DRAMATURGES ET/OU METTEURS EN SCÈNE CONTEMPORAINS

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EGLY LARREYNAGA

- Egly Larreynaga: Abre el telón a la realidad social de El Salvador Su proyecto social "La Cachada" está integrado por vendedoras informales que montan obras de teatro. - En El Salvador, La Cachada es la frase que se grita en todas las calles del mercado negro en San Salvador. Algunas veces la cachada es un producto de contrabando que puede encontrarse a menor precio que en negocios formales. - Egly Larreynaga es la directora del teatro La Cachada y del Teatro del Azoro. La primera es una compañía de teatro conformada por mujeres vendedoras informales.La Cachada comenzó con cuatro mujeres como un taller experimental en la colonia Montreal, en Mejicanos, un municipio de San Salvador caracterizado por la fuerte presencia de las pandillas. Hoy suman 16 integrantes que capacitan en ejercicios teatrales a otras mujeres para entender y romper ciclos de violencia. Ellas cuentan cómo el teatro les ayudó a empoderarse, a sanar. El taller buscaba transformar las vidas de las vendedoras. "Cuando las conocí de manera profunda me impresionó cómo a través del teatro ellas iban contando sus historias, creando red", recordó Larreynaga. - La historia de La Cachada fue expresada en el documental homónimo dirigido por Marlén Viñayo. Este año, la película fue parte del prestigioso festival de cine South by Southwest (SXSW) en Austin, Texas. Ahí, la película ganó como favorita en la categoría Global. Ahora compite para ser parte de los Oscar en 2020. - Egly vivió en varios países de Centroamérica, Cuba y terminó en España. Ahí trabajó teatro con mujeres migrantes. Sus dos compañías de teatro denuncian de forma documental temas de la realidad salvadoreña. - sátira El Fenómeno, que retrata la manipulación y el uso del miedo como instrumento para obtener poder, un retrato crudo donde expone pandillas, crimen organizado y termina en la corrupción de los políticos que buscan la presidencia.

DANIEL MESGUISH (FR)

- L'aventure de Daniel Mesguish montant quatre fois Hamlet dans sa carrière - Daniel Mesguich est un acteur, metteur en scène de théâtre et professeur d'art dramatique français, né le 15 juillet 1952 à Alger (Algérie française). - Il passe son enfance en Algérie, enfance qu'il narre dans un récit. Arrivé à Marseille, et après être passé par le conservatoire de Marseille, il suit, pendant deux années, des études de philosophie à la faculté de Censier, à Paris. Admis en 1970 au Conservatoire national supérieur d'art dramatique (CNSAD), il y reçoit l'enseignement d'Antoine Vitez et de Pierre Debauche. - À peine sorti du CNSAD, il fonde sa compagnie, le Théâtre du Miroir, avec laquelle il ouvre un cours d'art dramatique. C'est ainsi que dix ans après, en 1983, il revient au Conservatoire à la demande de Jean-Pierre Miquel et en devient le plus jeune professeur. Il ne l'a plus quitté depuis et en a été nommé directeur en octobre 2007. Il est, par ailleurs, fréquemment sollicité pour diriger des master classes à l'étranger (académie de Pékin, Princeton University, Monterrey (Mexique), Budapest) et est invité à donner de nombreuses conférences sur la pédagogie théâtrale (New York, Harvard, Oxford, Bogota). - De nombreux artistes ont été ses élèves, parmi lesquels : Richard Anconina, Jérôme Anger, Dominique Frot, Sandrine Kiberlain, Vincent Pérez, Philippe Torreton, ou encore Mylène Farmer. - Daniel Mesguich compte à son actif plus d'une centaine de mises en scène pour le théâtre, une quinzaine pour l'opéra, en France et à l'étranger (Bruxelles, Prague, Moscou, Budapest, Leipzig, Séoul, Brazzaville, Bologne, Pékin) et a été l'acteur d'une quarantaine de films pour le cinéma et la télévision. - Il a assumé de hautes responsabilités, dont la direction de deux équipements nationaux : le théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis et le théâtre national de Lille, Tourcoing et de la région Nord-Pas-de-Calais. Il a occupé la cour d'honneur du palais des papes lors du festival d'Avignon de 1981 et les plus grandes scènes françaises et étrangères (Comédie-Française, théâtre de Chaillot, Opéra de Pékin). - Il a écrit de nombreux articles théoriques sur le théâtre, fait de nombreuses traductions de pièces de théâtre et est aussi l'auteur, notamment, d'un essai, L'Éternel éphémère (éditions Verdier) Il a été directeur du Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris de 2007 à 2013.

JEAN VILAR, ACTEUR ET METTEUR EN SCÈNE (FR)

- a créé le festival d'Avignon - a provoqué une révolution dramaturgique en ouvrant la scène du TNP, l'a débarrassée de ses attributs de clôture, supprimant le rideau, le décor peint, la toile de fond même et qu'il a confié à la seule lumière le pouvoir de sculpter dans l'ombre le champ dramatique, dissipant ainsi le mensonge et y substituant l'illusion.

STÉPHANE BRAUNSCHWEIG (FR)

- directeur de l'Odéon - Après des études de philosophie à l'École normale supérieure, il rejoint l'école du Théâtre national de Chaillot, dirigé par Antoine Vitez. - Depuis 1988, il a signé une soixantaine de mises en scène et de scénographies pour le théâtre et l'opéra. Ses auteurs de prédilection : Shakespeare, Molière, Ibsen, Tchekhov, Pirandello, et le contemporain Arne Lygre. Plusieurs Mozart et Janáček, ainsi qu'un Ring de Wagner au festival d'Aix-en-Provence, marquent sa production lyrique. - Après avoir dirigé le CDN d'Orléans (1993-1998), le Théâtre national de Strasbourg (2000-2008) et le Théâtre national de la Colline (2010-2015), il a été appelé en janvier 2016 à succéder à Luc Bondy à la direction de l'Odéon-Théâtre de l'Europe. - Il est également traducteur "D'un côté je me sens proche d'un certain minimalisme scénique (j'ai toujours admiré le travail de Daniel Jeanneteau par exemple), de l'idée d'une économie scénique basée sur le principe du plus avec le moins, d'un théâtre qui vide les plateaux du superflu pour faire ressortir la figure de l'acteur. Mais en même temps, comme je l'ai dit, je n'ai jamais renoncé au spectaculaire : alors, un minimalisme spectaculaire, pour ainsi dire. J'ai toujours défendu (comme metteur en scène mais également lorsque je programme des spectacles comme directeur de théâtre) l'idée qu'un spectacle, même avec des moyens limités ( financièrement et/ou sémantiquement), doit être porteur d'une ambition scénographique. En dépit de préoccupations parfois proches de celles du théâtre postdramatique, j'ai toujours continué d'affirmer la primauté du texte : ce qui signifie non pas un asservissement à ce dernier des autres constituants du spectacle, mais le choix premier du texte comme fédérateur des autres éléments. Pour moi, chaque scénographie est inspirée par le texte, créée pour lui, même si en général elle ne cherche pas à représenter les espaces qu'il décrit. Elle est plutôt une recherche des structures souterraines, plus ou moins visibles, du texte, la construction d'espaces mentaux, psychiques, me permettant d'ouvrir un dialogue imaginaire avec l'auteur. Et de même qu'en tant que metteur en scène j'aime raconter des histoires, de même j'aime que les scénographies racontent une histoire, même si c'est une histoire abstraite, plastique. D'où le recours à des scénographies évolutives, mouvantes, qui proposent un récit visuel en parallèle au récit textuel.[...] Stéphane Braunschweig, « Ouverture », in « Études théâtrales » 2012/2 N° 54-55, Paris, L'Harmattan.

OLIVIER PY (France)

- dramaturge et metteur en scène, ancien élève des Classes préparatoires du lycée Fénelon et actuel directeur du festival d'Avignon - leçon inaugurale prononcée par Olivier Py le 4 décembre 2009 au TNP de Villeurbanne, à l'occasion du séminaire national « Enseigner le théâtre au collège et au lycée aujourd'hui » - " penser la présence de l'art théâtral dans l'éducation comme une chance de rouvrir cette soif d'imprévu et cet amour de ce qui vient. Il s'agit de réserver dans l'apprentissage des connaissances et des techniques un moment où l'enfant, l'adolescent, le jeune homme, la jeune fille est sa propre étude. Où il se découvre lui-même, s'interroge sur son désir profond, abandonne le costume du consommateur et même celui du citoyen pour apprendre à vivre. J'ose dire que le théâtre dans cette perspective est un voyage idéal. Il ne nécessite pas de technique difficile, pas de technologie connexe, pas de connaissance écrasante, il ne nécessite rien qui ne soit accessible."

MICHEL VINAVER (MICHEL GRINBERG) (FR)

- dramaturge et écrivain français, né le 13 janvier 1927 à Paris. - Michel Vinaver complète sa méthode par un travail autour des quinze axes dramaturgiques qu'il a définis et qu'il propose sous forme de tableau dans son ouvrage Écritures dramatiques (éd. Actes Sud,1993). - auteur pourtant fort soucieux du « texte », comme Michel Vinaver. Ainsi l'on sait que sa pièce 11 septembre 2001 ou la très récente Bettencourt Boulevard, ou une histoire de France, développent une écriture fondée sur le verbatim de propos entendus, ou enregistrés, et d'ailleurs rapportés sur scène à leurs « auteurs » sous leurs véritables noms - comme le Président des Etats-Unis en 2001, ou les « protagonistes » de l'affaire évoquée dans cette dernière pièce. Ce théâtre documentaire pose on ne peut plus clairement, lui aussi, la question du style du dramaturge : évacué au niveau linguistique, le « style » qui permet de caractériser l'œuvre de Vinaver ressurgit à l'échelle d'une esthétique, soit d'un ensemble d'intentions et de dispositions, qui rend cette œuvre unique et reconnaissable.

ARIANE MNOUCHKINE (FR)

Ariane Mnouchkine, née le 3 mars 1939 à Boulogne-Billancourt, est metteur en scène de théâtre et animatrice de la troupe qu'elle a fondée en 1964, le Théâtre du Soleil. Elle est également scénariste et réalisatrice de films. Depuis sa naissance en 1964, le Théâtre du Soleil a marqué l'histoire du théâtre avec des créations portant la signature inimitable d'Ariane Mnouchkine, qui privilégie une dramaturgie occidentale mise en valeur par des traditions théâtrales orientales. Parmi la trentaine de spectacles produits par le Soleil, mentionnons deux cycles de quatre ans : « Les Shakespeare » - Richard II (1981), La Nuit des rois(1982) et Henri IV (1984) - ainsi que « Les Atrides » comprenant une pièce d'Euripide - Iphigénie à Aulis(1990) - et trois d'Eschyle - Agamemnon (1990), Les Choéphores (1991), Les Euménides (1992). Avec un faste impressionnant, les spectacles d'une grande beauté de ces deux cycles intègrent des influences orientales, notamment certaines disciplines du théâtre dansé des Indes et le Nô Japonais. Ariane Mnouchkine considère le théâtre comme un sanctuaire et accorde au jeu de l'acteur une importance primordiale. L'acteur doit avoir un « bon corps » et maîtriser différentes disciplines : techniques de jeu, chant, danse, acrobatie parfois ; sa culture et son expérience de vie viennent enrichir sa pratique.

PIERRE NOTTE (FR)

Auteur et metteur en scène pour le théâtre, Pierre Notte est également auteur de romans et de pièces radiophoniques pour France Culture Pierre Notte a été journaliste, rédacteur en chef de la revue Théâtres et secrétaire général de la Comédie-Française. Depuis 2009, il est auteur associé au Théâtre du Rond-Point. Chevalier dans l'ordre des Arts et des Lettres, il a reçu le prix Jeune Talent de la SACD, le prix Émile Augier décerné par l'Académie française, ainsi que le Publikumspreis du Blickwechsel à Karlsruhe (Allemagne). En 2012, il est lauréat de l'aide à l'écriture Beaumarchais pour sa pièce Demain dès l'aube qui reçoit également le soutien du CNT et il fonde sa compagnie Les gens qui tombent. Metteur en scène, il a notamment dirigé Kalashnikov de Stéphane Guérin, et Noce de Jean-Luc Lagarce. interprète, théâtralise une conférence sur l'importance du rôle du spectateur, premier texte théorique d'un homme de théâtre, auteur, metteur en scène, compositeur, comédien et pédagogue, L'Effort d'être spectateur, de Pierre Notte, rassemble ses prises de positions, points de vue, observations et exigences : thèses sur l'art difficile de la relation à établir entre la scène et la salle. décor, un simple fil de lumière qui descend des cintres et forme un carré au sol, un tabouret, une paire de chaussures brillantes à hauts talons, un claviola, des gants de boxe rouges, un cerceau, un harmonica et une bouteille d'eau. Affichant avec aisance ses connaissances du milieu théâtral, il truffe ses interventions enthousiastes ou acides de citations empruntées notamment à Gilles Deleuze, Jean-Luc Godard, Bernard-Marie Koltès, Patrice Chéreau, Joël Pommerat, Antoine Vitez, Olivier Py, Didier Sandre et Michel Bouquet. On cherche un peu les femmes dans cette liste, en dehors de Marguerite Duras et d'Ariane Mnouchkine. pourquoi ont-ils fait l'effort d'être là ? Sa réponse est encourageante. Gavés de cinéma, de séries télévisées, d'images multiples charriées par notre société, ils vont au théâtre pour jouir du manque, combler des vides et inventer leur propre histoire à partir de ce qui leur est simplement suggéré, voire pas montré du tout.

CARYL CHURCHILL (GB)

Caryl Churchill offre au spectateur une œuvre complexe et riche tant sur le plan idéologique que dramaturgique. Jusque dans les années 1990, son travail se place dans le sillage du théâtre féministe, en montrant la schizophrénie de la femme moderne (avec le conflit mère-femme) ou encore la situation économique qui est la sienne dans la société. Caryl Churchill évite toujours le naturalisme : les thèmes réalistes lui fournissent l'occasion d'une expérimentation théâtrale qui va de la farce provocante, à la manière de Joe Orton (Owners, 1972), au théâtre fragmentaire (Fen, 1983) ou recourant à la parabole (Cloud Nine, 1979 ; Top Girls, 1982), dans la logique des dramaturges post-brechtiens. Vinegar Tom (1976) obéit au principe de l'historicisation brechtienne : dans le dessein d'éclairer la condition féminine au XXe siècle, la pièce évoque la chasse aux sorcières qui eut lieu au XVIIe siècle. De la même façon, Cloud Nine s'en prend au système moral et colonial victorien dans une première partie qui se passe en Afrique au XIXe siècle, et à celui qui régit le XXe siècle dans une seconde partie, située dans un Londres que hante le fantôme d'un frère mort en Irlande du Nord. La même structure dédoublée sert de charpente à Top Girls. On y voit mises en parallèle la femme active du XXe siècle - Marlene - et les femmes célèbres qui ont fait l'histoire et se trouvent conviées à une célébration surréaliste dans le cadre, quant à lui très réaliste, d'un restaurant. Cet effet de contraste - et la violente déréalisation qui en résulte - caractérise également The Skriker (1994). Avec Blue Heart (1997) et Far away (2000), Caryl Churchill remet en doute encore plus radicalement le concept de structure Née à Londres en 1938, Caryl Churchill grandit au Canada puis revient en Angleterre pour suivre des études de littérature à l'Université d'Oxford. C'est à cette période qu'elle écrit ses premières pièces : Downstairs, You've No Need to be Frightened et Having a Wonderful Time. Elle compose ensuite de courtes pièces radiophoniques pour la BBC, écrit également pour la télévision : The Judge's Wife diffusée sur la BBC en 1972, The After Dinner Joke en 1978 et Crimes en 1982. Au début des années 1970, elle se dirige vers la scène et travaille comme auteur résident au Royal Court Theatre de Londres entre 1974 et 1975. Elle collabore également aux travaux de compagnies telles que « Joint Stock » et « Monstrous Regiment » dont le mode de création repose principalement sur des ateliers d'improvisation avec des auteurs. Durant cette période de recherche et de travail intense, elle écrit de nombreuses pièces qui deviendront des succès. Entre autres, Light Shining on Buckinghamshire et Vinegar Tom en 1976, Fen en 1983, A Mouthful of Birds en 1986 et Serious Money en 1987, couronnée à cinq reprises meilleure pièce de l'année. Devenue auteur dramatique reconnue, Caryl Churchill continue d'animer des « workshops » qui l'aident dans son écriture. Ainsi, par exemple, Mad Forest est écrit après un voyage en Roumanie en 1990. En 1994, elle écrit The Skriker ; en 1999 Far Away ; en 2002 A Number. Sa dernière pièce, A Dream Play, créée au National Theatre en 2005, est une nouvelle version du Songe de Strindberg. L'Arche Éditeur publie en français Top girls, Septième ciel (Cloud Nine, 1979) et A Number sous le titre Copies. Cette dernière, créée en 2002 au Royal Court de Londres et consacrée meilleure nouvelle pièce par l'Evening Standard Award, est créée pour la première fois en langue française par le Rideau de Bruxelles. => Caryl Churchill est un auteur de premier plan qui se singularise par sa finesse de style et son humour quasi surréaliste.

CATHERINE HIEGEL (FR)

Catherine Hiegel suit les cours de Raymond Girard et de Jacques Charon et commence sa carrière sur les planches du Théâtre des Bouffes-Parisiens avec Fleur de cactus, aux côtés de Jean Poiret et Sophie Desmarets. Elle intègre le Conservatoire national supérieur d'art dramatique dans les classes de Jean Marchat puis de Lise Delamare, et assiste aussi aux cours de Jean-Laurent Cochet. Elle entre ensuite à la Comédie-Française en 1969. Elle y travaille avec des metteurs en scène aussi variés que Philippe Adrien, Patrice Chéreau, Dario Fo, Jorge Lavelli, Joël Jouanneau, Jacques Lassalle, Jean-Paul Roussillon, dans le répertoire classique comme contemporain. Après avoir été pensionnaire pendant sept ans, elle est élue sociétaire de la Comédie-Française en 1976 et le reste pendant 33 ans. Elle devient Doyen de la troupe à la mort de Christine Fersen en 2008. Catherine Hiegel est également professeur au Conservatoire national supérieur d'art dramatique pendant treize ans. Après quarante ans passés à la Comédie-Française, elle interprète La Mère, la pièce de l'écrivain Florian Zeller en septembre 2010 au Théâtre de Paris. À cette occasion, elle reçoit le Molière de la comédienne. Elle poursuit sa carrière comme metteure en scène.

MARTIN CRIMP, Le reste vous le connaissez par le cinéma de Martin Crimp mis en scène par Daniel Jeanneteau (GB)

Copiant Euripide qui, avec les Phéniciennes , revisitait Les sept contre Thèbes d'Eschyle, le dramaturge retisse sur Les Phéniciennes qu'il réactualise en mêlant l'antique et l'actualité et en modifiant la nature et la fonction du chœur. Des phéniciennes, femmes d'aujourd'hui comme en transit dans une salle de classe laissée à l'abandon ou chamboulée par on ne sait quelle catastrophe, tel le Sphinx de Thèbes posent, comme en se jouant, des questions énigmatiques, convoquent les personnages du mythe et parfois leur soufflent ce qu'ils ont à dire. Retissant sur la tragique histoire des Labdacides et mettant comme en exergue le meurtrier combat de Polynice et Etéocle, Martin Crimp ouvre entre violence et humour quelques pistes de réflexions sur les méfaits qu'entraînent la soif absolue de pouvoir et les luttes fratricides au nom de frontières ou de religions. Si à travers le chœur l'auteur organise la rencontre du présent et du passé, l'intelligente mise en scène de Daniel Jeanneteau en use pour organiser avec bonheur la rencontre avec de jeunes actrices non professionnelles, habitantes de Gennevilliers, avec une distribution de comédien(ne)s aguerris dont Dominique Reymond, aussi sublime que royale en Jocaste malmenée et déphasée. (Ce spectacle, a ne pas manquer sera repris en Janvier au Théâtre de Gennevilliers ) artisan d'un théâtre « in-yer-face », aussi violent parfois que poétique et hallucinatoire. Running through Feb. 29, and arriving on cinema screens Feb. 20 in a National Theater Live broadcast, "Cyrano" — newly adapted by Martin Crimp, and positing its hero as a scrappy spoken-word wonder — capped a year that saw Lloyd celebrated on both sides of the Atlantic.

BRIGITTE JAQUES-WAJEMAN (FR)

De toutes les tragédies classiques françaises, Phèdre, de Jean Racine, est sans doute l'une des plus souvent reprises. Nombreuses sont les comédiennes à rêver d'incarner la fille de Minos et de Pasiphaé depuis la création, par la légendaire Champmeslé, le 1er janvier 1677. La pièce s'intitule alors Phèdre et Hippolyte. C'est l'édition de 1687 qui ne retient que le seul nom de Phèdre. Très récemment, au TNP, à Villeurbanne, on a pu assister aux représentations de l'Hippolyte de Robert Garnier, qui date de 1573, et du Phèdre de Racine. Deux mises en scène de Christian Schiaretti, avec, dans le rôle de la reine, la jeune Louise Chevillotte. Elle s'inscrit dans la lignée qui passe - pour n'en citer que quelques-unes - par Marie Bell, Nada Strancar, Francine Bergé, Martine Chevallier, Dominique Blanc, Elsa Lepoivre. Intelligence profonde du texte. En ce moment, aux Abbesses, c'est Raphaèle

PETER HANDKE (AUTRICHIEN)

Ecrivain autrichien Prix Nobel de littérature Peter Handke ne choque plus guère en France. L'auteur et dramaturge, scénariste des Ailes du désir de Wim Wenders, y vit et y jouit d'une belle reconnaissance. Son texte Voyage au pays sonore ou l'Art de la question, ne franchit pas le seuil de la Comédie-Française. Bien trop politiquement incorrect. Nous sommes en 2006, et Marcel Bozonnet, alors administrateur général de l'institution, vient d'apprendre par voie de presse l'hommage de Handke à Milosevic. «Contrairement à ce que l'on a pu dire, je n'ai pas déprogrammé Handke. Je ne l'avais même pas appelé pour lui demander les droits! J'ai simplement abandonné l'idée de le faire jouer au Vieux-Colombier», se souvient-il. Sa décision fait alors couler beaucoup d'encre, créant un débat européen, intellectuel et politique, où chacun se répond par journaux interposés. Une grande partie des intellectuels crie à la censure, réclamant - déjà - de ne pas confondre l'homme et l'artiste. L'affaire aurait même coûté sa place à Bozonnet, qui en 2006 ne voit pas son mandat renouvelé. Fin 2019, le Nobel rallume un feu que l'on croyait éteint. Olivier Py évoque, avec Sylvie Matton, dans Le Monde: «Le prix du déshonneur à Peter Handke.» Cette dernière souligne aujourd'hui: «Quel comble que celui qui a défendu les incendiaires de la Grande Bibliothèque de Sarajevo reçoive cette distinction!» D'après Alain Françon, c'est en tout cas «une récompense logique» d'un point de vue littéraire et même «tardive»pour Handke, que le metteur en scène décrit comme «profondément a-historique». «J'y ai vu un regard sur l'écriture, sur le trajet d'un auteur qui voit le chemin parcouru sur le monde et se demande s'il a assez compris les gens», assure Wajdi Mouawad, directeur de La Colline. Le dramaturge libano-québécois a toujours voulu faire jouer en ses murs l'auteur autrichien, pour lui «une évidence». Ayant fui enfant le Liban durant la guerre civile, Mouawad porte un regard différent sur la polémique Handke. «Je viens d'un endroit où il y eut des massacres dans tous les sens. Quand on appartient soi-même à la guerre civile, on ne peut pas avoir le même regard qu'un intellectuel français, assure l'auteur d'Incendies. Je ne peux juger la guerre au Liban, car c'est l'histoire de l'humiliation de mes parents. Idem pour Handke pour qui cette guerre civile est aussi l'histoire de sa mère. Dans mon pays, parce que je traite du conflit israélo-palestinien dans mes pièces de théâtre, certains me voient exactement comme on voit Handke en Serbie. Alors qu'en France, je reçois des prix...» Peut-on, dès lors, séparer l'homme de l'artiste au nom de tous? Dans sa tribune de 2006, Olivier Py avançait une définition: «La seule chose qui puisse séparer l'œuvre de l'homme, c'est lorsque la première est affranchie du second, dégagée des contingences humaines. Il sera temps alors d'oublier les textes politiques de Peter Handke pour lire sereinement ses autres œuvres.» À la fin de sa pièce, Peter Handke préfère écrire: «Adieu et pardon (...) En avant sur la route, où il fait noir et la nuit est froide.»

EVAN PLACEY (CND)

Evan Placey a grandi à Toronto et vit désormais à Londres. Il a écrit plus d'une dizaine de pièces pour les jeunes, parmi lesquelles Mother of Him (qui a remporté, entre autres, le prix King's Cross des nouvelles écritures britanniques), Banana Boys, Suicide(s) in Vegas, Scarberia, How Was It For You ?, Holloway Jones (lauréate du Brian Way Award 2012, meilleure pièce pour les jeunes), Pronoun, WiLd ! et Consensual. En 2017, il écrit une pièce pour le National Theatre de Londres et plusieurs projets pour le cinéma et la télévision. Ses textes ont été joués au Royaume-Uni, au Canada, en France, en Allemagne, en Israël, en Corée du Sud, en Grèce, en Italie et en Croatie. En France, Ces filles-là a remporté en 2015 le prix Scenic Youth - prix des lycéens pour les nouvelles écritures de théâtre organisé par la Comédie de Béthune, en 2016 le Coup de cœur des lycéens de Loire-Atlantique dans le cadre du Printemps théâtral de Guérande et a été créé en 2017 dans une mise en scène d'Anne Courel.

FERNANDO ARRABAL (ES)

Fernando Arrabal, dramaturge contemporain Héritier du théâtre de l'absurde et du surréalisme, ami de Warhol, exilé espagnol et artiste multidisciplinaire, Fernando Arrabal est, entre autres, l'un des dramaturges les plus influents du théâtre contemporain. Né dans le Maroc espagnol des années 1930, Fernando Arrabal connaît une enfance tragique au cours de laquelle son père est condamné à mort et disparaît à jamais après s'être évadé de prison. En 1955, il obtient une bourse pour étudier à Paris. Quelques temps après son arrivé, il tombe gravement malade : la tuberculose qui le terrasse fait réfléchir Arrabal à sa condition d'exilé, qui le hantera toute sa vie. De retour en Espagne, sous le régime du général Franco, il est emprisonné. Plusieurs grands dramaturges et auteurs de l'époque, dont Samuel Beckett, François Mauriac et Arthur Miller, lui témoignent des marques de solidarité publiques. Ce n'est d'ailleurs qu'à la mort de Franco qu'Arrabal obtient la reconnaissance des gens de son pays. Par ailleurs, durant le régime du général, le dramaturge et écrivain publie sa fameuse Lettre au général Franco, qui suscite beaucoup d'émotions chez le public, par son caractère audacieux, ouvertement dénonciateur. La plupart des pièces d'Arrabal, bien que comiques, exploitent des thèmes de révolte et d'exil, inhérents à la vie de leur créateur. Fando et Lis (1957) est la première pièce d'Arrabal qui a connu du succès. Depuis souvent adaptée, au théâtre comme au cinéma, cette pièce met en scène deux personnages-enfants, qui deviennent typiques des pièces du dramaturge. Bien qu'innocents de caractère, ces personnages vivent rarement dans l'onirisme : ce sont des prostituées, des malfrats, des désillusionnés de toutes sortes. La plupart des pièces d'Arrabal, bien que comiques, exploitent des thèmes de révolte et d'exil, inhérents à la vie de leur créateur. C'est le cas de Le cimetière des voitures (1966), l'une de ses premières pièces, qui mêle habilement une parodie de l'histoire de Jésus Christ au monde actuel, tout en métal et en pétrole. Le théâtre politique d'Arrabal trouve son apogée dans Et ils passèrent des menottes aux fleurs (1969), qui tire beaucoup de son contenu de l'expérience de l'auteur en prison lors du régime franquiste. En 1960, au Café de la Paix, à Paris, Arrabal rencontre Roland Topor et Alejandro Jodorowsky, deux artistes de son époque, pour discuter préoccupations littéraires. Suite à cette rencontre, ils fondent Panique, mouvement artistique inspiré du Théâtre de la Cruauté d'Antonin Artaud et du cinéma de Louis Buñuel. En réaction au surréalisme grandissant, Arrabal et ses compagnons désirent une nouvelle forme d'art et de vie dédiée au chaos et au surréel. L'une des performances les plus connues de Panique est Mélodrama sacramental, où Jodorowsky est mis en scène devant public, égorgeant deux chèvres et recevant nombre de coups de fouet. Actuellement le dramaturge contemporain le plus joué, partout sur Terre et dans toutes les langues, Arrabal ne cesse d'écrire et de produire de l'art sous toutes les formes. Ses œuvres théâtrales ont été adaptées maintes fois, entre autres par son grand ami Alejandro Jodorowsky, qui produit Fando et Lis au cinéma, en 1967.

GASTON BATY

Gaston Baty (1885-1952) Célèbre metteur en scène français qui fonda en 1927 le Cartel avec Louis Jouvet, Georges Pitoëff et Charles Dullin.

VALÈRE NOVARINA (FRANCO-SUISSE)

Le Théâtre des paroles. "J'écris par les oreilles. Pour les acteurs pneumatiques. Les points, dans les vieux manuscrits arabes, sont marqués par des soleils respiratoires... Respirez, poumonnez ! Poumonner, ça veut pas dire déplacer de l'air, gueuler, se gonfler, mais au contraire avoir une véritable économie respiratoire, user tout l'air qu'on prend, tout l'dépenser avant d'en r'prendre, aller au bout du souffle, jusqu'à la constriction de l'asphyxie finale du point, du point de la phrase, du poing qu'on a au côté après la course. » => AUTRE OPTIQUE -> L'ACTEUR EST LE CENTRE OÙ LE TEXTE RÉSONNE (DIFFÉRENT DE LA LECTURE PARTITION = CHÉRAUD) => ULTIME ÉTAPE = EXPULSER LE TEXTE LE PLUS SPORTIVEMENT POSSIBLE -> TRAVAIL SUR L'EXPULSION DU SOUFFLE / CAPACITÉ CORPORELLE DE FAIRE VIBRER LE TEXTE

JACQUES LECOQ (FR)

Les deux voyages de Jacques LECOQ. « Le corps se souvient ». Le silence permet de mieux comprendre ce que l'on a à dire par la suite. C'est donc du mouvement que naît la parole et non l'inverse. I. Les exercices. è Occupation de l'espace. Chacun a un espace personnel, propre à soir. Sur scène, si une autre personne franchit cet espace, c'est soit qu'elle vous est très proche, soit qu'elle vous agresse. L'exercice consiste en un mouvement perpétuel sur un espace de plus en plus réduit, pour finir par former un chœur au centre de la scène. L'éclatement brutal du chœur donne beaucoup de force à la prochaine entrée, puisqu'elle est attendue par les spectateurs. è Mouvement du passeur = Voguer sur une rivière avec très peu de peu à l'aide d'un grand bâton. è Humanisation progressive d'un animal. Ainsi les caractéristiques physiques et/ou morales de l'animal se retrouvent sur l'humain. è Sur la base du vocabulaire alimentaire, construire un mouvement se rapportant au mot. (Purée, viande, pâté..) è Travail sur des masques neutres: Dire adieu à un ami qui sen va sur un bateau, que vous ne reverrez plus jamais et que vous avez raté. è Travail sur des masques « larvaires » (masques qui n'ont pas encore de caractéristique particulière pour représenter un personnage): Capturer des êtres étranges, dont le langage vous est inconnu, et les parquer dans un enclos pour les observer. (Parole en « grommelots » ).

WAJDI MOUAWAD

Mort prématurée d'un chanteur populaire dans la force de l'âge, texte et mes Wajdi Mouawad, chansons Arthur H, musique Pascal Humbert Né de la rencontre entre Wajdi Mouawad et Arthur Higelin, le spectacle dévoile la crise existentielle du chanteur Alice et ses remèdes en forme de mystification ratée. Un périple contrasté. Face A, Face B : Wajdi et Alice, Alice et Wajdi, deux mêmes voyelles, mais aussi bien des différences... Si théâtre et musique se rejoignent ici, c'est pour brosser quelques portraits hauts en couleur, pour s'aventurer de l'autre côté du miroir (ou du rideau de scène), au-delà de la surface des choses, quelque part entre drame et comédie. Structurée par la scénographie d'Emmanuel Clolus, la belle scène inaugurale nous transporte comme par effraction dans les coulisses, à l'issue d'un concert, lorsque deviennent visibles la fatigue et autres maux, qu'on se laisse enfin aller sans tricher et sans crainte du regard des autres. Bien qu'un journaliste, un photographe ou d'autres visiteurs puissent toujours surgir... C'est la rencontre entre Arthur Higelin et Wajdi Mouawad, la curiosité de l'un pour l'autre, qui sont à l'origine de ce spectacle. personnage central Alice (interprété par Arthur H), chanteur au seuil de la cinquantaine, qui connaît un certain succès, mais ressent de plus en plus insatisfaction et lassitude. Il a beau être dans la force de l'âge, il est bien fragile, déclinant, souffrant même d'une gastro chronique somatique voire métaphysique (« fait chier ! »). Comment remonter la pente ? En faisant croire à sa mort. L'idée vient de son ancien manager Faustin, sorte de clown un peu raide (Patrick Le Mauff), qui entend raviver ainsi l'esprit punk de leur jeunesse. Par ailleurs, rien de tel pour booster les ventes et mettre tout le monde d'accord sur le talent du mort. Las, la supercherie sera révélée en public à un moment évidemment inopportun. Trahisons et impostures A partir de ce jeu avec la mort, la partition théâtrale oscille entre divers registres, parfois avec l'emphase qu'affectionne Wajdi Mouawad. Du comique de situation au drame existentiel, jusqu'à un rituel chamanique avec oiseaux nécrophages ! En filigrane ou de façon manifeste, l'écriture évoque l'époque et quelques-uns de ses travers. Elle évoque aussi plusieurs épisodes tragiques de notre temps, qui s'immiscent parfois dans l'intrigue de manière artificielle, comme surajoutés. Au programme, trahisons, impostures, mais aussi amour et abnégation. Quant au héros à la voix rauque, comment traverse-t-il cette drôle d'épreuve ? => Toujours dans ses œuvres Wajdi Mouawad vise à embrasser la complexité et les paradoxes de la vie. => "La méthode de création est une position politique et poéthique qui créé des rapports éthiques envers soi : je ne ferai pas qch que je sais qui va plaire". => "Il y a une ligne, une éthique qui se joint au geste de la création et qui devient une véritable vocation".

JEAN-MICHEL RIBES

Nommé directeur du Théâtre du Rond-Point en 2001, il décide d'en faire une maison de création, consacrée au théâtre d'aujourd'hui. Le théâtre est décoré par Patrick Dutertre. Les costumes du personnel d'accueil sont dessinés par Juliette Chanaud. Il installe une nouvelle librairie en association avec Actes Sud, et réaménage de fond en comble le restaurant. En partenariat avec La COPAT, de nombreuses pièces sont filmées et diffusées sur Arte, France 2, TV5 Monde, etc. Elles sont toutes éditées en DVD (COPAT collection Rond Point). La nouvelle salle Roland Topor est le grenier à rêves du Rond-Point, réservée aux spectacles « tentatives ». En 2014, le Théâtre du Rond-Point bénéficie de subventions de près de 4 millions euros dont une subvention d'exploitation de 1 960 000 euros HT de la part de la mairie de Paris. Pointé du doigt par des élus de droite pour ce montant élevé de subventions, Jean-Michel Ribes rappelle que le budget annuel de la SARL est néanmoins constitué de recettes propres pour 64 % (dont 48 % de billetterie et apports artistiques).

YASMINA REZA

On oublie que vous avez vous-même suivi des cours d'art dramatique. Et commencé à jouer la comédie avant d'écrire. Est-ce pour cela que vous ne vouez pas de culte excessif au texte? Pour vous les acteurs primeront toujours sur lui. Je le pense. La preuve avec Anne-Marie. Il s'est avéré évident qu'il fallait couper le texte originel pour le porter à la scène. Non pas pour des raisons de longueur, mais pour donner de l'espace à l'acteur. Ce qui fait le théâtre, ce qui lui donne corps, chair, voix, vie, tout ce qu'on voudra, c'est l'acteur. On a dit de vos pièces qu'elles étaient des «tragédies comiques». Ça vous convient? C'est un metteur en scène anglais qui a dit ça. J'ai trouvé sa formule assez bonne. Vous n'êtes donc pas de ces auteurs «engagés»? Il faudrait s'entendre sur la définition d'engagement. Il me semble que tout travail de qualité et ancré dans son époque est par nature «engagé». Quand on me parle de théâtre engagé, bizarrement, le premier nom qui me vient est celui de Bertolt Brecht. Un auteur que j'aime beaucoup d'ailleurs. Et j'accole ça à son époque, la dimension politique qu'il a voulu donner à son travail, etc. Le rire serait universel? Il y a sans doute un fonds culturel commun plus important qu'on ne le pense. Art par exemple a été joué dans des pays où l'art contemporain n'existe pas. Et pourtant la pièce a tout aussi bien marché parce que l'essentiel est ailleurs. Les spectateurs s'y retrouvaient sur des notions d'amitié, de divergences de points de vue, de dispute... Ce sont des thèmes communs, l'art contemporain n'est que la toile de fond. Ses pièces mettent souvent en scène des personnages contemporains, dont elles reflètent les défauts et le ridicule. Les premières, Conversations après un enterrement créée en 1987 et « Art » en 1994, connaissent un succès immédiat en France et aux États-Unis. Depuis, ses œuvres théâtrales ont été adaptées en plus de 35 langues et produites dans des théâtres de renom. En janvier 2008, elle met en scène Le Dieu du carnage, au théâtre Antoine. La distribution comprend notamment Isabelle Huppert, André Marcon, Valérie Bonneton et Éric Elmosnino. En 2009, elle porte elle-même à l'écran sa pièce Une pièce espagnole, devenue Chicas au cinéma, jouée par Carmen Maura, André Dussollier et Emmanuelle Seigner. Elle participe à l'adaptation de sa pièce Le Dieu du carnage au cinéma. Le film Carnage que réalise Roman Polanski sort en 2011. L'adaptation est récompensée par un César de la meilleure adaptation. Sa pièce Comment vous racontez la partie, parue chez Flammarion en mars 2011, est créée le 4 octobre 2012. Elle a obtenu de prestigieuses récompenses et notamment certains des prix anglo-saxons les plus réputés : deux Laurence Olivier Awards (Royaume uni) et deux Tony Award (États-Unis) pour « Art » (1998) et Le Dieu du Carnage (2009). Le 3 novembre 2016, elle est lauréate du prix Renaudot pour son roman Babylone.

HAROLD PINTER (GB)

Pinteresque' has become part of the cultural vocabulary as a byword for strong and unspecified menace. The dynamic in his work is rooted in battles for control, turf wars waged in locations that range from working-class boarding houses, The Room to upscale restaurants, Celebration. His plays often take place in a single, increasingly claustrophobic room, where conversation is a minefield and even innocuous-seeming words can wound. Intended as an instructive note to actors, the Pinter pause was a space for emphasis and breathing room. But it could also be as threatening as a raised fist. Mr. Pinter said that writing the word "pause" into his first play was "a fatal error." It is certainly the aspect of his writing that has been most parodied. But no other playwright has consistently used pauses with such rhythmic assurance and to such fine-tuned manipulative effect. Though often grouped with Beckett and others as a practitioner of Theater of the Absurd, Mr. Pinter considered himself a realist. In 1962 he said the context of his plays was always, "concrete and particular." Beginning in the late 1950s, John Osborne and Mr. Pinter helped to turn British theatre away from the gentility of the drawing room. With "Look Back in Anger," Osborne opened the door for several succeeding generations of angry young men, who railed against the class system and an ineffectual government. Mr. Pinter was to have the more lasting effect as an innovator and a stylist.

TAMARA AL SAADI (Irak)

Tamara Al Saadi, auteure, comédienne, metteure en scène franco-irakienne, lauréate du Festival Impatience. Quelques chaises dans un espace qui se fait salle de classe bombardée, salle d'attente de préfecture ou cellule familiale selon les moments, la jeune créatrice avec Place , pièce biographique et politique, explore non sans humour la différence entre intégration et assimilation. => Racontant ses idées multiples, retrouvées, imposées, perdues, émaillées de dialogues surréalistes avec une préposée de l'administration, elle nous parle du racisme ordinaire, des tribulations et douleur du déracinement.

JAMIE LLOYD (GB)

The Jamie Lloyd Company — which he formed seven years ago with the commercial producing powerhouse Ambassador Theater Group — devoted to the short works of Harold Pinter. The playwright's distillation of language forced Lloyd to match it with his staging. That immersion led to what the director Michael Grandage — one of Lloyd's early champions, who tapped him at 27 to be his associate director at the Donmar Warehouse — called Lloyd's "absolute masterpiece." His company has set aside 15,000 free and 15,000 £15 tickets for its current, characteristically starry three-show season, which will also include Emilia Clarke in "The Seagull" and Jessica Chastain in "A Doll's House." At the 786-seat Playhouse, that adds up to just over 38 full houses. Lloyd's interpretation of "Betrayal," a 1978 play that recounts a seven-year affair, imbued it with a distinctly non-'70s awareness of the fragility of family — the notion that children are the bystanders harmed when a marriage is tossed away. Its gasp-inducing moment came with the entrance of a character Pinter wrote to be mentioned but not seen: the small daughter of the couple whose relationship is imperiled. In putting her onstage, Lloyd didn't touch the text; it was a simple, wordless role. With it, he altered the resonance of the play.

THOMAS OSTERMEIER (D)

Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne, l'un des principaux théâtre de Berlin, s'intéresse depuis longtemps au sentiment de déclassement d'une grande partie de la population, dans nos sociétés soumises aux marchés. => manifeste dans ses mises en scène brillantes des pièces d'Ibsen, dans ses dernières adaptations d'auteurs français. Didier Éribon et Édouard Louis partagent les mêmes origines sociales ouvrières. Éribon, proche de Foucault et Bourdieu, a été le professeur de Louis. => Tous deux ont subi le même rejet de la part de parents homophobes et ont rompu partiellement avec leur milieu. => C'est précisément leur identité contradictoire, leur regard sociologique et leur pensée politique que Thomas Ostermeier cherche à exposer. Lui aussi a vécu une enfance rude, avec un père militaire violent, dans une ville affreuse ; il a milité à l'extrême gauche. Dans Le Théâtre et la Peur, l'artiste explique qu'il veut révéler les maux qui se cachent derrière les masques et être en prise directe avec la réalité, le présent. => En l'occurrence, l'histoire d'Édouard Louis lui permet de dévoiler la violence du monde social actuel. La nuit de Noël 2012, Édouard Louis fait la rencontre d'un jeune homme séduisant, kabyle, paumé. Il l'invite chez lui. Après quelques heures de relations passionnelles et de confidences, il le soupçonne d'avoir volé son téléphone et lui dit. Reda a une réaction limite, obscure, inouïe : il dégaine une arme et viole son partenaire. Au nom du droit à l'oubli, Édouard n'envisage pas immédiatement de porter plainte, mais ses amis (dont Didier Éribon) le convainquent. Il raconte alors son expérience tragique aux policiers, aux infirmiers de l'hôpital, à sa sœur Clara - il espère trouver du réconfort chez elle, dans le village picard de leur enfance. Le récit autobiographique vise à mettre en exergue plusieurs phénomènes sociaux contemporains. La forme romanesque originale (narration à la première personne et à la troisième, lorsqu'Édouard écoute derrière une porte sa sœur rapporter son histoire à son mari) explore l'archéologie de la violence. L'œuvre littéraire est puissante, dense et cinglante. Et sa mise en scène par Thomas Ostermeier a beau être brillante, c'est la lecture qui permet de la mieux savourer. La proposition scénique nous séduit pourtant : la troupe de la Schaubühne est magistrale, comme toujours. Les acteurs jouent plusieurs rôles, accentuant la polyphonie du texte. La scénographie et le jeu brisent la linéarité du récit. Les sons du batteur sur le plateau ponctuent toute l'action sans la dramatiser non plus. Des chorégraphies insérées dans ou entre certaines séquences introduisent une temporalité plus lente et poétique. L'usage de la vidéo (en live ou enregistrée, comme les films de la Kabylie d'antan) fragmente, allonge ou spatialise le matériau texte (retravaillé pour la scène par Édouard Louis et Thomas Ostermeier). Des bribes d'histoires, des lambeaux de mots (ou de maux), des traces de peau et de sang sont ainsi donnés à voir et à entendre au public, qui reçoit « la » violence de façon distancée, rythmée, maîtrisée. Glaçante... Histoire de la violence d'Édouard Louis et de Thomas Ostermeier témoigne bien d'une quête insatiable de vérité (sur soi, la société) et de formes pour exprimer ce qui, sans cesse, échappe. Le metteur en scène creuse effectivement toujours la question qui ouvrait Hamlet : « qui est là ? » (derrière le masque). Voilà ce qui nous touche tant. ¶

KIRILL SEREBRENNIKOV, Outside du russe Kirill Serebrennikov (Russie)

Toujours sous le coup d'une kafkaïenne procédure judiciaire qui le retient en Russie c'est du Gogol Center de Moscou qu'il dirige depuis 2012- par échanges téléphoniques et vidéo - que le metteur en scène cinéaste a mis la dernière main à « Outside », spectacle qui évoque l'œuvre érotico-poétique du photographe poète chinois Ren Hang qui s'est défenestré en 1917 juste deux jours avant leur rencontre autour d'un projet artistique commun. Spectacle hors norme qui bouscule avec une crâne liberté tous les codes, parle chante, prend des poses, danse, disloque les corps en scènes de cabaret, mêle le sexe, les fleurs, l'esthétisme raffiné, l'humour ravageur et sado-maso Outside nous parle de la solitude de l'artiste, de son statut dans la société et clame avec insolence la nécessaire liberté de l'art.

ALEXIS MICHALIK (FR)

Une histoire d'amour: Alexis Michalik à cœurs perdus Dans sa nouvelle pièce, en rupture avec les fresques historiques qui ont fait son succès, l'auteur d'Edmond met à la Scala sa ferveur et son incroyable sens du rythme au service d'un théâtre de souffrance et de rire. Lior Chabbat et Alexis Michalik, rescapés d'«Une Histoire d'amour», mélodrame contemporain né d'une rupture douloureuse. Pas de rideau, de pendrillon, ni de manteau d'Arlequin. Comme toujours chez Michalik, le décor est à vue. À cour, une cuvette de toilette trône sur le devant de la scène. Un canapé et un bureau s'alignent à l'arrière. À jardin, un lit simple et un bar. On devine aisément que cet ameublement va trouver sa place entre les intermittences du cœur. Au centre, cinq micros droits sur leurs pieds attendent les personnages au service d'Une histoire d'amour. Quatre comédiennes, dont une très jeune. Et Alexis Michalik, qui n'avait pas foulé les planches depuis huit ans. Après sept Molières, dont quatre en tant qu'auteur et metteur en scène, qui lui ont valu d'être décrit par la presse comme un «surdoué», un «wonder boy» du théâtre, il souhaitait retrouver l'humilité du plateau. Un retour au plaisir du jeu dans un registre intime, plus personnel aussi. C'est toute l'ambition de ce mélodrame contemporain né, explique-t-il, d'une rupture douloureuse. Un texte aux antipodes d'Edmond ou du Porteur d'histoires. Sans fausses pistes ni voyages temporels. Katia et Justine tombent follement amoureuses. L'une est homo, l'autre pas. Grâce à un donneur anonyme, elles vont avoir un enfant. Mais avant la naissance de Jeanne, Justine s'enfuit. Elle va refaire sa vie. Avec un homme. Des années plus tard, la mort annoncée de Katia bouleverse cet ordre des choses. Qui va garder l'enfant? Sera-t-il confié à Justine, mariée et déjà mère de deux enfants? Ou à William (Alexis Michalik), le grand frère de Katia, romancier cynique et ravagé par le deuil? Amour noir et bonté. Il y a dans ce propos de faux airs de sitcom. Ce pourrait être une série dans la lignée de This Is Us. Et pourtant, c'est bien du théâtre. Un théâtre de souffrance et de rires. Et pourtant, c'est d'ailleurs par ce merveilleux titre d'Aznavour que s'ouvre la pièce. Cette complainte en donne le la. Permet à Michalik d'imposer son formidable sens du tempo à cet amour en fuite, à ce deuil dont il faudra bien s'accommoder. D'abord vives, comme portées par la joie et l'énergie des débuts, les scènes s'allongent peu à peu. Le drame se répand. Se métastase. Mais le mal, la peur et les pleurs vont finir. Il faudra bien retrouver la raison. Comme dans la chanson. Comme dans nos existences. Par le miracle d'une mise en scène tourbillonnante, cet amour qui naît et se fracture sur scène ressemble à s'y méprendre aux nôtres. Parce que les acteurs, et c'est là l'autre force de Michalik, sont à notre image. Ils ne sont ni plus beaux ni plus laids. Juliette Delacroix porte à merveille les contradictions et la force de Katia. Face à cette mater dolorosa, Marie-Camille Soyer offre sa fausse ingénuité et sa vraie tendresse à Justine. Tourmenté par ses propres fantômes, Michalik se tient au milieu de ces deux femmes, témoin de cette histoire qui ne cherche pas de morale et encore moins de moralité. L'amour est passé par là, radieux, douloureux, infernal. Il laisse son beau fruit, une fillette de 12 ans, Jeanne, formidablement interprétée par Violette Guillon (en alternance avec Lior Chabbat et Amélia Lacquemant), porteuse d'une histoire dont on ne sort pas indemne. Les Producteurs, tiré du film de Mel Brook de 1968, sera pour la première fois joué au Théâtre de Paris à partir de septembre. On retrouvera Alexis Michalik à la mise en scène des «Producteurs», une comédie musicale tirée du film culte de Mel Brooks. Les Producteurs, d'après le film culte de Mel Brooks, sera pour la première fois jouée au Théâtre de Paris à partir de septembre dans une mise en scène du prodige du théâtre français, comme l'a annoncé ce 13 janvier la production à l'AFP. Sorti sur les écrans en 1968, récompensé l'année suivante par l'Oscar du meilleur scénario, le film raconte sur un ton caustique et déjanté les aventures loufoques de deux escrocs déterminés à monter un spectacle sur Hitler dans l'espoir de faire un flop et de gruger les assurances. La comédie musicale tirée du long métrage et à l'affiche dès 2001 est à ce jour le show le plus primé de Broadway avec 12 Tony Awards. Après six années de succès à New York (où elle a été jouée plus de 2500 fois, selon Le Parisien), le spectacle a été joué dans de nombreux pays, mais jamais en France. Alexis Michalik, auteur de quatre pièces à succès et dont la nouvelle pièce Une histoire d'amour joue en ce moment à la Scala-Paris, a déjà signé une adaptation musicale de La Mégère apprivoisée de Shakespeare.

EDWARD BOND (GB)

artisan d'un théâtre « in-yer-face », aussi violent parfois que poétique et hallucinatoire. constance de l'auteur qui cherche, depuis Saved (1965), les moyens de comprendre et de représenter la violence. Après une carrière qui l'amena à travailler avec la Royal Shakespeare Company et le Royal Court Theatre, après le succès des Pièces de Guerre à Avignon en 1994 dans la mise en scène d'Alain Françon, Bond reste pourtant à la marge de la scène contemporaine1. Il a également consacré une partie de son travail à des pièces qui s'inscrivent dans le cadre du programme « Theatre in Education » en Angleterre. Il s'agit de pièces courtes, destinées à être jouées et vues par des adolescents, dans des collèges et des lycées de la région de Birmingham, en collaboration avec la compagnie Big Brum. Certaines de ces pièces ont été montées en France par Christian Benedetti ou Jérôme Hankins notamment. La représentation consiste à montrer sur scène l'analyse d'une situation et donne à l'être humain la possibilité de s'interroger sur son humanité et de la (re)créer en cherchant du sens : « drama is humanness's means of creating itself »5. Seul le drame permet à l'humanité de se connaître. Bond oppose le « drama », une nouvelle forme de théâtre politique, au « theatre », qui désigne, de façon générale, « l'activité théâtrale au sens strict » il faut écrire des « problem plays », qui confrontent l'individu à la société et qui sont adaptées à notre temps - celui de l'après-Auschwitz, l'après-Hiroshima9, et plus récemment, de l'après 11 septembre. Sur le fond, le drame doit revenir au théâtre grec et aux questions essentielles qu'il pose afin de faire face au tragique de notre monde : la violence est le symptôme d'une société qui a perdu le sens de la justice. Bond en appelle à une violence lucide, celle qui permet de mettre au jour le fonctionnement de notre société, « a forensic violence ». Cette violence « forensique »10 doit être analysée devant l'assemblée du public (« forensique » et « forum » ont la même étymologie). Depuis Saved, son théâtre se concentre sur cette analyse de la violence. En 1978, il affirmait : « I write about violence as naturally as Jane Austen wrote about manners. Violence shapes and obsesses our society, and if we do not stop being violent we have no future [... It would be immoral not to write about violence ».

JOËL POMMERAT (France)

auteur-metteur en scène Par le biais d'une forme « contée » par une narratrice en « voix off », Joël Pommerat résout la question du dialogue et donne la primauté aux actes. On se référera à l'interview donnée par lui lors du festival d'Avignon 2006 (en ligne sur le site theatre-contemporain.net), et à l'essai Théâtre en présence (Actes Sud, 2007). Pour ce metteur en scène, gestes, lumières et sons constituent le premier texte, muet certes, mais signifiant. Le dernier « mot » entendu dans Les Marchands est : « ... je ne saurais le dire... ». Depuis des années, Joël Pommerat écrit et met en scène ce qu'il écrit. À la fois des récits froids et coupants comme l'actualité cynique que nous vivons et des contes merveilleux et monstrueux. Le plus souvent, il se plaît à mêler les deux univers, révélant l'incongru et la folie du quotidien, la cruauté des contes, instillant de la légèreté dans la glaise, lestant les nuages de lourde pluie... Spectacle que Joël Pommerat avait imaginé en s'inspirant de la Révolution française, Ça ira (1) Fin de Louis ne prétend pas, en effet, être une chronique de la période qui aboutit au renversement de la royauté en France. Celui qui se dit «écrivain de spectacles» préfère parler de «fiction politique contemporaine». Ça ira (1) Fin de Louis est un spectacle écrit et mis en scène par Joël Pommerat. Il a été créé le 16 septembre 2015 au Théâtre du Manège de Mons. Le texte de la pièce est paru en 2016 aux éditions Actes Sud. Couronné d'un succès à la fois public et critique, il remporte les Molières du meilleur spectacle du théâtre public, de la meilleure mise en scène et du meilleur auteur francophone en 2016. Après avoir éclairé le présent à la lumière du passé dans Ça ira (1) Fin de Louis , fresque politique sur la Révolution de 1789, Joël Pommerat regarde notre époque à travers un prisme futuriste. Dans Contes et Légendes, titre archaïque pour une pièce d'anticipation, les robots sont parmi nous. Plus exactement, selon les mots de la représentante de la société Altaïr qui les commercialise, ces machines sont «des systèmes robotiques capables de communiquer en utilisant ce qu'on appelle des signaux expressifs de sociabilité, Avec L'Inondation, créé septembre 2019 à l'Opéra-Comique, l'auteur et metteur en scène signe son premier livret lyrique. Un conte mélodramatique sur le délitement familial, mis en musique par Francesco Filidei. Joël POMMERAT: «L'opéra, suppose une vraie coécriture: la responsabilité de l'auteur et celle du compositeur sont engagées. À parts égales. Ou devraient l'être. Car dans 99 % des cas, on retient surtout le nom du compositeur.» Après avoir vu trois de ses pièces adaptées à l'opéra (Grâce à mes yeux, Au monde et Pinocchio), celui qui aime à se définir comme «écrivain de spectacle» signe, à la demande de l'Opéra-Comique et pour le compositeur italien Francesco Filidei, son premier livret original. Une création qu'il met lui-même en scène, inspirée d'une nouvelle de Zamiatine publiée en 1929: L'Inondation. Et à découvrir dès demain Salle Favart avant Nantes, Rennes, Caen, Limoges ou au Grand Théâtre du Luxembourg. Louis Brouillard - le nom de sa compagnie créée en 1990 - lui sied mieux au teint. Il l'a forgé en associant le prénom de son père, Louis, militaire dans l'aviation, à l'absence de clarté, le brouillard. Une façon de se situer. « Je m'opposais à ce que j'appellerais l'esprit français, cartésien, au côté "ce qui se conçoit bien s'énonce clairement". C'est-à-dire au théâtre de la parole, assez rhétorique, sans sous-texte, où tout est dit, même l'ambiguïté. » L'apprenti dramaturge fait le vœu de monter une pièce par an pendant quarante ans et d'embaucher à chaque fois ses acteurs historiques. Pari tenu : il en est à vingt-cinq...À la lisière du poétique, du social et du politique, son théâtre s'écrit autant avec l'ombre qu'avec la lumière, les images et les sons qu'avec les mots. Il a écouté la leçon d'art total d'Antonin Artaud. « Pour moi, le théâtre est un lieu où tous les arts peuvent prétendre à être en fonction. » Cette année, et pour les deux à venir, sa pièce Cendrillon est au programme du baccalauréat. Quelle science du théâtre, maîtrisée, subtile, originale, prodigieuse ! Joël Pommerat impressionne, trouble, et interroge profondément, en ouvrant de multiples perspectives, sans jamais suivre une piste établie. Son théâtre développe un art du questionnement, un art de la relation nourri d'une foule de détails révélateurs, éclairant la complexité de la nature humaine. Un théâtre aussi sensible et singulier, éloigné de tout parti pris idéologique, de tout surplomb, de toute simplification, fait un bien fou !

TG STAN (B)

compagnie de théâtre tg STAN = l'acronyme de Stop Thinking About Names, est le collectif de théâtre autour de Jolente De Keersmaeker, Damiaan De Schrijver et Frank Vercruyssen, qui se sont rencontrés à la fin des années 80 au Conservatoire à Anvers. Le collectif opère à partir du principe démocratique qui veut que tout le monde participe à toutes les décisions, aux choix des textes, du décor, de l'éclairage, et même des costumes et des affiches. tg STAN donne une place centrale au comédien et croit dur comme fer au concept du comédien souverain, qui est aussi bien interprète que créateur. Les répétitions ne se déroulent pas de façon conventionnelle : la plus grande partie du processus de répétition a lieu autour de la table. Dès que le choix d'un texte est fixé, celui-ci est adapté et retravaillé, reformulé, afin de produire un nouveau texte de jeu, propre au collectif. Les artistes ne montent finalement sur scène qu'à peine quelques jours avant la première de la pièce, mais le spectacle ne prend réellement corps que dès l'instant où il est joué devant un public. => tg STAN croit résolument à la force « vive » du théâtre : un spectacle n'est pas une reproduction d'une chose apprise, mais se crée chaque soir à nouveau, avec le public. Voilà pourquoi un spectacle de tg STAN n'est jamais un produit achevé, mais plutôt une invitation au dialogue. tg STAN opte délibérément pour du théâtre de texte et peut se prévaloir d'un répertoire riche et varié, qui fait la part belle aux œuvres d'auteurs dramatiques classiques comme Tchekhov, Gorki, Schnitzler, Ibsen, Bernhard ou Pinter. La démarche consiste à transposer des textes de l'histoire du théâtre dans l'ici et maintenant à travers leur relecture et en les situant dans un contexte contemporain. Outre les grands classiques, tg STAN choisit souvent aussi des textes d'auteurs contemporains, comme récemment encore en montant une pièce de Yasmina Reza ou Jon Fosse, ou passe commande à des auteurs, comme Willem de Wolf, Tiago Rodrigues et Annelies Verbeke, entre autres. Le choix peut cependant aussi se porter sur des collages de textes, en partant aussi bien de textes de théâtre que de nouvelles, de sketches, de scénarios de films, de traités de philosophie et de romans. tg STAN part de la conviction que le théâtre n'est pas un art élitaire, mais plutôt une réflexion critique sur la façon dont chacun de nous se positionne dans la vie, sur nos croyances, nos préoccupations, nos indignations. Le répertoire mondial offre, comme nul autre, une idée de la condition humaine et des clés pour mieux saisir la complexité de notre monde. tg STAN recherche dans ce cadre le paradoxe de la comédie : l'humour et la légèreté rendent souvent la tragédie plus tangible et plus intense. tg STAN n'occupe pas seulement une place tout à fait spécifique dans le paysage théâtral néerlandophone, mais est régulièrement à l'affiche à l'étranger aussi : au cours des vingt dernières années, le collectif a constitué un vaste répertoire de spectacles en langues étrangères et effectue de grandes tournées à travers l'Europe (France, Espagne, Portugal, Norvège), et intercontinentales aussi (Tokyo, Rio de Janeiro, New York, Québec), tant avec des versions en langues étrangères de leurs spectacles créés en néerlandais qu'avec des créations en français ou en anglais à l'étranger. La France est comme une résidence secondaire grâce à des liens fixes avec Théâtre Garonne, le Festival d'Automne à Paris et Théâtre de la Bastille

WILLIAM MESGUISH (FR)

comédien et un réalisateur français né en 1972, fils du metteur en scène Daniel Mesguich. Avec Philippe Fenwick, il crée La Compagnie de l'Étreinte en 1998. a présenté Britannicus

EDWARD ALBEE (USA)

célèbre pour ses pièces Qui a peur de Virginia Woolf?, The Zoo Story, A Delicate Balance et Seascape. Ses œuvres sont considérées comme bien construites, souvent comme des examens antipathiques de la condition moderne. Ses premières œuvres reflètent une maîtrise et une américanisation du Théâtre de l'Absurde qui trouvait son apogée dans les œuvres de dramaturges européens tels que Jean Genet, Samuel Beckett, et Eugène Ionesco. Albee continue à expérimenter dans de nouvelles œuvres, comme La Chèvre ou Qui est Sylvia? (2002). Décédé en 2016

RÉMI DE VOS

il est aujourd'hui un auteur reconnu, joué de Genève à Florence, du Théâtre Gérard Philipe au Rond-Point, mais étonnamment méconnu du public. «Quand j'ai commencé à écrire, le "théâtre social" n'était pas très en vogue. Heureusement, je ne me suis jamais beaucoup soucié des modes.» Kadoc, sa dernière création, traite une fois encore du monde du travail. De Vos sait de quoi il parle. Peu d'auteurs de théâtre ont comme lui fait les trois-huit. D'un sujet grave, il fait tinter les aigus et sous la comédie perce la cruauté du quotidien. «Il y a cette phrase de Ionesco que j'aime beaucoup: "Le comique est une intuition de l'absurde, il est plus désespérant que le tragique. Le comique n'offre pas d'issue."» Le théâtre de Rémi De Vos, non plus, n'offre pas d'issue. Mais il porte en lui quelque chose d'éminemment français. Un affront à la pesanteur, une sorte de pessimisme souriant. Rémi De Vos qui a multiplié les petits boulots après son baccalauréat, il aime écrire sur le monde du travail (sa première pièce Débrayage a été montée en 2009 par Anne-Laure Liégeois qui la reprend actuellement dans son triptyque autour du monde de l'entreprise). Plus de 25 ans séparent les deux pièces, mais son écriture est toujours aussi mordante, car rien n'a changé dans le monde du travail. Rémi De Vos puise son écriture dans les genres prisés que sont le vaudeville et le boulevard, en y ajoutant son grain de sel : une écriture pimentée et acide qui prend une saveur particulière dans la bouche de ces six comédiens aguerris. Ils sont emportés par la spirale surréaliste de la pièce, par ce brûlot digne des grandes satires burlesques du répertoire. Il y a du Jarry, du Ionesco, du Beckett dans Kadoc. Tout débute dans le calme, dans la banalité du quotidien, et puis arrive Nora Wurtz, la tornade Marie-Armelle Deguy qui lance "ta gueule" à la face de son mari. Elle excelle dans le rôle de cette femme dépressive, qui n'a pas sa langue dans sa poche et qui envoie les injures avec une joie décomplexée, victime du syndrome de la Tourette. Rémi De Vos a écrit des rôles en or pour les comédiens. Il décrit comment l'entreprise agit sur le comportement humain et peut dérégler la vie privée. Toute la profondeur de la pièce est parfaitement restituée sur le plateau par la magnifique direction d'acteurs de Jean-Michel Ribes qui signe l'un de ses plus grands spectacles.

IVO VAN HOVE

metteur en scène belge. Il est directeur artistique du Toneelgroep Amsterdam (en). C'est en 2008 qu'il marque la 62e édition du Festival d'Avignon en présentant: Les Tragédies romaines de Shakespeare. Sa mise en scène, d'une puissante modernité, connaît un vif et large succès1. En 2010, il met en scène une version transposée dans un monde contemporain avec une esthétique « trash » du Misanthrope de Molière à la Schaubühne de Berlin intitulée Der Menschenfeind, avec une nouvelle traduction allemande du texte2. En 2014, il dirige la création mondiale de Brokeback Mountain de Charles Wuorinen au Teatro Real. La même année, il présente à Avignon The Fountainhead d'après Ayn Rand dans la Cour du lycée Saint-Joseph qui ne connut pas l'enthousiasme des Tragédies romaines de 2008. En 2015, il met en scène Juliette Binoche dans Antigone de Sophocle en tournée mondiale3, ainsi que Vu du pont d'Arthur Miller au théâtre de l'Odéon à Paris. Il dirige en novembre et décembre 2015, la comédie musicale Lazarus de David Bowie à New York4. En 2016, il monte avec la Comédie-Française Les Damnés, une adaptation théâtrale du film de Luchino Visconti. Le spectacle, notamment interprété par Guillaume Gallienne, Elsa Lepoivre, Christophe Montenez, Éric Génovèse, Denis Podalydès, Didier Sandre, Adeline d'Hermy et Loïc Corbery, est représenté lors de l'ouverture du festival d'Avignon, dans la Cour d'honneur du Palais des papes.

JULIE DUCLOS (FR)

« Pelleas et Mélisande », qui sera jouée à l'Odéon-Théâtre de l'Europe du 22 février au 21 mars 2020, est sa première création présentée au Festival d'Avignon 2019. Julie Duclos, metteuse en scène et comédienne formée au Conservatoire national supérieur d'art dramatique, est aussi passionnée de cinéma. Dans sa pratique très cinématographique du théâtre, elle explore l'intime, la part d'inconnu de l'être humain, ses ambiguïtés sentimentales et existentielles, comme ici en revisitant le texte du poète belge Maurice Maeterlinck. Rencontre avec une nouvelle figure phare du théâtre français.

PASCAL RAMBERT (France)

Éloigné de tout procédé narratif, Pascal Rambert cherche à comprendre le réel. Il tente de lui donner voix et corps, en renouvelant les moyens et les formes de la communauté temporaire qu'est un spectacle. Renonçant aux modes habituels de l'écriture, aux stéréotypes de la fable ou de la mise en scène, il conçoit des spectacles, entre performances et installations, attentifs aux « transformations de réalité ». Profondément imprégné par l'art et la philosophie contemporains, ses œuvres sont des propositions " blanches " ou les spectateur est invité à "écrire" à l'interieur. Pascal Rambert a d'abord été marqué par Pina Bausch et Claude Régy. Après un passage à l'école de Chaillot avec Antoine Vitez, il alterne l'écriture et la mise en scène, et devient metteur en scène de ses propres pièces. Il travaille aux États-Unis et au Japon, convaincu que le théâtre hexagonal doit s'enrichir d'expériences étrangères. Il a enseigné dans plusieurs universités américaines et à l'Institut dramatique de Damas. Il a en outre réalisé plusieurs courts-métrages. Ses spectacles tournent en France, aux Etats-Unis et au Japon. Il est directeur du Théâtre de Gennevilliers depuis janvier 2007. Pascal Rambert est auteur, metteur en scène, réalisateur et chorégraphe. En 2016, il reçoit le prix du Théâtre de l'Académie Française pour l'ensemble de son œuvre.Il est artiste associé au Théâtre des Bouffes du Nord à partir de janvier 2017 et auteur associé au Théâtre National de Strasbourg depuis 2014. De 2007 à 2017, il est directeur du T2G—Théâtre de Gennevilliers qu'il a transformé en Centre dramatique national de création contemporaine, lieu exclusivement consacré aux artistes vivants (théâtre, danse, opéra, art contemporain, cinéma).Les créations de Pascal Rambert (théâtre, danse) sont présentées internationalement en Europe, Amérique Centrale, Amérique du Sud, Afrique de Nord, Russie, Asie, Moyen Orient. Il met en scène des opéras en France et aux États-Unis et est le réalisateur de courts métrages sélectionnés et primés aux festivals de Pantin, Locarno, Miami, Paris.Ses textes (théâtre, récits, poésie) sont édités en France aux Solitaires intempestifs mais également traduits, publiés et mis en scène dans de nombreuses langues : anglais, russe, italien, allemand, japonais, chinois, croate, slovène, polonais, portugais, espagnol, néerlandais.Clôture de l'amour dont il est l'auteur et le metteur en scène (créée au Festival d'Avignon en 2011 avec Audrey Bonnet et Stanislas Nordey) est jouée plus de 170 fois, et traduite en 23 langues.Après une tournée française, Une (micro) histoire économique du monde, dansée, créée au T2G-Théâtre de Gennevilliers en 2010, est reprise et adaptée par Pascal Rambert au Japon ; Fujimi, Shizuoka et Miyazaki, en Allemagne ; Hambourg et Karlsruhe, aux États-Unis ; New York, Los Angeles et Pittsburgh, et en Égypte, au Caire, et à Bangkok en Thaïlande.Il crée son texte Avignon à vie lu par Denis Podalydès dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes pour le Festival d'Avignon 2013.Pascal Rambert met en scène sa pièce Répétition écrite pour Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Stanislas Nordey et Denis Podalydès le 12 décembre 2014 au T2G—Théâtre de Gennevilliers dans le cadre du Festival d'Automne à Paris. Soixante représentations de celle-ci seront ensuite données en tournée en 2015.En 2016, il met en scène la version italienne, Prova, au Teatro Arena del Sole de Bologne et au Piccolo Teatro di Milano, et en 2017 Ensayo version espagnole, à Madrid.L'Académie Française a décerné son Prix annuel 2015 de littérature et de philosophie à Pascal Rambert pour Répétition.En juin 2015, dans l'espace nu du Théâtre des Bouffes du Nord, Pascal Rambert présente cinq de ses pièces : Memento Mori ; Clôture de l'amour ; Avignon à vie ; De mes propres mains et Libido Sciendi.Il crée en janvier 2016 sa pièce Argument écrite pour Laurent Poitrenaux et Marie-Sophie Ferdane au CDN d'Orléans / Centre-Val de Loire, puis la présente à La Comédie de Reims et au T2G—Théâtre de Gennevilliers.Il écrit Actrice pour les acteurs du Théâtre d'Art de Moscou qu'il met en scène en France en décembre 2017 au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris, avec Audrey Bonnet et Marina Hands dans les rôles principaux, et qui tourne de janvier à mars 2018. Début 2017, il écrit GHOSTs pour des acteurs Taïwanais qu'il monte pour l'ouverture du Art Tapei Festival en août 2017.En mai 2017, il met en scène son texte Une vie qu'il a écrit pour les comédiens de la Comédie-Française, au Théâtre du Vieux Colombiers à Paris.En mars 2018, il crée et met en scène,au Pantha Théâtre, à Caen, Reconstitution, pièce écrite pour Véro Dahuron et Guy Delamotte. En avril 2018, il crée et met en scène au Théâtre Vidy Lausanne (Suisse) Nos Parents avec les élèves étudiants de la Manufacture. En juillet 2019 il ouvre le festival d'Avignon dans la Cour d'honneur du Palais des Papes avec son texte Architecture écrit et interprété par Emmanuelle Béart, Audrey Bonnet, Anne Brochet, Marie-Sophie Ferdane, Arthur Nauzyciel, Stanislas Nordey, Denis Podalydès sociétaire de la Comédie-Française en alternance avec Pascal Rénéric, Laurent Poitrenaux, Jacques Weber. En 2016, il reçoit le Prix du Théâtre de l'Académie Française pour l'ensemble de son oeuvre. Ses spectacles sont produits par structure et ses textes édités en France aux Solitaires intempestifs.


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