vendetta--Guy de Maupassant

Mais, quand, après avoir compté les palmiers, il jeta les yeux autour de lui, le plus affreux désespoir fondit sur son âme. Il voyait un océan sans bornes. Les sables noirâtres du désert s'étendaient à perte de vue dans toutes les directions, et ils étincelaient comme une lame d'acier frappée par une vive lumière. Il ne savait pas si c'était une mer de glace ou des lacs unis comme un miroir. Emportée par lames, une vapeur de feu tourbillonnait au-dessus de cette terre mouvante. Le ciel avait un éclat oriental d'une pureté désespérante, car il ne laisse alors rien à désirer à l'imagination. Le ciel et la terre étaient en feu. Le silence effrayait par sa majesté sauvage et terrible. L'infini, l'immensité, pressaient l'âme de toutes parts : pas un nuage au ciel, pas un souffle dans l'air, pas un accident au sein du sable agité par petites vagues menues ; enfin, l'horizon finissait, comme en mer quand il fait beau, par une ligne de lumière aussi déliée que le tranchant d'un sabre. Le Provençal serra le tronc d'un des palmiers, comme si c'eût été le corps d'un ami ; puis, à l'abri de l'ombre grêle et droite que l'arbre dessinait sur le granit, il pleura, s'assit et resta là, contemplant avec une tristesse profonde la scène implacable qui s'offrait à ses regards.

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« Au milieu de la nuit, son sommeil fut troublé par un bruit extraordinaire. Il se dressa sur son séant, et le silence profond qui régnait lui permit de reconnaître l'accent alternatif d'une respiration dont la sauvage énergie ne pouvait appartenir à une créature humaine. Une profonde peur, encore augmentée par l'obscurité, par le silence et par les fantaisies du réveil, lui glaça le cœur. Il sentit même à peine la douloureuse contraction de sa chevelure quand, à force de dilater les pupilles de ses yeux, il aperçut dans l'ombre deux lueurs faibles et jaunes. D'abord, il attribua ces lumières à quelque reflet de ses prunelles ; mais bientôt, le vif éclat de la nuit l'aidant par degrés à distinguer les objets qui se trouvaient dans la grotte, il aperçut un énorme animal couché à deux pas de lui. Était-ce un lion, un tigre, ou un crocodile ?

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« C'était une femelle. La fourrure du ventre et des cuisses étincelait de blancheur. Plusieurs petites taches, semblables à du velours, formaient de jolis bracelets autour des pattes. La queue musculeuse était également blanche, mais terminée par des anneaux noirs. Le dessus de la robe, jaune comme de l'or mat, mais bien lisse et doux, portait ces mouchetures caractéristiques, nuancées en forme de roses, qui servent à distinguer les panthères des autres espèces de felis. Cette tranquille et redoutable hôtesse ronflait dans une pose aussi gracieuse que celle d'une chatte couchée sur le coussin d'une ottomane »

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« Cette compagnie permit au Provençal d'admirer les sublimes beautés du désert. Du moment qu'il y trouvait des heures de crainte et de tranquillité, des aliments, et une créature à laquelle il pensait, il eut l'âme agitée par des contrastes... C'était une vie pleine d'oppositions. La solitude lui révéla tous ses secrets, l'enveloppa de ses charmes. Il découvrit dans le lever et le coucher du soleil des spectacles inconnus au monde. Il sut tressaillir en entendant au-dessus de sa tête le doux sifflement des ailes d'un oiseau, - rare passager ! - en voyant les nuages se confondre, - voyageurs changeants et colorés ! Il étudia pendant la nuit les effets de la lune sur l'océan des sables, où le simoun produisait des vagues, des ondulations et de rapides changements. Il vécut avec le jour de l'Orient, il en admira les pompes merveilleuses ; et souvent, après avoir joui du terrible spectacle d'un ouragan dans cette plaine où les sables soulevés produisaient des brouillards rouges et secs, des nuées mortelles, il voyait venir la nuit avec délices, car alors tombait la bienfaisante fraîcheur des étoiles. Il écouta des musiques imaginaires dans les cieux. Puis la solitude lui apprit à déployer les trésors de la rêverie. Il passait des heures entières à se rappeler des riens, à comparer sa vie passée à sa vie présente »

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« Dans le désert, voyez-vous, il y a tout, et il n'y a rien... - Mais encore, expliquez-moi... - Eh bien, reprit-il en laissant échapper un geste d'impatience, c'est Dieu sans les hommes. »

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« Le désert fut dès lors comme peuplé. Il renfermait un être auquel le Français pouvait parler, et dont la férocité s'était adoucie pour lui, sans qu'il s'expliquât les raisons de cette incroyable amitié. Quelque puissant que fût le désir du soldat de rester debout et sur ses gardes, il dormit. A son réveil, il ne vit plus Mignonne ; il monta sur la colline, et, dans le lointain, il l'aperçut accourant par bonds, suivant l'habitude de ces animaux, auxquels la course est interdite par l'extrême flexibilité de leur colonne vertébrale. Mignonne arriva les babines sanglantes ; elle reçut les caresses nécessaires que lui fit son compagnon, en témoignant même par plusieurs ronron graves combien elle en était heureuse. Ses yeux, pleins de mollesse, se tournèrent avec encore plus de douceur que la veille sur le Provençal, qui lui parlait comme à un animal domestique »

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

« Une odeur aussi forte que l'odeur exhalée par les renards, mais plus pénétrante, plus grave, pour ainsi dire, remplissait la grotte ; et, quand le Provençal l'eut dégustée du nez, sa terreur fut au comble, car il ne pouvait plus révoquer en doute l'existence du terrible compagnon dont l'antre royal lui servait de bivac. Bientôt, les reflets de la lune, qui se précipitait vers l'horizon, éclairant la tanière, firent insensiblement resplendir la peau tachetée d'une panthère. Ce lion d'Égypte dormait, roulé comme un gros chien, paisible possesseur d'une niche somptueuse à la porte d'un hôtel ; ses yeux, ouverts pendant un moment, s'étaient refermés. Il avait la face tournée vers le Français »

Une passion dans le desert--Honoré de Balzac

La petite chienne, étonnée de n'entendre point l'explosion admirative qui l'accueille partout, répétant : Je suis la toute petite Chienne si jolie ! je ne pèse que neuf cents grammes, mon collier est en or, mes oreilles sont en satin noir, doublées de caoutchouc luisant, mes ongles brillent comme des becs d'oiseaux, et... (Apercevant Toby-Chien.) Oh ! quelqu'un. (Silence.) Il est bien.

Une visite--Colette

« A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux »

l'albatros--Charles Baudelaire

« Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher. »

l'albatros--Charles Baudelaire


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